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Article d'André Cyr , journal de montréal..
Vous souvenez-vous de la série télévisée Lifestyles of the Rich and Famous, qui a tenu l’affiche une dizaine de saisons au tournant des années 1980?
On y présentait le style de vie extravagant des gens qui ont beaucoup d’argent.
Si on ressuscitait la série, un épisode pourrait très bien être tourné au Domaine de la faune des Laurentides ou dans les autres fermes cynégétiques du même type.
Si l’envie vous prend d’y aller, préparez-vous à mettre la main à la poche.
Les séjours de chasse y sont proposés à partir de 4900 $ US. Mais ça, c’est pour les plus «petits» panaches qu’on puisse y récolter, ceux de wapitis variant entre 300 et 340 pouces selon le système de pointage du SCI.
Si jamais vous désirez rentrer chez vous avec un trophée-record – un panache de cerf rouge de 520 pouces par exemple –, vous devrez débourser beaucoup plus que cela. Quelque chose comme 90 000 $ US.
Industrie payante
Les panaches-trophées rapportent gros aux éleveurs de gros gibier et c’est pourquoi les fermes cygénétiques sont de plus en plus nombreuses à travers le monde.
On en compte plusieurs milliers en Amérique (en majorité pour le cerf). Il y en a aussi plusieurs au Québec, dont 19 pour le wapiti et le cerf rouge.
La plupart procèdent à de la reproduction contrôlée, à de la manipulation génétique et à l’insémination artificielle du gros gibier dans le but de créer ce qu’on pourrait appeler une «race supérieure» de mâles avec des panaches hyperimposants.
«L’élevage de grands mâles est un gros business, une industrie de plus de 1 milliard $ rien qu’aux États-Unis», soutient le journaliste Craig Dougherty, du magazine OutDoor Life.
«Ces mâles anormaux sont recherchés pour la reproduction. Quelques gouttes de leur sperme peuvent se vendre plus de 10 000 $. Le mâle reproducteur lui-même peut coûter plus de 50 000 $.»
Gens fortunés
Dans ce contexte, pas étonnant que des fermes comme le Domaine de la faune ne soient fréquentées que par peu de chasseurs par année – une soixantaine dans ce cas-ci. Des gens très fortunés pour la plupart.
Guy Laliberté, le prince Philippe de Belgique, le doc Francesco Bellini (des huiles du même nom) et Martin Cauchon, candidat à la chefferie du Parti libéral du Canada, ont tous été des clients de la ferme, selon l’informateur du Journal.
Là encore, la direction se montre très discrète quant aux gens qu’elle reçoit.
«Notre politique ne nous permet pas de dévoiler le nom de nos clients», soutient Heidi Malo.
«Je peux cependant vous confirmer que plusieurs chasseurs de partout au monde viennent ici chaque année pour bénéficier de cet environnement unique et que nous en tirons une grande fierté.»
DE LA CHASSE OU PAS ? Les deux plus grands organismes de chasse au monde – Boone and Crockett pour les animaux récoltés par arme à feu, et Pope and Young pour ceux prélevés à l’arc –, condamnent la chasse en enclos et leurs livres des records ne reconnaissent pas les panaches-trophées du gibier qui y est abattu.
Les deux organisations s’opposent à la reproduction contrôlée, à la manipulation génétique et à l’insémination artificielle du gros gibier.
«Si le territoire est entouré d’une clôture et que le gibier ne peut pas s’enfuir, nous ne considérons pas cela comme de la chasse», soutient Jack Reneau, le directeur du livre des records de Boone and Crockett.
«Ce n’est pas de la chasse, ajoute le directeur du personnel du club, Tony Schoonen. C’est du tir sur gros gibier.»
«Nous nous opposons aussi à ce genre de choses», assure le secrétaire exécutif de Pope and Young, Kevin Hisey.
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