À priori, ça ne me semble pas une superficie extrême. Ce vidéo a déjà été vu ici sur le forum et dans le temps on parlait qu'il avait été fait au NB. Mais bon, la provenance d'une photo ou vidéo sur les forum, c'est jamais bien bien fiable...
La Loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune et le règlement qui en découle ne s'appliquent pas sur terre privée. C'est par ces deux outils législatifs que la protection et l'aménagement des ravages sont régient sur terres publiques. Donc, comme ça s'applique pas sur terre privée, un propriétaire peut bûcher complètement un secteur utilisé comme ravage sans risquer de sanction. Bien entendu, s'il fait affaire avec un groupement forestier (donc soumis aux règlements de l'Agence forestière de sa région), il doit respecter le PPMV local (plan de protection et de mise en valeur). Les PPMV reprennent l'ensemble des lois et règlements qui s'appliquent en forêt privée (municipales, provinciales, etc..) et reprennent les grands principes de protection des ressources et généralement il y a des dispositions concernant les ravages de cerf (ex.: déboisement maximum de x par année). De plus, les PPMV peuvent être plus restrictifs encore en autant que les éléments supplémentaires fassent concensus régional.
Donc, la gestion des ravages en terre privée, malgré ce qui précède, reste pas mal lié à l'intérêt du propriétaire.
La coupe en tant que telle n'est pas un problème pour le chevreuil l'hiver si elle est faite de manière adéquate (bon endroit au bon moment tout en conservant un niveau d'abri suffisant). Par niveau d,abri suffisant, il faut prendre conscience que les besoins du chevreuil en abri ne sont pas les mêmes au Bas-Saint-Laurent qu'en Estrie par exemple. Ainsi, au BSL, plus de 50% de la superficie en abri est nécessaire (parfois même un 60-70% selon l'historique d'enneigement) alors qu'en Estrie il peut être aussi bas que 25-30% en raison d'un enneignement moindre. L'abri doit idéalement être entrecoupé de peuplements de nourriture (copmportant de la bouffe de moins de 2,5 m de haut) pour minimiser les déplacements et maximiser l'utilisation des surfaces.
À ce niveau, la diversification des peuplements entreprises par Walterkilo est une bonne chose. Sa cédrière particulièrement est un abri de premier ordre. Créer des trouvées à l'intérieur devrait la rendre à terme encore plus attrayante pour peu qu'il y pousse quelque chose de mangeable (de l'aulne c'est pas bon mais du cornouiller, du sapin et du cèdre.. c'est très bien). Les pinèdes en général ne donnent pas beaucoup de couvert latéral contre le froid et sont utilisées le plus souvent pour le déplacement. Mais ça dépend de l'enneignement et ce qu'il y a autour. Une pinède dans un secteur feuillu pas trop enneigné sera très utilisé alors que la même pinède près d'une grande cédrière dans un coin enneigé le sera beaucoup moins (couvert de déplacement). Encore là une stratégie de diversification ou ouverture du couvert pour faire croître un couvert bas ne peut qu'améliorer son utilisatiobn.. reste que les pinèdes et ses aiguilles au sol ne favorisent pas beaucoup la régénération (propriété allélopathique.. faire une recherche sur google pour en savoir plus).
Enfin, toute cette question d'aménagement de ravage ou non-aménagement est teinté par notre culture personnelle. Je suis forestier et j'ai vu les bienfaits d'un aménagement raisonné sur le chevreuil, tout comme les mauvais côtés d'un aménagement non planifié. À un autre ingénieur forestier qui me demandait quel est la différence réelle en terme de résultats sur la faune entre un aménagement à petites surfaces comme cela se fait en forêt privée (moyenne de 2,5 ha de surface) et un autre aménagement à petite surface mais planifié (il trouvait coûteux en temps d'ajouter la faune dans les préoccupations et la planif). ... son hypothèse était que l'aménagement à petite surface faisait déjà la job... je lui ai répondu simplement que son aménagement forestier tenait du hasard. Bien entendu, entre faire des petites surfaces et des grandes, il y a un gain faunique à faire des petites. Mais si on prend des espèces précises (les plus populaires auprès des privés qui veulent aménager pour la faune sont bien entendu le cerf et la gélinotte), c'est le hasard qui agit! Des fois ils tombent pile (bon endroit au bon moment, bonne superficie) mais parfois c'est neutre (pas d'amélioration) et souvent c'est mauvais (pas bon moment, pas bon endroit). Un aménagement réfléchit pour la faune tombe toujours ou presque au bon moment et au bon endroit.
Concernant le précom.. il s'est dit beaucoup de choses. J'ai longtemps été de ceux qui ne voulait pas en faire car ça enlève beaucoup d'habitat. C'est certain que pour le lièvre et la perdrix ça a un impact direct et drastique. Lorsque je suis devenu propriétaire d'une terre, j'ai dû faire des travaux de dégagement de plantation tardifs qui s'apparentaient à du précom. J'ai conservé le plus de fruitiers que je pouvais et des spots de broussailles là où j'avais pas de plants. Et bien c'est endroits ont par la suite vu apparaître de la bouffe en grande quantité et en grande qualité. Comme j'ai pas beaucoup de chevreuil et d'orignal dans mon coin j'ai pas vu explosion du nombre mais une très bonne augmentation de fréquentation par les bêtes présentes. J'ai un spot de jeune résineux qui était prêt depuis longtemps pour le précom et je m'étais dit que je le ferait pas pour conserver un spot faunique. Sauf qu'en voyant les résultats dans la plantation, j'ai entrepris de le faire l'été dernier et déjà je vois une augmentation de fréquentation par la grande faune... je trouvais du crottin le lendemain.... Et en passant, le lièvre et la perdrix sont revenus en force dans la plantation car le couvert s'est reconstitué rapidement en laissant le temps à mes plants de débourrer.
Donc, si on me demande ce que je pense du précom... je vais répondre que c'est excellent pour créer une repousse de nourriture pour la grande faune et que la petite faune revient en dedans de 2-3 ans selon la productivité végétale du site. Ce qui veut dire que si vous visez la grande faune.. faites vos précom! Sio vous voulez conserver du petit gibier... faites la moitié et attendez 3 à 5 ans pour faire l'autre moitié (selon la croissance de la repousse et selon le stade de développement de votre peuplement à passer au précom.
Il y en aurait encore long à dire mais je privilégie l'intervention réfléchie et surtout pas la non-intervention.. bien entendu, il y a des moments pour intervenir et si vous avez en masse de nourriture et d'abri, il n'y a pas d'urgence. Si c'est homogène, vous avez avantage à diversifier un peu. Si c'est uniquement de la bouffe, vous avez avantage à augmenter votre abri en accélérant la croissance par des interventions.. comme le précom!.. mais sans laisser trop clair.. Bref, réfléchissez.
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