Jean-Jacques Samson, "Délire sur le registre "
http://www.journaldemontreal.com/201...ur-le-registreAnnée après année depuis 1989, nous entendons le même délire sur le registre des armes à feu. Tragédie après tragédie, des politiciens non informés et des groupes de pression reprennent aussi leur prêchi-prêcha sur le soi-disant si précieux bottin informatisé.
Nous n’y échappons évidemment pas depuis le massacre de Newtown.
L’enjeu politique réel est pourtant la vente libre aux États-Unis d’à peu près tous les types d’armes, incluant les armes automatiques et semi-automatiques d’assaut. Cela n’a aucun rapport avec le registre canadien des armes de chasse que le gouvernement Chrétien a imposé en 1995 par opportunisme politique, dans la foulée de l’attentat de la Polytechnique de Montréal, commis par un déséquilibré mental.
Outil bien imparfait
Un registre des propriétaires d’armes de chasse n’empêchera jamais des détraqués mentaux de commettre des assassinats collectifs comme celui de Newtown. Il s’agit tout au plus d’un outil bien imparfait qui permet aux policiers de savoir si une personne, déjà identifiée, est propriétaire d’armes légales. Il est imparfait parce que tous les propriétaires n’ont pas enregistré leurs armes. D’autre part, plusieurs de celles-ci ont changé de mains à l’intérieur d’une famille ou entre connaissances, sans que le transfert de propriété ait été signalé aux administrateurs du registre, la SQ au Québec et la GRC ailleurs au Canada. C’est ce registre que le gouvernement Harper a décidé de discontinuer.
Quant aux criminels, ils n’enregistrent bien sûr pas leurs armes !
Pour ce qui est des armes à utilisation restreinte, comme les pistolets et les revolvers, leur vente est rigoureusement encadrée au Canada; elles sont enregistrées et continueront de l’être; leur possession et leur transport sont très réglementés.
Peut-on cesser de profiter de drames impliquant des fous, aux États-Unis, au Canada ou ailleurs, pour faire de la démagogie, de la désinformation et de la politicaillerie, comme Pauline Marois l’a fait à New York la semaine dernière, en établissant un lien entre pareil événement et la tenur d’un registre d’armes de chasse au Québec.
Les legislations sont aux antipodes, les armes en cause sont aux antipodes et les personnes en cause sont aux antipodes. Dans un cas, il s’agit de malades mentaux imprévisibles; dans l’autre, d’honnêtes citoyens équilibrés dont le seul tort est d’aimer le sport de la chasse ou la pratique du tir.
Rassurer les policiers
Ces précisions étant apportées et bien que le registre actuel soit très imparfait, que le gouvernement du Québec prenne la relève du fédéral qui a décidé de son abolition, puisqu’il y a consensus chez les policiers sur son utilité, même relative.
Si une seule vie est préservée grâce à cette banque de données, je proclamerai toujours que cela vaut le coût de la décision. Mais qu’on le fasse en toute connaissance de cause, sans ostentation morale devant les autres Canadiens qui peuvent penser autrement et sans démagogie à l’endroit du gouvernement Harper qui a tout simplement donné suite ainsi à un engagement électoral qui répondait au voeu de millions de Canadiens, peut-être mieux informés que nombre de défenseurs du registre.
Il est cependant assez paradoxal que ce soit souvent les mêmes personnes ou groupes qui sont très fiers que ce soit au Québec où l’on relâche le plus rapidement des criminels qui sont de véritables bombes à retardement et qui, de l’autre côté de la bouche, tiennent au registre des armes à feu comme à la prunelle de leurs yeux.
A+ Pato