Un Jonquiérois a contracté la tularémie. Le Progrès-dimanche 22 décembre 2013 Roger Blackburn
Chicoutimi - Un chasseur de petit gibier originaire de Jonquière a contracté la tularémie lors d'un voyage de chasse sur les monts Valin cet automne, dans le secteur de la rivière Portneuf. Stéphane Lavoie, qui vit à Chambéry, a souffert le martyre durant plus d'un mois avant que les médecins diagnostiquent la maladie du lièvre.
Le cas est classique: le chasseur a récolté un lièvre chétif et amaigri qu'il a éviscéré. Il avait une blessure au pouce avec une plaie ouverte et il s'est infecté avec le sang de l'animal. "Je venais de plumer cinq perdrix avant de m'occuper du lièvre. Je me suis probablement fait une entaille au pouce avec un os pointu sans m'en rendre compte", témoigne Stéphane Lavoie, qui a cru bon de prévenir Le Progrès-Dimanche des dangers que représente cette maladie qu'il a contractée dans la région.
"J'ai probablement arrangé une centaine de lièvres dans ma vie sans avoir aucun problème, et là, j'en pleume un seul et j'attrape la bactérie", informe le chasseur. Les premiers symptômes sont apparus cinq jours après avoir touché le léporidé.
"J'ai commencé par avoir de fortes fièvres ondulantes, j'ai mouillé mes draps, je souffrais de courbature comme si j'avais une grippe musculaire, je ne me comprenais plus", témoigne le chasseur qui avait le pouce enflé, l'endroit par où est entrée la maladie.
L'homme de 31 ans a attendu 15 jours avant de se rendre à l'hôpital. Il avait un ganglion suppuré gros comme une orange sous le bras et de nombreux ulcères dans la bouche. "On m'a prescrit des antibiotiques pour mon ulcère à mon pouce, j'étais inquiet. Je croyais avoir le cancer, les médecins ignoraient ce que j'avais. C'est en naviguant sur Internet en décrivant mes symptômes que j'ai appris que le ganglion enflé que j'avais sous l'aisselle pouvait être causé par la maladie du chasseur, la tularémie. Là, j'ai allumé et j'ai pensé au lièvre que j'ai arrangé lors de notre partie de chasse", raconte celui qui a terriblement souffert de cette bactérie.
"Le lièvre infecté est dans le congélateur de mon partenaire de chasse, et Santé Canada devrait le récupérer bientôt pour faire des analyses", fait savoir le chasseur, qui prend encore des antibiotiques pour contrôler la maladie.
La tularémie est une maladie infectieuse à déclaration obligatoire, causée par la bactérie Francisella tularensis qu'on retrouve principalement sur les lièvres, mais qui affecte également d'autres animaux à fourrure tels que le castor et le rat musqué, ainsi que chez certains poissons et certains oiseaux sauvages ou domestiques.
Les chasseurs doivent se rappeler que les animaux atteints par la tularémie ont un comportement anormal. Les lièvres peuvent devenir apathiques, se rouler en boule avec le poil hérissé et se laisser facilement approcher étant donné leur état de faiblesse avant de mourir. Leurs ganglions dans l'aine, sur le ventre, au niveau du cou et des aisselles sont enflés et ont la forme de petites bosses.
Pour éviter de contracter cette maladie, les trappeurs de lièvres doivent éviter d'entrer en contact avec un animal qui semble malade, et il est très important de porter des gants de caoutchouc pour manipuler les animaux.
Avant d'éviscérer le lièvre, il est aussi important d'humecter la fourrure pour diminuer la suspension de poussière et de poils fins dans l'air. Enfin, cela va de soi, il faut se laver les mains et les bras immédiatement en savonnant bien. Finalement, il faut laver minutieusement tout le matériel ayant servi aux manipulations. Désinfectez-le avec une solution d'eau de Javel pour ensuite le sécher et le remiser.
Depuis 1992, plus d'une quinzaine de personnes ont été atteintes de tularémie au Saguenay-Lac-Saint-Jean et on compte quelques décès, dont celui de Lisette Desbiens, en juin 2000.
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