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 Sujet du message : Tenacité dans la déception
Message Publié : Jeu Sep 18, 2008 6:10 pm 
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Inscription : Jeu Juil 03, 2008 2:17 pm
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Localisation : Donnacona
La saison de chasse au chevreuil 2006 s'amorce dans mon secteur, la zone 27 ouest, une semaine plus tard que l'année précédente... Elle débute donc à ma grande joie en cette matinée du samedi 4 novembre, ce qui devrait à mon avis, mais cela n’est pas partagé par tous les amis Nemrods, nous permettre d'apprécier la présence d'un plus grand nombre de cerfs que l'an passé, ceux-ci ayant déjà commencé leurs parades d'accouplement annuelles et la réalisation de leurs grattis près des sites visités.

Je me pointe donc assez tôt en cette matinée d’ouverture très anxieux de visiter mon unique site d’appâtage et de distribution de nourriture bien que, habituellement, je ne suis pas un partisan de l'arrivée hâtive à la cache. J'aime voir ce que je fais et hésite à deviner ce que les ombres du matin n’osent me révéler. Par expérience, je sais que le petit clair-obscur me dissimulera peut-être encore une fois la présence des chevreuils ou des marques de leur passage ainsi qu'une foule de renseignements et de précieux indices si je précipite ma venue sur le site de chasse. La patience est la mère des succès, mais toute mon attention doit aussi l’accompagner et cela on le sait tous, même si parfois...

En avançant à pas de loup sur mon parcours et rendu à quelques dizaines de mètres seulement de ma cache sur la droite moins dégagée du sentier, là ou ils ont dû passer une partie de la nuit, je lève à ma grande surprise et avec beaucoup d’étonnement si près de la cache, cinq chevreuils sur leurs couches qui m'apparaissent être des adultes par leurs formes et grosseurs. Mon coeur palpite pour la première fois en ce début de saison et j'accélère les derniers pas. Enfin j'y suis mais pas tout à fait prêt à gravir les échelons, je suis un peu essoufflé et plus nerveux qu'à l'habitude en ce début de chasse malgré l'aisance que j'ai prise à côtoyer souvent, je dirais presque à plein temps, ces magnifiques bêtes depuis le début de ma retraite il y a deux ans maintenant.

J’entre instantanément dans le rôle de mon personnage et m’y dissimule, à l’intérieur de moi-même, comme fondu dans le décor d’une pièce, toujours à l’affût et devenu presque invisible. Je ne bouge plus. Je sais depuis quelques minutes que tous les personnages sont présents mais il n’y aura pas de public. Je suis seul avec ces éléments confondus dans la nature. Gelé sur place dans la grisaille au travers quelques éclaircies épars qui colorent le ciel mi-obscur que j’observe, muet et silencieux; enfin, un peu plus tard un écureuil et quelques gais bleus gourmands et pillards viendront me voler mes céréales et du mais dispersé au sol. Je suis installé pour un boutte!

Le début d’’après-midi est plus doux avec de courtes périodes ensoleillées. Je me permets un petit répit et après six heures de guet à l’étroit je m’étire enfin, courbaturé et un peu fatigué. Au guet, j’ai toujours l’instinct de persévérer mais mes 57 ans me rejoignent.
Et voilà, bientôt je suis récompensé; un petit buck immature arrive sur ma droite et s’amuse dans mes pommes en les piétinant; je me surprends à imaginer les mêmes stratèges fructueux que l’année précédente lorsque j’ai gagné MON magnifique sept pointes. Un peu plus tard, un jeune veau encore tacheté qui l’accompagne sans la présence de sa mère viendra, insouciant, uriner tout près de mon piedestal avant qu’ils me quittent tous les deux non sans avoir mangé au moins le quart des provisions quotidiennes que je rapporte sur l’heure du midi avec, à l’occasion, quelques gâteries. Ouf! Je lunch dans la cache, granola, comme mes chevreuils

À 15 h 00, un chuchotement et de petits pas très proches dans les feuilles sèches me laisse deviner encore le petit veau qui doit revenir derrière moi; si petit que j’hésite une fraction à me retourner avec l’arbalète pour me positionner adéquatement... Mais la tension me garde encore alerte même après tout ce temps à épier et je pivote sur mon siège très lentement en même temps que je fais une rotation de la tête pour vérifier tout autour. J’aperçois fébrilement le dos d’un magnifique mâle à mois de cinq mètres. Il est très près et se dirige droit vers la section gauche du site d’appât, séparée en deux par une rangée d’arbustes.. Je le laisse un peu s’éloigner en attendant le moment propice pour avoir un meilleur angle de visée alors qu’il se présentera, je l’espère, de profil... Ce qu’il fait après de longues minutes à surveiller le couvert forestier face à lui.

À l’instant choisi, sans hésitation alors qu’il se prépare à manger, je décroche un tir précis qui l’atteint de plein fouet à l’endroit visé, les poumons. Il fait quelques bonds hésitants, s’arrête comme pour s’orienter ou pour chercher la provenance du tir puis continue chancelant avant de disparaître dans un bosquet touffu. Dans ma frénésie, j’ai déjà rejoints à voix basse sur mon cellulaire un ami chasseur qui viendra m’aider à le récupérer. Nous patientons trois-quart d’heure à nous préparer avant d’orienter nos recherches. Il est de mise d’agir ainsi malgré l’excellente connaissance que nous avons du périmètre à couvrir. Après plusieurs heures d’efforts, la noirceur nous oblige à abandonner, déçus, avec les derniers indices relevés.

Je rentre chez-moi anéanti. Je ne dormirai qu’une courte nuitée agitée de rêves, sous les bosquets... à la recherche de mon buck.
.. Il a neigé une bonne neige toute la nuit dernière, lève-toi vite mon chéri!
Ma chum vient de me recrinquer au matin comme un vieux westclock tic-tac avec le soleil levant et c’est parti!

Toute la journée du dimanche me procure autant d’amertume que d’émotions diverses. Bien que je sois amoché et en déconfiture encore, je parcours mon territoire, déterminé à récupérer mon chevreuil avec l’aide de la nouvelle neige fraîchement tombée en soirée et pendant la nuit précédente. J’essaie de me motiver pour retrouver mon gibier. Je visite tous les fourrés, petites savanes et sentiers où nous nous sommes rendus la veille, moi et mon ami et j’agrandis graduellement mon rayon de recherche presque à l’épuisement, sans succès. Avant d’arrêter, je me rends ceinturer un petit bûcher qui n’avait pas encore été fait. Mais ce sera toujours en vain.

En sueurs et à bout de souffle, j’abandonne sur l’heure du midi, désemparé! J’ai perdu le chevreuil le plus convoité de ma carrière de chasseur et je m’en veux de ne pouvoir le retrouver alors que je sais qu’il doit être si près du lieu de mes recherches. On me dira plus tard qu’un excellent chien pisteur aurait pu être disponible au village... Et pourquoi pas m’être associé à mon vieux cocker Camy qui aurait tout donné, j’en suis convaincu après coup, pour satisfaire les attentes de son maître. Haaaa!

L’air piteux, je rentre à la maison bredouille et reçois les appels de mes copains un à un avec beaucoup de désinvolture. La nuit suivante ressemble à la précédente et est aussi longue ou plus courte, alors que l’aube va se lever... Quoi qu’il en soit, je dois m’y remettre. Et c’est ce que je fais, après avoir engouffré quelques cafés remontants. Nous sommes en début de semaine et les activités forestières des cultivateurs commencent tôt et sont bruyantes avec le tintamarre lointain des voitures qui passent sur la 40 en sourdine. Je retourne à la cache. Je me trouve top shape malgré ma déconfiture. Je n’en reviens pas. Et la journée passe avec la venue de quelques femelles accompagnées de jeunes faons. La journée passe encore. Le soleil baissant va mettre fin graduellement à mes activités bientôt. Une demie-heure s’ajoute... Alors qu’une autre grosse femelle en retrait se prépare à quitter mon site , j’aperçois soudainement sorti de nulle part derrière elle à moins de 3 mètres, la tête baissée et le nez au sol un magnifique buck qui vient renifler en se relevant son arrière alors qu’elle s’est déjà presque accroupie pour l’accouplement. Je déclenche un tir fatal et me félicite d’avoir relevé le défi de revenir récolter un si beau buck en moins de 48 heures.

Alors que j’investiguais mon territoire ce printemps, j’ai retrouvé quelques vieux ossements de ce qui me semble être les restes de mon buck perdu et un peu plus loin près d’une rivière des carcasses de cerfs décédés en hiver.

Malgré son âge avancé, Camy m’accompagne quotidiennement en forêt, me signale la présence des chevreuils et s’est même permis de jouer avec les perdrix que nous avons apprivoisées au fil des ans.

Je serai à mon stand encore une fois cette année avec la même détermination et peut-être aussi la même fougue que celle qui ma donné l’occasion de vous faire part de mes commentaires sur cette expérience de chasse passée. Et Camy sera prêt cette fois-ci advenant le cas où...
Heureux de vous l’avoir racontée ! Bonne saison de chasse les amis!


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Message Publié : Sam Sep 20, 2008 2:06 pm 
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Inscription : Jeu Juil 21, 2005 11:24 am
Message(s) : 733
Localisation : Saguenay
Belle histoire et dommage pour ton premier buck perdu mais je crois que tu avais fais le nécessaire pour le retrouver. Malheureusement ça arrive parfois de perdre un gibier et de s'en vouloir.

Tu t'es bien repris par la suite pour sauver ta saison, Bravo !!


Dombeau


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