Au printemps 2014, j'ai eu la permission de chasser loups et coyotes sur une propriété de 400 acres à Boileau, 30 km au nord de Montebello. Lors de ma journée de reconnaissance du territoire, je me suis rendu compte que cet endroit offrait un bon potentiel pour environ 7 à 10 stands dans une journée, dépendant de l'orientation du vent. Le terrain contient de grands espaces ouverts et en reboisement, bordant des étendues de forêt mixtes, avec en prime une belle montagne de bois franc.
Il y a une dizaine de jour, le proprio m'a fait parvenir une photo d'un superbe loup récolté par des chasseurs de chevreuils sur ses terres au mois de novembre.
Pas besoin de dire que ça m'en prenait moins que ça pour me crinquer solide !!
J'ai alors demandé à un de mes copains maniaque de chasse de m'accompagner, en lui offrant de l'initier à la chasse aux prédateurs à l'appel. Pas eu besoin de me mettre à genoux...
Pour lundi, on annonçait -5, petite neige, peu de vent. En somme, l'idéal pour 2 gars de + 60...Il faut bien se ménager...
Donc lundi, levée des corps à 3h15, direction Outaouais. Arrivé sur place, on doit marcher une bonne heure pour se rendre aux grandes pièces ouvertes. On doit marcher dans une neige de 10-12" d'épaisseur, par-dessus une petite couche de glace. C'est la noirceur et le silence complet. Chemin faisant, on remarque une piste que j'identifie comme étant celle d'un loup ou d'un gros coyote. Difficile à dire avec cette neige folle, en plus de celle qui tombe dans les pistes pendant notre trajet. Mais on constate rien de plus. Suis quelque peu déçu. Je m'attendais à plus...
Arrivé à la première grande pièce, on attend que le soleil se lève. Il se lève péniblement, la neige tombant encore plus. Mais c'est magique, il n'y a pas de vent, les paysages sont superbes. Quelle chance de vivre ces moments !
Pendant les 3 prochaines heures, on réussit à effectuer 6 stands, avec comme résultat, oh déception, pas d'âme qui vive, rien qui bouge, nada, en somme "que dalle" comme disent nos cousins Français...On décide de se rabattre et de se consoler sur nos sandwichs et Louis en profite pour faire de la publicité :
Je propose à mon copain de continuer en essayant le seul spot potentiellement intéressant dans la montagne de bois franc. Le site se trouve à mi-hauteur environ. Il me demande, l'air un peu inquiet, si c'est loin....Je répond évidemment non...
On entreprend la montée et le trajet est féerique, mais la visibilité est ordinaire...Peu importe, on continue, c'est tellement beau. Louis suit la langue un peu pendante, mais il est tout de même déterminé et enthousiaste. Voici le décor :
Arrivé au spot, je place Louis en haut d'un ravin qui monte à flanc de montagne et je vais me placer de l'autre côté, mais avec une vue quelque peu différente. Je place le Foxpro un peu entre nous, à quelques 30 mètres en avant de nous. Le vent est nul, c'est toujours le silence complet et on se croirait dans une boule de ouate. Je pars le call avec un enchaînement de détresse de 40 secondes de Baby Cottontail-Cottontail-Snowshoe. Le son porte, brise le silence et c'est impressionnant. On dirait vraiment un lièvre qui agonise.
Deux minutes plus tard, j'entends un léger craquement, un peu derrière moi. Je me retourne, scrute, mais ne voit rien qui bouge. Je relâche mon attention en me disant que c'est peut-être une branche qui craque sous le poids de la neige. Je retourne donc réfléchir à mes vieux péchés, c'est pas ça qui manque et je m'en réjouis...
Une autre minute passe et soudainement j'aperçois à ma droite, un peu en bas et derrière moi, une ombre qui se déplace rapidement sans bruit vers le call. Je réalise soudain que c'est un loup ou un très gros coyote. Pas le temps d'en faire l'analyse plus poussée...Ni une, ni deux, je mets en joue et...je ne vois plus rien ! Merde, mes protecteurs de lentilles de mon scope sont encore dessus ! J'enlève rapidement la capote, réaligne la 308 et il me reste pas plus qu'une ou deux secondes pour faire feu avant qu'il ne disparaisse dans le décor. Je le suis une seconde dans le scope et je fais feu au dernier instant disponible. Bang ! Il tombe à la renverse et s'éteint à cet endroit, au centre de la photo :
Le tout s'est déroulé sur un laps de temps d'à peine 6-7 secondes en tout. Même pas eu le temps de faire une montée d'adrénaline...Que du réflexe...Je repars immédiatement le Foxpro avec le cri de détresse du coyote, mais sans résultat, plus rien ne vient. Faut dire qu'avec la détonation d'une 308...
Louis vient me rejoindre, top là ! et on descend voir la bête. C'est finalement un gros mâle coywolf (Coyote de l'Est ) :
J'étais super content mais un peu déçu que ce ne soit pas un loup, mais bon, c'est quand même une première pour moi à la chasse à l'appel. J'ai pris de nombreux coyotes, mais toujours piégés.
Vive certaines journées d'hiver au Québec !!!
Je vous souhaite de vivre une journée pareille !
PC00STRESS