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Registre des armes d'épaule: Justin Trudeau met le feu aux poudres
«Je ne peux pas croire et j'aimerais qu'il clarifie sa position», a réclamé Heidi Rathjen, porte-parole du groupe Polysesouvient et étudiante à l'École Polytechnique de Montréal au moment de la tragédie du 6 décembre 1989.
Québec) La déclaration controversée de Justin Trudeau à propos de l'échec du registre des armes d'épaule, selon lui, suscite de nombreuses réactions autant chez ses défenseurs que chez les politiciens fédéraux et provinciaux qui se sont battus pour son maintien. Avant de condamner les propos de M. Trudeau, le groupe Polysesouvient lui demande d'expliquer ses propos controversés sur le registre des armes d'épaule, lui qui avait pourtant voté pour son maintien.
«Je ne peux pas croire et j'aimerais qu'il clarifie sa position», demande Heidi Rathjen, porte-parole du groupe Polysesouvient et étudiante à l'École Polytchnique de Montréal au moment de la tragédie du 6 décembre 1989. «J'attends de savoir s'il est bel et bien contre l'enregistrement des armes à feu, parce que si c'est le cas, ce serait une immense trahison des valeurs québécoises et canadiennes. Ce serait aussi une trahison pour les familles des victimes.»
Le député de Papineau et candidat à la direction du Parti libéral du Canada (PLC) a fait une déclaration sur le registre des armes d'épaule aboli en avril dernier par les conservateurs, lors de son passage dans la circonscription de Glengarry-Prescott-Russel en Ontario, vendredi. «Le registre des armes d'épaule tel qu'il était fut un échec et je n'ai pas l'intention de le ressusciter», a-t-il déclaré selon ce qu'a rapporté Radio-Canada. «Je n'ai pas l'impression qu'il y a une contradiction entre le fait de garder nos villes sécuritaires tout en permettant cette facette importante de l'identité canadienne qu'est la possession d'une arme à feu», a ajouté Justin Trudeau. Il est revenu sur sa déclaration, dimanche, en disant que le registre des armes d'épaule «n'a pas eu le succès escompté» et «qu'il n'a pas l'intention de le ramener».
Justin Trudeau avait pourtant voté contre le projet de loi visant à abolir le registre. Par ailleurs, le gouvernement fédéral a porté en appel la décision de la Cour supérieure accordant le droit au gouvernement du Québec de récupérer les données provinciales du registre avant qu'il ne soit éliminé.
Heidi Rathjen a tenté de communiquer avec le personnel de Justin Trudeau sans succès dimanche. Elle s'attend aujourd'hui à une réponse de sa part «avant de condamner sa position», car elle se dit abasourdie par la déclaration du candidat à la direction du PLC. «La violence par arme à feu a baissé drastiquement depuis l'entrée en vigueur de la loi et c'est confirmé par plusieurs experts crédibles de la sécurité publique [...]», mentionne Mme Rathjen, rappelant que son regroupement n'est pas contre les armes et la chasse.
«Discours de la NRA»
La porte-parole de l'opposition en matière de justice, la néo-démocrate Françoise Boivin, ne comprend pas non plus la sortie de Justin Trudeau à ce sujet. «Je me suis demandé si nous étions aux États-Unis ou au Canada. Lorsqu'il a dit que ça faisait partie de l'identité canadienne, j'avais l'impression d'être dans un discours de la NRA [National Rifle Association], un discours que nos collègues conservateurs nous sortent à tour de bras. Il faut aller du côté de la prudence et de la sécurité publique que le contraire», souligne la députée de Gatineau.
Ne brime pas le Canada
Lorsqu'il était au pouvoir, le Parti libéral du Québec (PLQ) tenait mordicus au registre des armes à feu. L'ex-ministre de la Justice, Jean-Marc Fournier, est allé deux fois à Ottawa défendre son maintien. «Que le Canada décide de ne pas le conserver, c'est sa décision. Mais la partie que nous avons payée, celle du Québec, est-ce que l'on peut s'en servir à notre guise? En quoi ça brime le Canada de remettre le registre au Québec? Au PLQ, nous avons toujours dit que c'est une bonne idée de l'avoir et que nous pouvons le gérer à moindre coût», soutient Robert Poëti, porte-parole de l'opposition officielle en matière de sécurité publique et ex-policier de la Sûreté du Québec pendant 28 ans.
Le registre des armes d'épaule a été créé en 1995 par les libéraux de Jean Chrétien, six ans après la tuerie de l'École Polytechnique où 14 femmes ont perdu la vie.