Il est de ces dossiers parfois si odieux que l’on a le goût d’intervenir sans pour autant savoir par où commencer. C’est le cas de la récente décision des conservateurs canadiens en ce qui a trait au registre des armes à feu. Il s’agit de l’abolir et d’en détruire à tout jamais le contenu. Tributaire de 39,6 % des voix exprimées le 2 mai dernier, cette alliance de droite qui partage les credo antigouvernementaux de la mouvance fondamentaliste du Bible Belt américain entend imposer « ad mare usque ad mare » sa vision idéologique.

Plus que le symbole des filles abattues à l’École Polytechnique, le registre est un outil qui a coûté près de 2 milliards $ aux contribuables et qui est utilisé quotidiennement par les flics québécois malgré le fait que les conservateurs en ont bloqué l’entretien au cours des trois dernières années. C’est dire : « comme je déteste les livres, je vais les brûler, ainsi personne n’en aura » ou encore « comme les statuts du Bouddha vont à l’encontre de ma vision de l’Islam, je vais les dynamiter, ainsi, plus personne n’en souffrira. » Hum !

Eh ! Oh ! J’anime un blogue techno, non ? Qu’ai-je à faire d’une bande de fanatiques qui, récemment, s’est attelée au saccage de la Commission canadienne du Blé et à celui du registre des armes à feu, pour ne citer que ces exemples ? C’est que j’ai peut-être une idée de solution informatique pour « sauver les meubles ».

Chers lecteurs, je sais que vous êtes quelques-uns à manipuler les « bits’n’bytes » en virtuose. Je sais aussi que certains d’entre vous seraient en mesure de pirater le registre, d’en siphonner les données et de les placer en sécurité quelque part avant qu’il ne soit trop tard. Je ne vous demande pas de le faire, je commettrais un crime d’incitation à la perpétration d’un acte criminel.

Mais si un pirate se penchait sur cette juste cause et se faisait aller le gros siphon juste avant que les conservateurs ne procèdent à l’autodafé du registre, ne serait-ce pas là un geste admirable ? Il y aurait crime, c’est certain, mais il y aurait en même temps sauvegarde d’un bien collectif fort utile, non ?Je ne vous dis pas que je le ferais moi-même si j’en avais les compétences. Publier une telle chose équivaut, en termes fondamentalistes ou rigoristes chrétiens, à confesser un crime de désir ou un délit d’intention, ce qui est aussi passible du bûcher que d’être passé à l’acte. Mais ne serait-ce pas sublime de voir les corps policiers du Québec recevoir, tous en même temps, un gros disque dur contenant toutes les données du registre envolé en fumée ? J’imagine la colère de la horde conservatrice. Ô joie !
Je ne suggère rien, je ne fais que rêver.