16 février 2015
Positions de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs sur les propositions de Faune Québec pour le plan de gestion du dindon sauvage 2016-2023.
Préambule
La présence du dindon sauvage sur le territoire québécois est due à la modification du milieu naturel du sud de la province ainsi qu’au phénomène de l’adoucissement des hivers. Ainsi, une partie du Québec offre maintenant à cet oiseau les conditions nécessaires à sa survie. D’ailleurs, chaque année, le nombre et l’étendue des mentions de présence augmente.
Il s’agit maintenant de s’assurer de tirer de cette nouvelle ressource faunique la meilleure expérience de chasse possible et d’en maximiser l’impact économique. Cependant, pour la FédéCP, étant donné le contexte social et les facteurs biologiques liés à cette espèce, il ne semble pas utile de doter ce gibier d’un plan de gestion analogue à ceux conçus pour la gestion des grands gibiers, des mammifères, ayant des dynamiques de populations totalement différentes.
En effet :
* Le dindon est un animal à cycle vital court appelé à connaître d’importantes variations de populations régionales, voire locales, au gré des hivers et de la prédation;
* Le cadre réglementaire actuel est simple et répond globalement aux attentes des chasseurs. En outre il permet à la population de continuer de croître;
* Il faut aussi considérer que cette chasse se pratique principalement dans le sud du Québec en terres privées, ce qui établi un contingentement à son exploitation et prévient la surexploitation;
* La chasse se pratique sur les oiseaux à barbe, majoritairement des mâles (8 oiseaux sur les 4421 récoltés en 2014 étaient des femelles) de sorte que ceux qui échappent à la récolte suffisent à fertiliser les femelles et à assurer la pérennité de l’espèce et sa croissance ;
La FédéCP considère qu’il faut soutenir le développement de la chasse au dindon en continuant d’offrir aux chasseurs un encadrement simple, ce qui favorise l’activité
économique et la régulation de la taille de la population, qui tend à augmenter rapidement dans les secteurs sud et ouest de la province. Cela fait maintenant 10 ans qu’il y a de la chasse au dindon au Québec, dont les trois premières à titre expérimental, et tout évolue en équilibre.
Position de la FédéCP concernant les orientations provinciales pour le plan de gestion du dindon sauvage
1) Gérer le dindon sauvage comme une espèce de gros gibier
Le dindon sauvage n’est pas un gros gibier. Il s’agit d’un animal dont la dynamique de population est très différente de celles des gros gibiers du Québec. On ne peut voir comment les outils de gestion utilisés pour le gros gibier pourraient être utilisés pour la gestion de cet oiseau. Sinon pour en tirer des statistiques intéressantes d’un point de vue biologique, mais plutôt inutiles en regard de la gestion de la chasse.
De plus, la pression de chasse actuelle, qui n’a pas de communes mesures avec celle que le dindon connaît dans d’autres états, et la taille de la population, font en sorte que les règles de gestion actuelles font l’affaire des chasseurs et répondent au besoin de conservation de l’espèce.
2) Assurer la pérennité de l’espèce à l’état sauvage et permettre sa répartition de manière naturelle
La FédéCP estime qu’affirmer que «de considérer le dindon sauvage comme une espèce de gros gibier lui donnera une image d’animal sauvage à conserver» n’est pas un argument valable. Tous les gibiers ne sont pas de gros gibiers et les chasseurs tiennent tout de même à leur conservation.
Par ailleurs, la FédéCP demande de pouvoir éventuellement relocaliser des dindons dans la région de la baie des Chaleurs. La région de la Gaspésie souhaite un jour offrir la chasse au dindon et la répartition naturelle ne permettra pas au dindon de se rendre dans ce secteur.
Enfin, la FédéCP supporte la proposition d’encadrer les lâchers de dindons afin d’obliger qu’ils se fassent avec des dindons de souche sauvage, à moins que ce ne soit pour la chasse en enclos, et que ce soit permis pour ceux qui le font déjà.
Position de la FédéCP concernant les balises nationales proposées pour l’exploitation du dindon sauvage.
1) Saison : La FédéCP demande l’ouverture d’une chasse d’automne.
L’expérience de l’Ontario démontre que la chasse d’automne ne permet qu’une récolte marginale. Les dindons sont beaucoup plus difficiles à dénicher et à cette époque et les chasseurs optent plutôt pour de gros gibiers. La chasse devrait se dérouler dans les zones les plus populeuses; 4, 5, 6, 8 et 10.
2) Permis : La FédéCP s’oppose à la venue d’un permis de zone
Pour la FédéCP, l’introduction d’un permis de zone pour la chasse au dindon sauvage constituerait une contrainte importante pour les chasseurs, ne favoriserait pas l’économie et irait à l’encontre de la simplicité réglementaire que nous défendons.
Un permis de zone est un irritant important particulièrement dans le contexte de la chasse au dindon sauvage dont les populations connaitront des variations d’abondance. Un permis ouvert à toutes les zones offre au chasseur la possibilité de se déplacer si la population de son secteur de chasse est exceptionnellement faible. Il permet aussi à un chasseur de bénéficier d’autres opportunités de chasse qui s’offrent à lui.
De plus, le sondage effectué par le MFFP indique que 9 % des gens chassent dans deux zones. Ce sont donc environ 1000 personnes qui l’ont fait en 2014. Ce nombre devrait logiquement grandir avec l’augmentation du nombre de chasseurs à venir. De plus, devant la possibilité de pouvoir maintenant récolter deux dindons, les chasseurs pourront prévoir des excursions de chasse dans plus d’une zone pour tenter de récolter un second dindon.
Il ne sert à rien non plus de se servir du permis de zone pour contrôler la pression de chasse. Celle-ci est faible au Québec et est loin d’atteindre celle connue aux États-Unis.
3) Zone de chasse : La FédéCP s’oppose à la fermeture de zones de chasse
Il faut rappeler que c’est au moment des discussions qui ont eu lieu en 2008, lors l’ouverture de la chasse au dindon, que Faune Québec avait recommandé de garder toutes les zones ouvertes. Fermer des zones puis en redemander éventuellement l’ouverture étant une démarche compliquée.
Il faut maintenir l’ensemble des zones de chasse ouvertes pour la chasse au dindon sauvage, comme elles le sont présentement. L’ouverture actuelle de l’ensemble des zones n’a pas empêché la population de s’étendre au cours des dernières années. De plus, il n’est pas nécessaire de fermer des zones pour y permettre la croissance de la
population puisque la protection de la femelle est justement l’outil de gestion qui permet l’étalement de l’espèce. D’ailleurs, des dindons ont été aperçus du côté du Bas-St-Laurent (zone 2) et en Abitibi-Témiscamingue (zone 13), preuve que même s’il y a de la chasse, si les conditions environnementales sont favorables, le dindon en profitera.
Par ailleurs, il ne sert à rien de priver en vain les chasseurs des zones marginales puisque le dindon, à la limite nord de son habitat y est vulnérable. Quelle serait l’intérêt de priver les gens dans le but d’aider le dindon à s’étendre, puis de le voir décimé par un hiver rigoureux. L’expérience démontre aussi que de façon générale il s’établi un équilibre entre le nombre de chasseurs et la quantité de gibiers d’un secteur.
De plus, l’interdiction de chasse dans certaines zones à la chasse fermerait la porte au projet de la région de la Gaspésie qui souhaite l’introduction d’une population de dindons dans le secteur de la baie des Chaleurs, propice à la survie du dindon. De nombreux intervenants régionaux s’intéressent présentement à ce projet et souhaitent y donner suite à court terme.
Concernant les zones de chasse, les membres de la FédéCP du Centre-du-Québec sont à analyser la possibilité de demander dès le début du plan de gestion la modification de la zone 7, afin de la séparer en deux zones, nord et sud, divisée par le fleuve Saint-Laurent. Le cas échéant, la possibilité de demander une limite de deux dindons pour la zone au sud du Saint-Laurent est envisagée.
4) Non résidents : la FédéCP demande l’ouverture de la chasse aux non résidents.
La FédéCP demande de permettre aux non-résidents de chasser au Québec. Cette permission devrait être accordée aux chasseurs provenant d’états qui permettent aux Québécois de chasser chez eux en vertu de la certification québécoise. Les chasseurs d’autres juridictions devraient toutefois démontrer qu’ils possèdent une certification reconnue par notre gouvernement, ou encore qu’ils ont suivi et réussi la formation donnée par Sécurité nature.
5) Contingentement des chasseurs : La FédéCP appui le statuquo.
6) Attestation de formation : La FédéCP appui le maintien de la formation obligatoire.
La FédéCP souligne toutefois que le gouvernement du Québec devrait procéder à un accord interprovincial. On doit établir la réciprocité entre les formations du Québec et de l’Ontario.
7) Appâtage : La FédéCP appui le statuquo (tel que réglementation de 2014).
Engin autorisés : La FédéCP appui le statuquo (tel que réglementation 2014).
9) Périodes : La FédéCP n’appuie pas la proposition de Faune Québec et demande le statuquo (tel que réglementation 2014).
La proposition de Faune Québec concernant les périodes de chasse prévoit la fermeture de zones de chasse. La FédéCP s’oppose à la fermeture de zones tel que mentionné au point 3.
10) Durée : La FédéCP n’appui pas la proposition de Faune Québec et demande le statuquo (tel que réglementation 2014).
La proposition de Faune Québec concernant les périodes de chasse prévoit la fermeture de zones de chasse. La FédéCP s’oppose à la fermeture de zones tel que mentionné au point 3.
11) Heures permises : La FédéCP appui le statuquo proposé par Faune Québec
12) Segment et limites de prise : La FédéCP n’appui pas la proposition de Faune Québec.
La proposition de Faune Québec concernant les périodes de chasse prévoit la fermeture de zones de chasse. La FédéCP s’oppose à la fermeture de zones tel que mentionné au point 3. De plus, il est possible que la région du Centre-du-Québec demande une limite de prise et de possession de deux dindons, il faut donc rester ouvert à cette possibilité.
La FédéCP demande aussi de conserver la règlementation actuelle, donc une limite de prise et de possession de deux dindons, pourvu que le second dindon provienne des zones 4, 5, 6, 8 ou 10, et éventuellement 7. Donc aucun permis de zone.
Conclusion
La FédéCP demande que la maximisation des retombées économiques se reflète mieux dans le plan de gestion, surtout que la gestion de la faune se fait à l’intérieur d’un ministère reconnu comme ayant une vocation économique. C’était la volonté du premier ministre, Monsieur Couillard, de jumeler les forêts et la faune dans un seul ministère afin de favoriser l’économie générée par ces deux secteurs.