Salut LANGEVIN,
Tout d’abord, merci pour tes nombreuses interventions. Je ne suis pas toujours en ligne avec ta pensée et tes arguments, mais tu as le mérite de présenter une opinion qui nous force à réfléchir dans une perspective différente.
J’ai trouvé ta comparaison avec une agence de voyages intéressante, mais incomplète. Je t’en propose une autre, et mon raisonnement est le suivant.
Pour reprendre ton exemple, et sans trop titiller sur les détails, s’il se produit des conditions particulières qui impact la destination ou tu comptes aller, ça se retrouve assez rapidement dans les journaux, internet, les sites de voyages, les agences de voyages, les blogs spécialisés en voyage, etc. Bref, l’information est disponible. Et en tant que consommateur tu ne peux pas prétendre ne pas le savoir. La décision t’appartient d’y aller ou pas (si ton forfait n’est pas encore acheté). Si ton forfait est acheté, c’est une autre histoire. L’ouragan Irma est un bon exemple. Il a dévasté de nombreux pays dans les Caraïbes. Prends par exemple Saint-Martin. Vu la gravité des dégâts, cette destination soleil ne sera certainement pas celle de choix pour la prochaine saison d’hiver. Ça, c’est un extrême tu diras. Mais à l’autre extrême, quand un hôtel fait l’entretient de la piscine ou n’a pas encore fini de rénover les chambres, il se peut que tu te retrouves sans piscine ou dans une chambre vétuste. Mais ceci est, encore une fois, une situation ou l’information est disponible. Il faut seulement savoir où chercher et à qui parler.
Mais revenons à Anticosti.
Au lieu de comparer avec le monde du voyage, je t’emmène dans le monde du jeu et des loteries. À la base, on s’entend pour dire que ce sont des jeux de hasard. Si tu ne comprends pas que tout ceci est basé sur les lois de la probabilité, hé bien tu risques fort de perdre ton argent et être pas mal déçu. Si tu comprends que c’est une prise de risque, hé bien tu ne peux pas être déçu du résultat. Tu savais à l’avance qu’il y avait une part de risque dans l’aventure. La différence entre ceux qui ont les moyens et ceux qui ne les ont pas c’est que les premiers ne seront pas trop dérangés par un résultat négatif.
Pour moi, réserver un forfait de chasse à l’île, c’est (un peu) comme prendre la décision d’aller jouer au casino. Bon, la différence c’est qu’au Casino il y a toujours de la place et que le nombre de machines reste assez constant. Mais ne retiens pas ce détail. Les deux activités (chasse et jeu) ont une forte part de probabilité. Au casino, le nombre de combinaison possible est fixe par machine. À l’île, selon moi, c’est un petit peut plus compliqué. Il y a de nombreux paramètres à considérer autant lors du séjour (date, météo, température, lune, cheptel, technique de chasse, état mental et physique du chasseur, expérience du chasseur, connaissance du territoire, conseils du guide, agilité au tir, etc.) que pendant toute l’année avant le séjour (météo, nourriture, naissances et mortalités, état et survie du cheptel, et autres).
Prenons donc le cas d’un chasseur qui économise pendant de nombreuses années avant de pouvoir se payer un voyage à l’île. Il a fait des sacrifices et espère que son voyage sera un succès, c’est-à-dire qu’il verra beaucoup de chevreuil et aura la possibilité de revenir avec de beaux souvenirs et (certainement aussi) avec deux beaux gros chevreuils. Ou du moins, en voir assez pour lui donner la chance de tirer sur quelques bucks de rêve.
Dans ce cas, la grande question est de savoir quand la probabilité de succès sera au-dessus d’un certain seuil pour que l’argent dépensé en veille la peine ? La situation est spécifique à chaque chasseur. Tu veux des souvenirs ? Tu veux un bon moment avec ton groupe ? Tu veux de la belle viande bio ? Tu veux enfin pouvoir récolter de beaux bucks ? Le buck de tes rêves ? Ce n’est pas évident, et on ne peut surtout pas généraliser.
Le grand défi, selon moi, avec Anticosti, c’est que pour éclairer ceux et celles qui hésitent à y aller pour toutes sortes de raisons valables. Ça peut représenter beaucoup d’argent et ils désirent avoir un bon niveau de certitude quant aux résultats. Alors ça requiert pas mal d’éléments dont on n’a pas vraiment le contrôle ou la connaissance (ou la volonté d’avoir la connaissance, ou de vouloir ou pouvoir donner l’heure juste
).
Je n’ai malheureusement pas de réponse à cette excellente question que tu poses souvent LANGEVIN. Et je ne connais pas non plus personne qui possède la réponse. La nature est cyclique et nous semblons être dans un creux en ce moment à Anticosti. J’ai confiance que ça va remonter et qu’il y aura de belles années, mais quand ? J’aimerais bien le savoir… Si jamais je me retrouvais aujourd'hui
dans la peau d'une personne qui hésite à y aller en 2018 pour des raisons économiques, à la vue des informations connues à cette date sur la saison 2017, je ne bougerais pas pour l'instant et prendrais la chance d'attendre de voir comment l'hiver (et surtout le printemps) va se dérouler.
Un long détour pour dire que, finalement, réserver une semaine de chasse à Anticosti une année à l’avance c’est un peu jouer à la loterie. Il y en a qui peuvent se le permettre sans faire de gros trous dans leur portefeuille. Pour les autres, j’avoue que c’est vraiment compliqué de prendre une décision et d’avoir un bon niveau de certitude sur les résultats tant espérés.
Honnêtement, je suis convaincu que le fameux 166,000 chevreuils dont il a été fait mention dans le passé est loin derrière nous. Il ne faut pas faire l’autruche et se mettre la tête dans le sable. Mais quels « nouveaux » moyens peuvent être utilisés pour avoir l’heure juste sur le cheptel ? On entend que l’utilisation de relevés aériens est couteuse, mais il existe de nouveaux moyens technologiques comme les drones qui m’apparaissent applicables. Le problème, selon moi, c’est que le MFFP ne semble pas très pressé d’aller de l’avant avec ce dossier. D’autant plus que la SEPAQ semble avoir eu une année (2017) où la grille de disponibilité était assez bien remplie. Maintenant, si vous regardez la grille 2018, c’est plutôt l’inverse pour les mois de septembre et octobre. Il y a plusieurs dates disponibles à travers tous les types de séjours, surtout au niveau des séjours guidés en plan américain.
En terminant, prenez le temps d’aller voir dans le plan de gestion du cerf 2010-2017, page 502. Vous trouverez une petite mine d’informations sur la zone 20 (Anticosti). Entre autres les inventaires aériens, le niveau des observations faites par les chasseurs, les densités de cerfs estimés et attendus en 2017, etc. La saison de chasse 2017, semble à peu de chose près être au niveau de la saison 2003.
http://mffp.gouv.qc.ca/faune/chasse/pdf/plan-gestion-cerf-2010-17.pdfAffaire à suivre …