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Buck dominant sur appâts

J'ai vécu, lors de ma dernière journée de chasse 2003, une expérience que bien peu de chasseurs ont eu la chance de vivre au cour d'une situation de chasse en forêt. Cette expérience m'a prouvée plusieurs choses.

  • Premièrement les phases lunaires influençant le peak du rut, tel que préconisé par Alain jr Madore et plusieurs autres experts, il faut y croire.
  • Deuxièmement, ça vaut la peine d'attendre jusqu'à la dernière minute de la dernière heure  pour avoir une chance de récolter le buck dominant, si c'est votre objectif.
  • Finalement, oui, il est possible, hors de tout doute, de récolter un buck dominant sur des appâts.

Ma saison de chasse à l'arme à feu qui a débutée comme tout le monde le 1er novembre, s'est déroulé comme à l'habitude : beaucoup de chevreuils sur mes appâts à tout les jours. J'ai refusé plusieurs petits bucks d'un an et demi et deux ans et demi : spikes, trois, quatre, six et même huit pointes. Par contre le deux premières  semaines de la saison ont été quelques fois assez dures du côté climat : neige, pluie, froid et surtout vents forts, donc, assez exigeant physiquement.

Ma partenaire de chasse, Lise, mon épouse, a récolté un 6 pointes très respectable, pesant 159 livres éviscéré, jeudi le 6 novembre vers 14.30 heure. Ce buck de 2.5 ou 3.5 ans, était accompagné d'un deuxième 6 pointes un peu plus petit. Ils sont venus aux appâts sur une ligne d'odeurs que j'avais faite trois heures plus tôt.

Vers la fin de la deuxième semaine, un 8 pointes est venu me visiter à quelques reprises et cédant à la fatigue de plus de 50 heures de « tree stand »,  j'ai récolté ce « 8 » samedi matin le 15 novembre vers 9.05h . C'est un chevreuil de 2.5 ans pesant 145 livres éviscéré. J'étais heureux de ma saison de chasse même si je n'avais pas atteint mon objectif du début qui était d'attendre le dominant de mon secteur.

Durant cette fin de semaine, la troisième de notre saison de quatre dans la zone 11, mon beau père, Jean, 82 ans, qui habite avec nous, remarque que les prévisions météo pour la dernière semaine s'annoncent très clémentes. Il me demande si j'accepterais de l'accompagner pour quelques après-midi de chasse s'il achetait son permis. Bien sur,  j'accepte et si tôt dit, si tôt fait. Jean achète son permis dimanche après-midi et nous voilà donc à la chasse dès lundi après-midi.

La température est très clémente et agréable tout au long de la semaine ou j'agi comme guide à mon « chum » Jean. Pas facile pour un obsédé de chasse au chevreuil comme moi de ne pas avoir d'arme n'ayant plus le permis requis. Nous observons entre 5 et 15 chevreuils par après-midi  dont trois « spike bucks », de 13.30h. à 16.30h. les lundi, mardi, jeudi, vendredi et finalement nous sommes samedi le 22 novembre 2003. C'est notre dernière session de chasse, car nous avons un engagement familial prévu pour le dimanche, dernière journée de la saison pour l'arme à feu dans la zone 11.

Nous nous installons dans le tree stand vers 12.30h. avec notre lunch. Jean est à ma gauche en ligne avec le bord de la swamp. Nous surveillons une ligne de tir principale de 90 mètres de long par 5-6 mètres de large ou j'appâte depuis le début d'octobre. La swamp, très sale, à gauche, et d'une largeur de 40 mètres est une zone de transition entre le lot de mon voisin , boisé mature, et mon lot, coupe forestière d'une vingtaine d'année.

L'après-midi se déroule selon le scénario habituel de visites sporadiques de cerfs sans bois, surtout des jeunes. Il fait très beau, pas de vent, le mercure est à 8 degrés jusqu'au coucher du soleil alors que ça tombe rapidement vers les 3-4 degrés.

Vers 15.45h. un « button buck » sort de la swamp à 60 mètres, suivi de près par sa mère, une jeune biche grisâtre. Les deux se régalent sur un tas de carottes alors qu'une grosse femelle sort avec ses deux veaux sur le petit monticule à 90 mètres. Au bout de quelques minutes la « grosse » retourne dans le bois en laissant ses deux veaux et la petite grise en fait autant, mais, accompagnée de son jeune. Les deux femelles ne démontrent aucun comportement particulier à ce moment.

Vers 16.20h, le petit en premier, la petite biche grise suivant de près,  sortent au même endroit que plus tôt et vont sur les carottes qui sont à 3 mètres de bord de la swamp. Le jeune se tasse rapidement plus loin et au même moment la grosse biche sort à son tour, tasse la plus petite et se retourne vers d'où elle vient et fixe intensément des yeux et des oreilles le fond de la swamp d'où elle vient de sortir, tel un chien pointeur.

Le soleil se couche et la clarté diminue très rapidement  dans cet environnement qui est en fait un trou dans le bois environnant. Voyant les agissements des deux biches je chuchote à mon beau-père : « Il y a un buck dans la swamp, il va sortir bientôt, j'en suis sur ».

Je surveille la scène avec mes jumelles et soudain, dans la pénombre, je vois un très gros panache penché vers l'avant qui s'avance lentement vers les femelles. Je quitte la scène des yeux et chuchote à mon partner « c'est un gros buck, tire ». Jean lève sa carabine mais semble chercher la cible. Je retourne à mes jumelles et je ne peux croire ce que je vois : le buck est monté sur une des femelles et la sailli à grand coups. Je le vois comme une feuille de 4x8 ainsi grimpé sur le dos de sa femelle. Je lâche mes jumelles et regarde Jean qui semble encore chercher le buck.

Me tournant de nouveau vers le bord de la swamp, je vois le buck au panache très large qui maintenant regarde en notre direction et, quelques secondes plus tard, en deux enjambées retourne doucement dans la swamp. Le tout, très difficile à évalué, a duré 45 secondes environ. Cette scène restera gravée à jamais dans ma mémoire. Après vérification, Jean avec son angle de vision, la noirceur grandissante et plusieurs  branches, ne pouvait que très difficilement voir la cible pourtant très grosse.

Impossible pour moi de dire le nombre de pointes, mais il y en avait plusieurs. Ce que je me rappelle le plus c'est la grosseur des merrains, la masse imposante du panache et la largeur dépassant les  20 pouces du « boss » du coin. Je peux affirmer que si, personnellement, j'avais été en situation de chasse, mes chances de récolter ce monstre aurait été excellente étant donné la meilleure perspective que j'avais sur la scène.

Il semble que bien peu de chasseurs aient eu l'occasion d'assister à une scène d'accouplement de chevreuils en situation de chasse. J'ai vérifié auprès de Jacques Monette, propriétaire de la Ferme Monette, et celui-ci me confirme que l'accouplement des chevreuils dure environ de 10 à 15 secondes et que les femelles vraiment en oestrus accepte le buck sans esquives tel que je l'ai vu.

En conclusion, lorsque l'on se fixe des objectifs élevés, le doute, la température, le temps, la fatigue et plusieurs autres facteurs peuvent miner ceux-ci. La scène à laquelle j'ai eu le privilège d'assister m'a redonnée toute la motivation requise pour l'an prochain : je vais récolter le dominant de mon territoire ou je serai bredouille.

Tel qu'énoncé au début, le peak du rut chevauchait le 22 novembre tel que le tableau d'Alain jr Madore le démontrait, la dernière minute est aussi importante que la première minute du matin de l'ouverture et finalement la méthode d'attirer les femelles en oestrus sur appâts peut porter fruit par la récolte d'un gros buck dominant, je peux en témoigner sans équivoque.

J'ai déjà hâte. C'est ce qui fait de la chasse le merveilleux sport qu'il est.

Bonne chasse!

Michel Turenne


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