Voici telle que promis notre récit de chasse a l'ours écrite par David et Pierre.
C’est vers le mois de février que Pierre et moi avons mis en branle ce projet de chasse à l’ours. Nous nous savions tous deux maniaques de chevreuils, mais nous ne pensions jamais développer un engouement aussi élevé pour la chasse à l’ours. Étant tous les deux à la recherche de beaux défis, nous en avions un vrai devant nous. Le territoire se situe à plus de 4h de route de nos domiciles, et nous avons une seule journée pour aller préparer nos baits. Nous n’avions que 4 jours de chasse et nous voulions récolter des ours de 175 lbs et plus à l’arc. Pour clôturer le tout, nous ne chasserions pas séparé pour doubler nos chances, mais bien dans le même arbre, car toute notre chasse serait filmée. Voici donc en long et en large, notre chasse à l’ours 2009.
Samedi, le 16 mai:
C’est enfin le jour du premier départ. Cela fait déjà des mois que nous attendons, préparons et ramassons tout l’équipement nécessaire pour notre chasse à l’ours. Le point de rencontre est chez David, à 2h45 a.m. et le départ à 3h. Comme prévu, à 2h45 Pierre arrive avec son auto overload de stock….linge, baril, arc, beignes, pain, cible, caméra, 4 roues… name it…on l’a! Les deux n’avons pas dormis de la nuit tellement nous avons hâte. Nous sommes donc en route vers le territoire, qui se situe à environ 4h30 de voiture….nous faisons l’aller-retour dans la même journée.
Le trajet se passe bien, on film beaucoup en montant, s’arrêtant même à quelques endroits pour capturer quelques images du beau paysage. Nous arrivons enfin au territoire vers 8h45. Nous ne perdons pas de temps, car nous savions que nous avions une grosse journée d’ouvrage, mais peut-être pas aussi grosse qu’elle l’a été en réalité...
Donc, à 9h15 nous sommes déjà en marche pour aller prospecter un coin prometteur que le père à Pierre nous avait indiqué. Le site est pas mal, mais éternel perfectionnistes que nous sommes, on n’est pas convaincu à 100%. On se dirige alors vers un coin un peu plus loin, où nous croyons que les ours traversent entre 2-3 petits lacs. Bingo! Sur une distance de 250 pieds maximum, nous trouvons 3 tas de crottins de grosseur très respectable. Le choix du site est fait, reste maintenant de choisir l’arbre…Je savais qu’on était très minutieux, mais vous devriez nous voir essayer de choisir et de s’entendre sur LE bon arbre. Finalement, le choix est fait et je ne pense pas qu’on est pu choisir un meilleur arbre, une grosse épinette qui nous donnes un maximum de couvert et qui se trouve relativement à bon vent. Reste plus maintenant à aller chercher, nos deux treestands, nos marches vissables, notre baril de 55 gallons, nos 2 boites de beignes/pâtisserie, notre chaudière de graisse de patate frite, nos pots de beurre de peanut, la pinte de mélasse, notre bombe d’odeur, la caméra de surveillance, une scie et une PD-150 pour tout prendre en image….et évidemment, notre site se situe dans le bas d’une vallée où aucun VTT ne se rend là et pour finir, il pleut à boire debout. Vous commencez à saisir quel genre de passionné nous sommes…à la fin vous trouverez qu’on est des malades mental. Notre but pour cette journée est de préparer le plus de sites possibles….après le premier il était déjà 13h!
Le deuxième site était celui en lequel nous avions le moins confiance, on le nomme «le pit». C’est aussi celui où nous avons eu le plus de difficulté à choisir un arbre. Il n’y en avait qu’un seul, un petit sapin de pas plus de 6 pouces de diamètre. Les stands ne pouvaient pas être plus haut que 12 pieds, mais bon nous devions faire avec. Au moins, «le pit» est plus facile d’accès, nous facilitant la tâche pour le transport des appâts. Il pleut toujours, nous sommes totalement détrempés et nous voulons au gros minimum faire un troisième spot. Le ciel est couvert et la noirceur arrivera rapidement. Il est maintenant 16h et nous n’avons pas encore d’idée pour notre dernier site.
La fatigue commence à se faire sentir, mais nous continuions nos efforts. Aux abords d’un bûcher de quelques années se trouve un gigantesque pin et quelques signes de présence d’ours. «Le pin», par son surnom, nous inspire vraiment confiance. Les ours peuvent se sentir en sécurité tout en nous offrant de belles opportunités de tir. Nous avons travaillé encore une fois comme des désespérés pour tout apporter notre équipement. Une deuxième caméra de surveillance y est installée.
Finalement, nous terminons notre journée à 19h15. Un total de 10h, à la pluie, à forcer comme des malades pour un maigre trois sites! Nous pouvons vous garantir que vous ne pouvez pas imaginer la moitié des efforts fournis à la mise en place de nos stands, mais on savait qu’en y mettant autant d’effort nous serions récompensés. De retour chez nous vers 3h a.m., une longue semaine d’attente débutait jusqu’au vendredi suivant, qui était le grand départ et notre premier soir de chasse.
Vendredi, le 22 mai :
L’excitation est à son apogée. Pierre a un examen le matin même à 9h30, ensuite on se rejoint à Beloeil et on descend à pleine vitesse jusqu’au territoire. Nous étions serrés dans le temps, car nous voulions absolument chasser le soir même. Anxieux d’avoir des nouvelles du père à Pierre, à savoir si notre stratégie avait fonctionné, nous étions remplis de confiance. Arrivé là-bas, il nous informe que deux sites sur trois fonctionnent à plein régime. Nous sommes primé solide! «Le pit», qui nous inspirait moins, est pourtant celui qui est le plus agressivement visité. Malheureusement, c’est aussi celui où n’avions pas installé de caméra…
Pas de temps à perdre, nous allons nous laver pour s’assurer d’être scent free, on se change, tirent quelques flèches et nous sommes prêts. Le moment décisif approche…. «Pete…, pile ou face?» Le sort voulant que Pierre soit le premier chasseur, je serai donc le caméraman ce soir. (Une petite parenthèse pour montrer le sérieux avec lequel nous prenons chacun nos rôle. Que nous soyons chasseur ou bien caméraman, nous avons exactement la même préparation). Nous sommes un peu plus tard que voulu et nous arrivons à notre arbre environ à 5h45. Notre baril a déjà été visité depuis le matin. L’attente commence. La météo est parfaite, pas trop de mouche et pas trop froid. À peine 50 minutes plus tard, on entend clairement un animal approché d’un très bon pas. Ça s’en vient vite. La caméra est prête et tourne déjà. Elle capte les sons de branches et de feuilles brisées sous le poids de l’animal. Pierre l’aperçoit le premier : « Dave, y’a un ours!» Il est dans la lentille et les images commencent. L’ours approche, tourne la tête. Nous sommes unanimes, c’est un shooter. Pierre se lève tranquillement, il est déjà à porter de tir. Il est à notre gauche, renifle, s’assit, regarde le baril et salive. Il continu d’avancer, Pierre étire son arc…erreur! L’ours s’arrête à la première chaudière de graisse de lard et n’offre aucun angle de tir. Pierre n’est pu capable après 30 secondes et débande son arc le plus silencieusement possible. Mission réussit, l’ours s’avance encore et est maintenant devant le baril. Pierre étire son arc de nouveau et doit encore attendre un peu pour avoir un meilleur angle. L’ours l’offre enfin et Pierre laisse partir la flèche. Tir parfait, la flèche pénètre jusqu’au plume, traverse les deux poumons et l’ours disparait derrière le baril et on l’entend se coucher très près et donner son dernier souffle. Il est 6h40 le vendredi soir et nous avons déjà un ours par terre. C’est l’euphorie dans l’arbre. Nous faisons les interviews de routine et descendons de l’arbre vers 7h20.
Nous trouvons du sang dès le point d’impact et suivons la trace. Nous pourrions courir dans le bois et nous pourrions suivre le sang. La Rage 2 lames a fait le travail! L’ours est retrouvé étendue, à peine 75 pieds plus loin. Encore d’autre interview, et là le travail commence. Nous retournons au campement ramasser l’équipement nécessaire et revenons chercher notre ours. Vers 22h, tout est terminé. Quel premier soir!
Samedi, le 23 mai :
Le lendemain, nous avons profité de la belle température pour prendre toutes nos photos. L’éclairage était parfait. Ensuite, nous avons embarqué dans notre routine : aller appâter, ramasser nos carte SD, tirer quelques flèches, etc. J’étais fin prêt à faire le saut devant la caméra. Nous ne pouvions pas être plus confiants, il nous restait trois soirs complets de chasse pour réussir à abattre un autre ours de même calibre. Nous avons choisi de retourner au même site, chose qui est très rare de notre part. Quel bon choix! À la même heure que la veille, nous entendons un ours s’en venir. Il n’y a aucun doute, il s’en vient comme un train. Cependant, nous ne pouvons pas le voir, il est directement enligné avec une talle de sapin qui nous sert de couvert. Il est près, très près. Soudain, il s’arrête et décide que c’est là qu’il passera sa veillé. En effet, l’ours restera à 20 mètre, sous couvert, pendant plus d’une heure! Mes nerfs sont à vif, mon cœur débat. C’est un suisse, qui en courant dans les feuilles à fait peur à l’ours, qui laissa tomber une chaudière de beigne qu’il avait volé la veille et déguerpit me laissant tout juste la chance de le voir s’en aller. J’étais découragé, frustré. Mon visage sur la caméra en dit très long...
Dimanche, le 24 mai :
Lendemain matin, à la suite de notre routine quotidienne, nous décidons d’abandonner «le pin» et de défaire tout notre set-up et par le fait même de déplacer la caméra «au pit». Nous choisissons de chasser «le pit» encore une fois. Nous savons qu’il est visité par plus d’un ours de belle taille. Le troisième soir est assez tranquille, quand tout à coup, à 20h30, nous l’entendons s’approcher. Il arrive cette fois à notre gauche et nous contourne par derrière. Encore une fois, il s’arrête au gros maximum à 50 mètres derrière nous. Le temps file et la lumière descend. Il faut mentionner qu’avec la caméra, nous perdons facilement les 15 dernières minutes de chasse à cause de la noirceur. Donc, rendu à 9h10, nous descendons de l’arbre le plus silencieusement possible, car nous savons qu’il n’est pas bien loin. J’avais bien hâte au lendemain matin pour aller voir nos photos, car nous nous doutions bien qu’il était certainement venu après que nous soyons partis. Comme de fait, à peine 20 minutes après notre départ, notre ours était dans notre baril…une tape de plus sur la gueule à Dave!
Lundi, le 25 mai :
Dernier soir de chasse, nous devons quitter immédiatement après la passe, se claquer 5h de route et aller travailler le lendemain à 7h. Pour faire une longue histoire courte, nous avons encore entendu l’ours nous contourner à quelques reprises, sans toutefois se montrer le bout du nez. Il a été assez rusé pour nous déjouer et il mérite un peu de repos. Nous avons donc défait nos stands, et descendu chez nous.
Nous étions tout de même très satisfaits de notre résultat. Nous nous étions fixés des objectifs ; d’avoir des ours de 175 lbs et plus à l’arc, le tout sur caméra. À peine 5 lbs de différence avec notre objectif nous comblaient entièrement! Une nouvelle équipe vient de voir le jour et une nouvelle passion en même temps. Nous commençons déjà à fabuler sur la prochaine saison de chasse à l’ours, mais surtout….sur la saison de notre spécialité et gibier favori, le chevreuil!
Merci de nous avoir lu!
David Bienvenue & Pierre Tessier