macpes a écrit :
On s'éloigne un peu du sujet principal mais j'aimerais apporter une précision à propos de la capacité de support d'un ravage. Cette capacité de support dépend largement de la composition forestière de celui-ci et la densité de chevreuil qui y est présent. Ainsi, un niveau maximal de population de chevreuil provoquera une pression forte sur la bouffe disponible et la régénération forestière mais les cerfs dépenseront moins d'énergie en raison de l'entretien "à la gang" des sentiers. À terme cette situation risque de mener à un moins bon taux de survie durant l'hiver en raison de la baisse de bouffe disponible. Inversement, un nombre très faible d'individus dans le ravage ne fait pas de pression forte sur la bouffe et la régénération mais la dépense énergétique est plus grande en raison de l'effort individuel plus grand que les cerfs doivent fournir pour se déplacer (faible entretien de sentier). La situation idéale serait d'avoir une densité moyenne de chevreuil. Présentement, avec l'hiver qu'on a eu l'an dernier, la pression des chevreuils sur les ravages ne doit pas être critique, mis à part certains rassemblements près des sites de nourrissage.
De conclure à une baisse, une augmentation ou une stabilité de population dans les ravages en rapport avec la protection des jeunes mâles est hasardeux... surtout que l'hiver vient mêler grandement les cartes.
David, la relation que tu décris entre le chevreuil et son habitat est incomplète. Tu fais abstraction du fait qu'une augmentation du nombre de chevreuil suite à une amélioration de l'habitat va mener à une plus grande pression sur cet habitat et par la suite une autre dégradation de l'habitat. C'est une roue qui tourne. Et en plus, dans la situation que tu décris, on ne sait pas où on en est avec le niveau de population. Tu semble postuler que ce niveau est actuellement élevé alors que moyen à faible serait peut-être plus adéquat. Ce qui fait qu'il ne devrait théoriquement pas avoir de baisse de population en raison d'une sur-utilisation de l'habitat (bien entendu, on peut avoir une toute autre image en fréquentant les sites de nourrissage et voir comment l'habitat autour est magané mais ce sont des sites localisés et l'habitat plus éloigné des sites de nourrissage est peu sollicité... faut voir l'ensemble du ravage).
Mais cette relation cerf-habitat n'est pas la seule à jouer... comme Touki l'a dit, le facteur principal, c'est ... l'hiver. C'est bien plus ça actuellement qui va influencer le niveau de population dans les ravages des régions plus enneigées. Plus au sud, c'est peut-être moins évident l'effet de l'hiver.
En faisant abstraction de l'hiver, sur lequel on a pas d'emprise, on peut théoriquement augmenter la capacité de support des ravages par une bonne gestion forestière qui prend en compte les besoins du cerf l'hiver. On parle de gestion au lieu d'aménagement car la gestion forestière d'un ravage implique souvent de conserver des peuplements d'abri debout le plus longtemp possible sans travaux. Les travaux ne sont là que pour rétablir une situation (renouveler plus rapidement un peuplement d'abri qui tombe en miette) ou pour améliorer la disponibilité de bouffe (travaux pour faire de la bouffe près des secteurs d'abri). De cette manière, on fait une gestion forestière du ravage qui devrait au pire maintenir sa qualité ou au mieux l'améliorer.
En plein dans le mille Macpes!!! Moi ce qui m'inquiète c'est comment renouveler des abris dans les ravages actuels dans un contexte de présence permanente de cerfs compte tenu de leurs interactions sur la regénération résineuse souvent constitué de sapins???? Je suis vraiment pas certains qu'on s'attarde suffisamment à cette problématique qui va nous sauter en pleine face d'ici quelques années