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Myriam Ségal

Mardi, 31 mars 2015 22:28

MISE à JOUR Mardi, 31 mars 2015 22:28











Le Québec ne deviendra pas le Far West parce que les conservateurs peuvent légalement détruire le registre des armes d’épaule. Il y a maintenant huit ans qu’on ne le tient plus à jour. Et il n’y a pas eu d’hécatombe par les fusils de chasse. Chaque recrudescence des drames par armes à feu coïncide avec une guerre entre bandits, avec des armes prohibées, en ville surtout: rien à voir avec les armes d’épaule.


Le lobby des victimes de polytechnique joue habilement sur l’émotion et la culpabilité, et tétanise tous les partis.


Sans voix


Les chasseurs du Québec n’ont toujours pas de voix. Quand Ottawa a créé le registre, ni le Bloc, ni le NPD, ni le Parti libéral ne voulaient les entendre; ils ont dû se rabattre sur le dogmatique et anglophone Reform Party. Certains députés de régions se sont lâchement éclipsés aux toilettes aux moments cruciaux pour ne pas choisir entre leurs électeurs ou leur parti. De même, aujourd’hui, aucun parti provincial ne veut entendre les chasseurs et n’ose prendre la posture raisonnable: dans un contexte d’austérité, ce registre inutile représente un luxe, l’achat futile d’une illusion de sécurité.


Même sans le registre, les propriétaires d’armes à feu sont fichés et font l’objet d’enquêtes. L’armurier note le numéro de série de l’arme achetée et celui du permis de possession de l’acquéreur. Pour obtenir ce permis, ce dernier doit suivre deux cours de maniement et de sécurité: le provincial et le fédéral. Il obtient ainsi le certificat du chasseur, qui lui permet de faire une demande de permis de possession et acquisition. Les policiers enquêtent avant de l’émettre, et à chaque renouvellement, tous les 5 ans, revérifient les antécédents. Entre le moment où un quidam honnête décide de s’acheter une arme de chasse et celui où il peut le faire, il se passe facilement trois mois. Cela ne peut jamais être impulsif, instantané.


30 millions, mon œil !


De plus, on n’a pas les moyens de rééditer le cafouillage qui a coûté presque 2 milliards de dollars au fédéral. Zéro crédibilité pour le chiffre de 30 millions de $ avancé par la ministre Lise Thériault! Il y a 3 ans, son prédécesseur libéral parlait déjà de 35 millions $. Le fédéral aussi, il y a 20 ans, nous a fait le gag: 2 millions, qu’il disait! En avançant des chiffres si bas, on fait croire au public que seuls les méchants chasseurs paieront... Mais Le Journal l’a souvent démontré: quand l’État s’informatise, il grossit, les compagnies s’empiffrent, les coûts explosent et le public paie.


Déjà, la saga juridique représente un gaspillage éhonté. Une victoire nous obligeait à vérifier toutes les données une à une, et nous condamnait à amarrer la technologie provinciale au foutoir fédéral.


Un registre dont on se prive sans gâchis depuis huit ans ne peut pas être plus essentiel que la santé, l’éducation dans lesquelles on coupe actuellement. Ne fut-ce que pour nous convaincre de sa rigueur, le gouvernement doit renoncer à rouvrir cette boîte de Pandore!




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