Article du JdeM ISABELLE MAHER Mardi, 16 décembre 2014 11:05 MISE à JOUR Mercredi, 17 décembre 2014 01:24
Le caribou forestier est toujours menacé de disparition. Pourtant, le plan de protection existe, mais ne serait pas mis en application, dénonce un groupe d’experts.
Vous retrouvez le caribou forestier sur les pièces de 25 cents, mais de moins en moins dans la forêt boréale. La déforestation menace l’espèce, la situation est connue des scientifiques. En 2013, un groupe d’experts a déposé un plan de rétablissement pour protéger l’espèce, mais le gouvernement du Québec tarderait à le mettre en application. «Ce plan est excellent. Le problème, c’est qu’il dort sur une tablette. Sur le terrain, rien n’est fait», déplore le biologiste Pier-Olivier Boudreault, qui, avec une équipe de la Société pour la Nature et les Parcs du Canada (SNAP), publie un second rapport sur le caribou forestier. La situation dépasse largement le simple cas du caribou forestier. L’avenir de la forêt boréale est aussi en cause, de même que l’industrie qui en dépend, souligne le rapport. La plus grande menace du caribou forestier, c’est ce que les experts appellent le «taux de perturbation», soit les changements provenant de l’activité humaine: déforestation, routes et lignes hydroélectriques. «On retrouve des populations en déclin là où les taux de perturbation dépassent 35 % à 45 %. Or, à certains endroits, ces taux atteignent jusqu’à 90 %», explique Martin-Hugues St-Laurent, professeur en écologie animale à l’Université du Québec à Rimouski.
Extinction
Si rien n’est fait, l’extinction de la population des caribous forestiers est prévue dans 30 ou 40 ans, ajoute l’expert. «Le caribou ne semble pas une priorité pour le gouvernement», croit M. St-Laurent, qui rappelle une déclaration de Philippe Couillard lors de la dernière campagne électorale. «Je ne sacrifierai pas une seule job dans la forêt pour les caribous», avait dit à l’époque le premier ministre. «Il n’y a pas un choix à faire entre les caribous et des emplois, réplique Pier-Olivier Boudreault. Il faut simplement revoir la manière de penser l’industrie forestière. Au lieu du volume, visons la rentabilité.» Des secteurs névralgiques pour le caribou sont menacés par des coupes forestières, s’inquiète-t-il. On estime à 7000 le nombre de caribous sur le territoire québécois, l’objectif d’ici 2023 est de 11 000 bêtes, précise Jacques Nadeau, porte-parole du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs. «Un comité sectoriel examine les différentes solutions et devrait faire des recommandations en ce sens au début de 2015», affirme Jacques Nadeau.
|