
Photo d'archive
Les marchands d’armes des États-Unis, comme Tom Rompel en Arizona, ont fait des affaires d’or encore cette année.Il y a un an, les Américains entamaient une longue conversation sur leur singulière relation avec les armes à feu. Pas facile ni tentant, mais il faut essayer de se replacer dans l’état d’esprit qui animait un
peu tout le monde au matin du 15 décembre 2012. Nous avions, au fil des ans, pris l’habitude des cauchemars de violence et de tuerie. Mais pas à ce point.
Rien ne pouvait égaler le massacre d’enfants de six et sept ans dans leurs classes d’école. Aussitôt, presque à l’unisson, des appels à un meilleur contrôle, une plus grande surveillance, un encadrement accru des armes et de leurs propriétaires résonnaient partout au pays. Résultat, douze mois plus tard? Pratiquement rien.
CENTAINES DE PROJETSPar centaines des projets de loi pour restreindre l’accès aux armes à feu ont été déposés dans les Parlements des États. À Washington, le président Obama mobilisait ses plus solides alliés au Congrès avec l’intention de faire adopter des lois plus sévères sur les fusils d’assaut, la capacité des chargeurs et la vérification des antécédents des acheteurs d’armes.
Des semaines de débats déchirants, auxquels ont notamment pris part les parents accablés de Newtown, n’ont finalement abouti à rien. Les derniers espoirs ont été étouffés par le Sénat américain qui, en avril, a rejeté les dernières tentatives de mettre un peu d’ordre dans la pagaille du commerce des armes aux États-Unis.
POURSUITE DU CARNAGEEntre-temps, le carnage s’est poursuivi. Les experts évaluent que, depuis ce triste 14 décembre 2012, plus de 33 000 personnes ont perdu la vie à cause d’une arme à feu, dont près de 200 enfants de moins de 12 ans. L’humeur générale des Américains s’est apaisée – si on peut dire – et, de plus de 70 % en début d’année, l’appui à un contrôle plus serré des armes à feu n’est plus qu’à 52 %.
Cyniquement, ce sont les fabricants d’armes qui ont le mieux fait, cette année. Les investisseurs – sans trop de scrupules – qui ont acheté des actions de Smith & Wesson au lendemain de la tuerie à l’école Sandy Hook ont empoché des profits de 60 %. Les actions de Sturm, Ruger, un autre grand fabricant d’armes, ont bondi, elles, de 80 %. Remington, c’est simple, avoue ne pas pouvoir «produire ses armes assez vite tant la demande est forte». En arriver là, un an plus tard, après vingt enfants massacrés, c’est affligeant.
Toujours plus d'armes, et de morts- Dans le texas,en arizona ,au nevada, même dans le Maine, il est plus facile de se procurer une arme a feu aujourd'hui qu'avant le massacre de l"école Sandy Hook.
- Au moins 28 fussilandes sont survenues dans les écoles améraicaines depuis Newtown, c'est-à-dire au moins une toutes les deux semaines.
- 194 enfants de moins de 12 ans ont été tuées avec une arme a feu pendant ce temps.
- Au total, plus de 900 mineurs ont ainsi perdu la vie, l'immense majorité abbatue par un membre de la famille ou une connaissance.
- 1.6 millions$ = ce qu'ont dépense les groupes en faveur d'un plus grand contrôle des armes.
- 6,2 millions$= ce que le lobby des armes à feu a dépansé au cours de 2013.
RICHARD LATENDRESSE @
JOURNAL DE MONTRÉAL, PUBLIÉ LE: SAMEDI 14 DÉCEMBRE 2013, 22H00 | MISE À JOUR: DIMANCHE 15 DÉCEMBRE 2013, 1H01