Ce matin, je suis sorti pour la 26e fois. Plus tôt dans la semaine, j’avais trouvé un nouveau site super-débile-écœurant, mais le vent d’ouest de ce matin n’était pas favorable là-bas. Mon ami Ian souhaitait quand même y aller pour une dernière fois cette saison; ce serait sa 4e sortie. Bon, j’avais bien quelques sites avec du potentiel en réserve et lui donnai rendez-vous chez moi à 5 h 25. Ian, pour ceux qui y étaient, était celui qui avait gagné le call Foxpro lors de la soirée coyote de 4 Bras le 13 janvier dernier à Plessisville. Bon, il ne chasse pas souvent, mais il aime ça quand même!
La neige était croûtée et rendait nos pas bruyants. La stratégie que j’avais établie consistait à nous rendre à environ 300 mètres des bâtiments agricoles pour nous installés dans une série de tas de terre qu’un camion-benne (un dix-roues!) avait laissés là l’automne dernier. Je dis à Ian de s’installer entre deux monticules pendant que j’irais installer le Foxpro et la moumoute Mojo.
Quand je fus parvenu à 80 mètres, j’installai le tout et ce fut à ce moment que j’aperçus un coyote 700 mètres plus loin. Mon cœur se mit à cogner fort dans ma poitrine. Que convenait-il de faire?
Je retournai rapidement vers Ian et lui chuchotai le plus fort possible : « Y’a un coyote là-bas! » Comme il ne semblait pas réagir, je lui indiquai qu’il conviendrait de se tourner et de s’installer en position de tir, ce qu’il fit sans trop avoir l’air de me croire! Pendant ce temps, je m’étais installé à ses côtés et j’avais déployé le bipode de ma carabine. Maladroitement, je saisis ma télécommande et tâchai d’envoyer un son. N’importe lequel, mais il fallait que ça sorte! J’étais très nerveux…
J’envoyai donc « Dying Jack » à faible volume. Ian me dit alors : « OK, je le vois. Il s’en vient à grand’course. » Je fis taire le Foxpro et alignai ma carabine sur le coyote qui s’amenait rapidement. À une centaine de mètres, il s’arrêta net et s’assit en regardant le dispositif. La croix de mon télescope était alignée sur son poitrail… mon doigt pressa tranquillement la gâchette… puis je me ravisai : « Ian, tire donc! » Moi, j’avais déjà deux coyotes à mon palmarès. Pourquoi ne pas faire plaisir à mon ami!?
POUF! Le coyote tomba dans ses pistes. Inutile de dire que Ian était très content! Je lui indiquai qu’il était tôt et qu’il y avait maintenant une douille vide dans la chambre de sa carabine. Il réarma et sécurisa son arme.
Le coup de feu avait fait réagir le foxbang, si bien que maintenant, mon foxpro jouait « Coyote death cry » à bon volume. 4-5 minutes passèrent lorsque Ian me dit : « Y’en a un de mon côté le long de bois. » Et cette lisière se trouvait bien à 600 mètres au moins. Je fis taire le Foxpro.
Le coyote s’engagea dans le champ sans toutefois réduire la distance entre nous. J’envoyai « Dying jack » pour 30 secondes, sans effet. J’envoyai « Coyote pup distress », sans effet. J’envoyai « Freaky squeak », sans effet… Le coyote était assis, il urinait, il jappait (« Challenge bark »), mais il n’approchait pas.
Je réfléchis à toute allure. Comment faire pour le faire venir? Je me souvins alors d’un récit de Deeramator et eus l’idée de sortir mon call à bouche « Primo’s Hot Dog » (un truc du genre…). Je fis un hurlement d’invitation. Cette fois, le coyote eut une réaction qui sembla positive. Hélas! Il retourna dans la forêt au pas de course. Ian me chuchota : « On l’a perdu! » Moi, je n’en croyais rien. Je me doutais de ce que le coyote tentait de faire : nous contourner et prendre le vent. Seulement, pour nous prendre à revers, il allait devoir à nouveau sortir en plein champ, ce qu’il fit quelques secondes plus tard pile à l’endroit où j'avais prévu! Je refis un hurlement. Cela eut pour effet de le faire approcher encore un peu, mais il était ostensiblement méfiant. Je demandai à Ian de sortir son télémètre, je me disais alors qu’il faudrait tenter un tir à longue distance. Mon compagnon s’exécuta et le verdict : 255 mètres. « Ça marche pas ta bébelle, il est beaucoup plus loin que ça! » chuchotais-je.
Le coyote approcha encore un peu et j’indiquai à Ian de ne pas oublier d’enlever le cran de sûreté. La chasse était sur le point d’atteindre son paroxysme lors de l’approche finale, le coyote était à environ 300 mètres, quand ton à coup : POUF!
Ian avait tiré sans avertir! « Fuck, j’ai accroché l’trigger, c’est donc ben sensible c’t’affaire-là! » Dit-il d’un ton penaud… Note pour le lecteur, je m’abstiendrai ici d’exprimer les pensées qui furent les miennes à ce moment de l’histoire!!!
Le coyote prit la poudre d’escampette, mais s’arrêta un peu plus loin. Cette fois, je dis à Ian : « Bouche tes oreilles… » J’avais estimé la distance à 350 mètres et jamais je n’avais tiré à cette distance avec ma 204 ruger. Je compensai un peu et POUF! Le coup toucha mortellement le coyote qui bascula hors de notre vue (un « headshot » à 383 mètres selon le télémètre).
- Il est à terre ton coyote. Dis-je calmement à Ian qui était complètement abasourdi par sa bourde.
- QUOI!? Tu l’as eu?
- Ça va faire une belle histoire de chasse! Va falloir que tu racontes la vérité tu sais!
Notez ici que je pourrais facilement me vanter d’un tel tir, mais j’admets avoir eu un peu de chance! Je visais bien sûr le poitrail; heureusement pour moi qu’il avait la tête retournée vers nous, sans quoi la balle aurait passé au-dessus. J’étais impressionné par la trajectoire plane de ce calibre parfois critiqué pour la chasse aux coyotes. Il faudra désormais que je pratique les tirs à longue distance pour mieux connaître mon arme.
Tout était bien qui finissait bien. J’avais réussi à faire venir un coyote méfiant grâce à mon appeau à bouche et j’avais réussi un tir de récupération sur une longue distance. Ian, lui, a appris qu’il faut toujours être prudent avec son arme, même en situation de chasse…
Commentaire pour Stranger et son palmarès: Tu peux mes les attribuer tous les deux, je pense l’avoir mérité!!!
Voici le résultat: il y en a un, le mâle, qui est un peu jaune... Tous les deux pesaient 50 lbs.