Il y a longtemps que je n’ai pas écrit sur chevreuil.net. La vie adulte amène son lot de responsabilités et disons que les temps libres manquent de plus en plus. Par contre, j’aurai toujours du temps pour chasser. Coûte que coûte, c’est une passion que j’ai depuis que j’ai vu mon père revenir de la chasse avec un magnifique mâle mature de 238 lbs en 1992. J’avais alors 5 ans. Je me souviens d’avoir sauté de joie dans la fenêtre en le voyant revenir avec son premier buck à vie.
L’année suivante, il m’amenait avec lui chaque fin de semaine pour appâter les chevreuils. La petite étincelle qui s’était allumée l’année précédente était bien vraie. Je ne chassais même pas encore vu mon jeune âge, mais je n’en dormais pas de la nuit lorsque nous allions appâter le lendemain. Le soir, nous revenions toujours par les champs pour compter des dizaines de chevreuils, puis des centaines au début des années 2000. Cette bête me fascinait au plus haut point. À partir de 1993, j’étais abonné à une revue de chasse et pêche que je lisais avec passion.
Puis, arriva l’âge de mes 11 ans. Mon père m’amena avec lui dans sa cache pour la première fois. Ce samedi là, il tua un spike en ma présence. Je pleurais comme c’est difficile à décrire. J’ai presque tombé en bas de l’échelle en sortant de la cache. Il n’y avait pas de doute, c’était une véritable passion…
Puis, à l’âge de mes 12 ans, j’ai pu passer mon cours de maniement d’armes à feu et mon cours PESCOF. Cette année là, je n’ai rien tué. J’ai manqué un buck le premier matin, mais j’ai vu plusieurs chevreuils. Puis, le succès est venu au cours des années suivantes. J’avais également une nouvelle passion, le tir à l’arc. J’avais la chance de faire des tournois sur cibles animalières.
Bref parenthèse, je veux vous décrire ma saison de chasse 2012 ! Cette année, j’avais une belle semaine de vacances devant moi pour chasser le chevreuil. En ma compagnie, j’avais mon bon ami Kevin qui chasse avec moi depuis 2010. Ce fut un plaisir de l’initier à ce sport. En 2011, il récolta son premier chevreuil, un veau à l’arbalète. Je l’accompagnais ce matin là, donc on a eu bien du plaisir à récolter ce chevreuil.
Cette année, nous avons commencé à préparer nos sites de chasse à la fin septembre. L’hiver doux de l’an passé a vraiment aidé notre cheptel. Nous avions beaucoup de chevreuils et une bonne quantité de bucks sur nos caméras. C’est d’un engouement énorme que nous nous sommes rendus chasser cette année. Arriver à la maison familiale, mon père avait aménagé le sous-sol en camp de chasse. Table au centre, portable branché sur écran plat, corde à linge vis-à-vis le poêle à bois et calendrier pour homme averti au mur. Nous SOMMES prêts! Un petit défilé des bucks que nous avions posé au cours de l’automne sur nos caméras et nous voilà tous fébriles pour l’ouverture du lendemain.
Chez nous, nous avons l’habitude de ne pas chasser le premier matin. Toujours la peur de manquer notre coup en dérangeant un mâle régulier. C’est donc vers midi que nous nous sommes rendus vers nos sites de chasse. De mon côté, j’ai seulement vu une femelle et 2 veaux ce soir là. En revenant au véhicule, Kevin me raconte son histoire. En se rendant à son tree-stand, il est tombé face à face avec un 4 pointes qui mangeait à ses pommes. Il s’est avancé tranquillement et lui a tiré une flèche en plein cœur avec son arbalète. Le matin même, mon père lui avait dit de ne pas oublier son coussin pour son tree-stand. Il avait répondu : j’en ai pas besoin… Des fois, la vie fait drôlement les choses. Il n’en avait effectivement pas besoin… Le chevreuil a fait un 200 pieds et s’est écroulé, le tir était parfait. Kevin avait donc son premier buck à vie. J’en suis très fier pour lui!
Kevin et son premier buck à vie. Veuillez excuser le sang... Mais vive les pointes de chasse Rage
Puis, de mon côté, la fin de semaine passa à ne voir que des femelles et des veaux. Je restais tout de même très confiant avec la quantité de bucks sur nos caméras. Puis, lundi soir, ce fut toute une journée ! Le matin, je n’ai vu que des veaux. Je suis sorti de mon tree-stand vers 10h30 pour aller manger un peu et de retour au poste vers 12h30. Vers 13h00, encore deux veaux arrivèrent. Puis, un hélicoptère s’amusa à tourner autour d’eux… J’étais en ost… Le pilote a fait ce manège pendant un bon 20 minutes. Il partait, puis revenait sans cesse. Les veaux ont fini par déguerpir. J’ai envoyé un message texte pour raconter ça à Kevin. Puis, 2 minutes plus tard, je reçois un message texte d’un expéditeur inconnu… Simon, tu passes à LCN!!! Ils font un reportage sur la chasse au chevreuil !! Là, j’étais mêlé en sacrement ! Kevin avait raconté ça à mon voisin et il lui a donné mon numéro de cellulaire pour me niaiser. Mais je vais vous le dire, j’y ai cru ! Il reste que je n’approuve pas ce que faisait ce touriste en hélico. J’ai fait une plainte aux gardes de chasse le soir même. Puis, le calme est revenu et une femelle seule s’est présentée aux appâts vers 15h30.
Elle a quitté et j’ai entendu marcher à nouveau dans les feuilles vers 16h00. C’était long, le chevreuil prenait vraiment son temps. Le comportement était vraiment différent de celui des femelles et veaux qui s’en venaient directement aux pommes. Puis, un beau petit 5 pointes se présenta. C’est sans hésitation que j’ai mis la croix de l’arbalète alignée sur lui. Il me fixa… J’ai donc tiré un peu trop rapidement. Le buck a bondi et il m’a sifflé plus loin. J’étais convaincu d’avoir touché l’animal, mais le tir me semblait dans l’estomac… Merde de merde… J’ai appelé Kevin et mon père qui sont venus me rejoindre. J’ai retrouvé ma flèche piquée dans le sol jusqu’au derrière des plumes. Quelle puissance cette arbalète… Puis, c’était confirmé. L’odeur et la couleur du sang ne mentaient pas, j’avais touché l’estomac. On décida d’entamer les recherches après une longue attente, mais peut-être un peu trop courte pour ce genre de tir. Le sang se faisait extrêmement rare. Parfois une goutte aux 200 pieds et il saignait de moins en moins. On avait probablement un 2000 pieds de marché et le sang était rendu introuvable. On a donc décidé d’abandonner les recherches après 4 heures. On était en plein bois, perdus comme ce n’est pas possible. Puis, avec une boussole, on s’est dirigé vers la bonne direction pour finalement sortir du bois. On a eu la chance de trouver un sentier de lot assez rapidement. Lors du retour à la maison, j’étais complètement découragé. Je venais de perdre un chevreuil pour la première fois. J’avais du mal à accepter la situation.
En discutant avec Kevin, on décida d’appeler un conducteur de chiens de sang de la région. Rendez-vous à la caisse populaire à 21h30. Rendus sur les lieux, le chien prend quelques minutes à trouver la piste, puis il refait tranquillement le même chemin que nous. Moi ou Kevin restions au dernier ruban (dernière goutte de sang) et lorsque le chien s’écartait, on le repartait de la dernière goutte. Nous avons cheminé comme ça jusqu’à ce qu’on arrive dans le même sentier de chevreuils dans lequel le sang nous avait conduit plus tôt. Puis rendu à l’endroit ou nous avions abandonné, le chien semblait confus. On le repartait sans cesse du sentier de chevreuils et il allait dans toutes les directions. Puis, il trouva enfin une autre goutte de sang après de longues minutes. Nous étions fous de joie. Par la suite, il était encore confus… On ne trouvait plus aucun sang, mais le chien retournait sans cesse vers le sentier du lot dans lequel nous étions revenus plus tôt avec mon père. Ensuite le chien sortait du sentier au même endroit pour retourner à nouveau en forêt. Nous l’avons reparti 4 fois de la dernière goutte et les 4 fois, il a pris la même direction. Nous avons donc emprunté le sentier avec le chien et avons entré en forêt à l’endroit ou il le chien voulait toujours se diriger. Mais aucune goutte de sang n’était visible. Il était rendu 2h30 du matin. On a donc mis du ruban sur le bord du sentier et avons pris la décision d’arrêter de chercher le sang invisible. Nous avons fait confiance au chien. Rendus dans la mousse, il y avait de belles grosses traces fraîches. Puis, nous sommes tombés directement sur le chevreuil vers 3h30. J’étais complètement fou de joie. Kevin, le conducteur et son chien également! On l’a ensuite éviscéré et porté jusqu’au sentier. Par chance, il n’y avait pas de barrière sur le lot. On a donc pu aller le chercher avec le VTT. Le GPS a indiqué 1 km depuis la cache… On a travaillé fort pour le retrouver, mais je l’apprécie encore plus. Le conducteur et son chien ont fait un travail exceptionnel.
Photo de moi et le conducteur de chien de sang, quelques minutes après l'heureuse découverte de mon buck
Photo de moi et Kevin avec mon buck
Après des heures de recherche, le gars est brûlé, mais heureux !!
Nos bucks 2012
À 4h00 du matin, en revenant à la maison avec le VTT et mon buck, je voyais mon père me regarder par la fenêtre. C’est exactement la fenêtre par laquelle je l’avais vu revenir avec son gros buck en 1992. Difficile à décrire, mais ça m’a fait quelque chose de le voir me regarder. J’avais l’impression d’avoir mis en application tout ce qu’il m’a montré depuis cette année là.
Ce n’est pas mon plus gros, mais c’est l’un des chevreuils pour lesquels je suis le plus fier.
Merci pour votre lecture.
