Le Canada, le Nunavut et la Qikiqtani Inuit Association se sont entendus sur les limites définitives de la plus grande aire marine nationale de conservation du Canada, située dans Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster, dans le Nord du Canada
POND INLET, NU, le 14 août 2017 /CNW/ - Vaste étendue constituée d'un océan et de territoires vierges, le Nord du Canada fait partie des territoires ancestraux inuits depuis des temps immémoriaux. Il abrite également une importante population de baleines, d'ours polaires et d'oiseaux migrateurs. Les changements climatiques et l'activité humaine affectent le paysage et le mode de vie traditionnel des communautés de l'Arctique, et il est du devoir de l'humanité de les protéger.
Aujourd'hui, Catherine McKenna, ministre de l'Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de Parcs Canada, accompagnée de Joe Savikataaq, ministre de l'Environnement du Nunavut, et de M. P.J. Akeeagok, président de la Qikiqtani Inuit Association, a annoncé une entente sur les limites définitives d'une aire marine nationale de conservation (AMNC) dans Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster.
Une section de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster équivalant à deux fois la superficie de la Nouvelle-Écosse sera ainsi protégée, ce qui en fait l'aire marine de conservation la plus grande du Canada.
L'annonce faite en ce jour constitue le point culminant de plusieurs années d'un travail acharné accompli par les Inuits du Nunavut et les différents paliers de gouvernement. En partenariat avec la Qikiqtani Inuit Association et le gouvernement du Nunavut, le gouvernement du Canada franchit donc une étape essentielle qui permettra de créer un patrimoine à léguer aux générations futures. La protection de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster à titre d'aire marine nationale de conservation constitue un modèle de collaboration et une réalisation conjointe. Cet accord lance le processus de négociation d'une entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuits (ERAI) qui permettra de conférer des avantages à long terme aux Inuits, qui sont profondément enracinés dans la région. L'entente confirme également un moratoire sur toute activité future de prospection et de développement pétroliers et gaziers au large des côtes.
Cette aire de conservation va protéger le droit de récolte garanti aux Inuits en vertu de l'Accord du Nunavut, et assurer la protection des espèces en péril.
Le gouvernement du Canada est déterminé à agrandir son réseau d'aires protégées et à protéger la biodiversité du pays. Avec les limites sur lesquelles les parties se sont entendues, Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster contribue à hauteur d'environ deux pour cent, pour le moment, à l'objectif du gouvernement du Canada de protéger cinq pour cent des aires marines du Canada d'ici 2017. À la signature de l'entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuits, cette aire de conservation contribuera de manière non négligeable aux engagements internationaux pris par le Canada dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique.
Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster regorge de vie. Les eaux arctiques froides abritent des oiseaux, des poissons et des baleines, formant ainsi un écosystème unique au monde et absolument fascinant qui nourrit les Inuits depuis des milliers d'années. C'est une région dans laquelle le dynamisme culturel et le bien-être des Inuits sont étroitement liés à la terre et à la mer.
L'annonce d'aujourd'hui constitue une étape importante et décisive sur la voie de la protection de cette région pour les générations futures.
Citations
« La protection de cette région est une mesure essentielle. À l'image de ce qui se passe dans le reste de l'Arctique, la région est menacée par les changements climatiques. La hausse des températures et la fonte des banquises réduisent le territoire de la faune et mettent en danger les espèces marines vulnérables. Les Inuits qui, pendant des millénaires, ont dépendu de ces espèces afin de se nourrir, de se vêtir et de bâtir leurs habitations, voient leur mode de subsistance et leur futur menacés.
En protégeant dès aujourd'hui Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster, nous contribuons à préserver un riche héritage pour l'avenir. Nous créons un tampon de protection contre les dangers des changements climatiques et contre les facteurs de stress générés par l'empiètement des activités humaines. Nous mettons en oeuvre un plan intégré rationnel qui va garantir le maintien de la biodiversité et des modes de vie traditionnels. »
L'honorable Catherine McKenna
Ministre de l'Environnement et du Changement climatique et ministre responsable de Parcs Canada
« Notre gouvernement s'engage à protéger 5 % de nos aires marines d'ici la fin de l'année et 10 % d'ici 2020; cette aire marine nationale de conservation constitue un pas de géant dans l'atteinte de nos objectifs. Nous mettons également en oeuvre le Plan de protection des océans, un investissement historique de 1,5-milliard de dollars qui contribue à la protection et à la propreté des océans. Dans le cadre de ce plan, nous agrandissons la Garde côtière auxiliaire dans l'Arctique, particulièrement avec la participation des Autochtones. Nous avons très hâte de poursuivre les consultations sur ce projet important, ce qui nous permettra d'accroître les mesures d'intervention en cas d'urgence dans l'Arctique et de fournir aux communautés autochtones des occasions pertinentes de protéger leurs aires marines pour les générations futures. »
L'honorable Dominic LeBlanc
C.P., c.r., député, ministère des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne
« La désignation de cette aire protégée est un accomplissement important pour les Nunavummiuts, qui mérite d'être célébré. Les Inuits ont toujours été guidés par la valeur sociétale de l'Avatittinnik Kamatsiarniq, qui recommande de respecter et de prendre soin de la terre, des animaux et de l'environnement. Nous sommes les intendants de nos ressources, et à ce titre, il nous revient de trouver l'équilibre entre le développement responsable de ces ressources et la protection et l'entretien de la terre et de la vie qu'elle nourrit. C'est un honneur pour moi que de faire partie de cet important pas de géant que nous faisons ensemble. »
L'honorable Joe Savikataaq
Ministre de l'Environnement du Nunavut
« Aujourd'hui est une journée importante pour les Inuits, en raison de la signification profonde de Tallurutiup Imanga pour nos communautés. Il s'agit du coeur où la culture bat son plein, dont les eaux foisonnantes de vie marine assurent la subsistance des Inuits depuis des temps immémoriaux. Depuis près de cinq décennies, les Inuits déploient des efforts considérables pour faire en sorte que ces incroyables ressources continuent de répondre aux besoins de notre culture, de préserver nos modes de vie traditionnels et d'assurer notre survie. La mise en place de l'entente sur les répercussions et les avantages pour les Inuits va permettre aux Inuits de la région de continuer d'exploiter cette aire marine ainsi que de croître et de prospérer dans le futur. »
P.J. Akeeagok,
Président de la Qikiqtani Inuit Association
Les faits en bref
Document connexe
FICHE D'INFORMATION
Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster
Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster constitue l'entrée est du passage du Nord-Ouest, le couloir légendaire permettant de traverser l'archipel arctique du Canada. Il s'agit d'un important territoire de chasse et d'une région dans laquelle le dynamisme culturel et le bien-être des Inuits sont étroitement liés à la terre et à la mer. Riche d'une vie marine très diversifiée, ce secteur abrite de nombreuses espèces essentielles au maintien du mode de vie des Inuits.
La région de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster s'avère très importante sur le plan écologique pour les mammifères marins qui y vivent, parmi lesquels figurent des phoques, des narvals, des bélugas et des baleines boréales, ainsi que des morses et des ours polaires. Y nichent également certaines des plus grandes colonies de reproduction d'oiseaux de mer en Arctique, formant une population totale de plusieurs centaines de milliers d'individus.
Plusieurs fjords longent les côtes de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster et les voies navigables adjacentes, tandis que des glaciers de marée atteignent l'océan le long de la côte nord-est. Du fait de l'océanographie dynamique de la région, certaines zones de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster demeurent relativement dépourvues de glace tout au long de l'année, fournissant ainsi un habitat essentiel à de grandes concentrations d'oiseaux et de mammifères et une aire d'alimentation essentielle lorsque l'accès aux eaux gelées à l'ouest est impossible.
L'occupation humaine et l'utilisation de la région de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster remontent à plusieurs milliers d'années, jusqu'aux cultures Dorset et Thulé qui ont précédé les Inuits qui peuplent à présent cette région. L'exploration par les Européens en vue de découvrir le passage du Nord-Ouest a donné lieu à plusieurs expéditions dans la région, notamment la légendaire expédition de Franklin. Le long des côtes de la région, plusieurs endroits comportent encore des vestiges de postes de traite et de chasse à la baleine.
Alors que les changements climatiques se poursuivent et que la perspective d'un trafic maritime ininterrompu tout au long de l'année dans le passage du Nord-Ouest devient de plus en plus probable, il importe de prendre des mesures pour protéger cette région importante et diversifiée de l'Arctique canadien en tant qu'aire marine nationale de conservation.
Historique des limites de l'aire marine nationale de conservation de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster
L'idée de protéger les valeurs internationales, nationales et régionales de Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster est un thème récurrent depuis la fin des années 1970. C'est en 2009 que le travail a véritablement commencé, lorsqu'une entente fédérale-territoriale-inuite a donné le coup d'envoi à une étude conjointe visant à déterminer s'il serait souhaitable et possible de créer une aire marine nationale de conservation dans Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster. Ce travail a été effectué sous la houlette d'un comité directeur rassemblant Parcs Canada, le gouvernement du Nunavut et la Qikiqtani Inuit Association.
Il s'ensuivit plusieurs années d'études et de consultations. Les responsables ont recueilli des renseignements sur les valeurs écologiques, les possibilités de développement touristique, les pêches, le transport maritime et les ressources potentielles en hydrocarbures. Combiné aux connaissances scientifiques, le recours à l'Inuit Qaujimajatuqangit (le savoir traditionnel inuit) a permis d'acquérir une meilleure compréhension de l'utilisation et de la valeur de la région. Des consultations ont été menées au sein des cinq communautés adjacentes à l'aire marine nationale de conservation proposée et l'avis des intervenants régionaux et nationaux, y compris l'industrie et les organismes non gouvernementaux, a été sollicité.
Les gouvernements du Canada et du Nunavut et la Qikiqtani Inuit Association ont décidé des limites de l'aire marine nationale de conservation proposée dans Tallurutiup Imanga/détroit de Lancaster en se basant sur les résultats des consultations et des études ainsi que sur le travail et les recommandations du comité directeur.
Aires marines nationales de conservation
Les aires marines nationales de conservation sont des aires marines protégées gérées dans une optique de durabilité écologique, et qui sont créées en vertu de la Loi sur les aires marines nationales de conservation du Canada. Elles comprennent le fond marin, l'eau au-dessus, et peuvent également inclure les terres humides, les estuaires, les îles et les autres terres côtières.
Les aires marines nationales de conservation sont axées sur la durabilité écologique, c'est-à-dire l'harmonisation des pratiques de conservation avec les activités humaines telles que la pêche, le transport maritime et les loisirs. Le déversement des déchets, l'exploitation minière, la prospection et l'exploitation pétrolières et gazières sont formellement interdits dans l'ensemble de ces régions particulières.
Cette approche exige une étroite collaboration avec les autres utilisateurs des terres, des eaux et des ressources biologiques afin d'atteindre des objectifs communs, et plus important encore, un écosystème durable et vigoureux.
Liens connexes
SOURCE Parcs Canada