|
Novembre 1978
J’étais âgé d’un gros dix ans et demi, et oui et demi car a cet âge celle-ci est tellement importante. Je me rappelle très bien que nous étions un samedi. Comme à toutes les fins de semaine mon père nous demandait si nous voulions l’accompagner sur notre terrain familial à Martinville en Estrie. Nous appelions cet endroit ‘’La ferme’’ même si l’unique animal qui si trouvait était un demi-cheval que nous appelions Prince.
Trois bâtiments si retrouvait dont une grange, une petite grainerie ainsi qu’un garage attenant a une petite étable que nous avions transformée en petit campe avec de vieux divans un réfrigérateur et une bonne vielle truie en fonte pour nous réchauffer durant les mois d’hiver. C’était des plus rudimentaires mais mon dieu qu’on était bien a cet endroit. Donc en ce samedi mon père comme a l’habitude nous posa la question à savoir si nous souhaitions venir avec lui a ‘’La ferme’’. Mes deux frère acceptèrent mais moi je déclinai l’offre pour je ne sais quelle raison. Alors comme a l’habitude ils partirent tous vers les 9h en cet mâtinée du mois de novembre.
Une apparition dans la prairie
A leur retour, une nouvelle me fit regretter ma décision. Mon petit frère s’empressa de venir me trouver dans ma chambre pour m’apprendre qu’ils avaient tous été témoins d’une apparition extraordinaire aujourd’hui. Un chevreuil avait traversé la prairie à la course devant eux. Celui-ci arborait même un panache d’une belle envergure sur sa tête. Ne venant pas d’une famille de chasseur de gros gibier, à cette époque je n’avais aucune idée de ce qu’était réellement un chevreuil. Pour moi cela était beaucoup plus un mot qu’une image. Un chevreuil... a ‘’La ferme’’ ? Hein?!! Mon père acquiesça pour confirmer les dires de mon frère. « Oui mon gars…un beau ‘’Buck’’ a part de ca!? » Je regardais mon père les yeux grand comme des trente sous. Wow! Un ‘’Buck’’…ce mot semblait sortir de ma bouche comme celui du mot dragon ou Licorne. En ce temps, cet animal était beaucoup plus rare qu’aujourd’hui. Juste voir une trace c’était quelque chose alors vous imaginez d’en voir un passer devant vous, un male avec un beau panache en plus… Et moi qui avais ratel ca!! Nonnnnnnn!!! Pourquoi mon dieu? Pourquoi?
Un tirage au sort déterminant
Suite à cette apparition, mon père décida qu’il allait aller chasser le chevreuil cette année. Pour lui c’était une première et pour cette aventure il allait utiliser rien de moins que la 30-30 Winchester à levier de mon oncle Normand. Mes frères et moi voulions tous autant l’un que l’autre l’accompagner à cette chasse au dragon…eh! Au chevreuil! « Je veux y aller! Non! Moi! Moi! Moi! S’il vous plait papa dit que c’est moi!! » Finalement mon père prit la décision de trancher par un tirage au sort. Nos trois noms furent mirent dans la casquette des Expos de mon grand frère et ma mère tira le nom de celui qui aurait la chance…qu’est-ce que je dis la chance…celui qui aurait la gloire d’aller chasser le chevreuil avec le père!!! On m’aurait offert un chien! Pi j’en voulais un en ‘’tabouere’’ depuis u méchant bout! Que je l’aurais refusé pour être l’élu! Ma mère retira sa main du fond de la casquette des Expos avec un petit bout de papier qu’elle déplia avec soin. Les trois petits gars que nous étions attendaient le nom du vainqueur avec nervosité, puis celui-ci résonna à mes oreilles comme la cloche de l’église un dimanche matin. « Le gagnant est…Martin!» Mon grand frère me donna une bine sur l’épaule en me disant « chanceux! », le plus jeune tourna les talons et partie dans sa chambre en pleurant sa vie et moi j’avais le sourire d’un jeune qui vient de se faire dire qu’il allait pour la première fois de sa vie a la chasse au ‘’BUCK’’ Youpiiiii!!!
Le jour ‘’J’’
La veille au soir, nous avions tout préparé afin qu’il n’y est rien à faire a part déjeuner pour ensuite partir aux petites heures. La nuit avait été des plus courtes puis je sentis la main de mon père sur mon épaule en me chuchotant à l’oreille… « Lèves-toi mon gars, c’est l’heure ». Deux toasts au beurre de peanuts et un verre de ‘’Quick’’ plus tard, nous étions tout les deux mon père et moi dans le Plymouth Volare station wagon, en route pour Martinville. Tout ca était comme irréel pour moi. Le fait qu’il faisait encore nuit noire et de savoir que tout le monde dormait dans toute les maisons sur notre route ajoutait au suspense insoutenable pour le ‘’Kid’’ que j’étais alors. Quarante minutes plus tard, nous arrivions enfin à destination. Je me rappelle mon père me dire en franchissant la clôture… « La mon gars…pas un mot, sinon tu vas faire peur aux chevreuils ». Une fois débarquer de la grosse familiale bleu poudre, mon père sortie la 30-30 de son étuis défraichie en cuirette d’un vert malade. Il introduisit une a une les balles par le cote de celle-ci. Le son du clapet du magasin de l’arme se refermant après de chacune d’elles résonnait dans la pénombre. Puis… vint les mots tant attendues… « Ok! Viens on y va. Reste bien en arrière de papa ».
A l’affut…
Après une petite marche d’une dizaine de minutes, nous arrivèrent sous un gros sapin a l’orée de la ‘’swamp’’. Mon père approcha sa bouche de mon oreille et tout bas il me demanda de m’assoir par terre. Nous restâmes ainsi tapi sous le sapin, sans faire de bruits jusqu’aux premières lueurs du jour. La matinée passa sans voir le moindre chevreuil poindre le bout de son nez. Nous prirent chacune sandwich accompagner d’un ‘’sip sac’’ aux raisins de chez Perrette (l’ancêtre des boite de jus a lunch). Puis l’après-midi, pour ensuite se terminer sans avoir vue l’animal tant souhaité. Malgré tout, le petit gars de dix ans que j’étais en ce temps venait de passer la plus belle journée avec son père de toute sa courte vie. Je n’avais aucun regret de n’avoir rien vue car tout ces minutes, ces instants précieux d’attentes silencieuses assit sous le vieux sapin seraient a jamais gravés dans ma mémoire. Grace a ce petit papier piger par ma mère, j’étais devenus pour toujours un chasseur de chevreuil et cela jusqu'à ma mort. Depuis ce jour, jamais je ne suis allé chasser pour récolter de bêtes à tout prix mais bien pour vivre des moments pareils. Seul avec moi-même ou encore en compagnies de personnes qui me son chère.
Lamar
|
Connexion
Inscription
FAQ
Rechercher
