Oui, cette question des inventaires est pas évidente... celle de la science des statistiques non plus. Je comprends très bien qu'on puisse être amer face à l'information qu'on a de ces évaluations de cheptels. En plus des accidents routiers, il y a l'inventaire aérien et les enquêtes postales. C'est évident que la précision des données recuillies n'est pas à toute épreuve. En stats, on vise habituellement un intervalle de confiance supérieur à 95% (vérifiable par des tests statistiques bien établis). Ceci suggère une marge d'erreur de moins de 5%... alors que les méthodes d'inventaire de population de gibiers comme le chevreuil ne peut pas atteindre cet intervalle de confiance à moins d'y investir des sommes colossales. Il faut se demander si on a besoin d'une précision de moins de 5%... on veut connaître l'ordre de grandeur de la population de chevreuil, pas le nombre exact. Pour la gestion de la chasse, il n'est pas important d'avoir un nombre juste mais il faut savoir si nous sommes en abondance, en population moyenne ou en faible population et connaître la tendance en cours (augmentation, régression, stabilité). Avec ça, il est possible de faire une bonne gestion du troupeau (de la manière dont elle est présentement effectuée, c'est-à-dire qu'on gère la quantité).
L'inventaire aérien peut avoir une marge d'erreur de plus de 20%... mais il peut être un peu plus précis. Il est dépendant des conditions climatiques et de l'expérience des observateurs. L'inventaire est particulièrement intéressant comme méthode dans les régions où le chevreuil ravage vraiment. Dans le sud de la province, même s'il y a quelques ravages, il y a beaucoup plus de petits groupes épars de chevreuils qui ravagent ici et là. Il est moins concentré et est donc plus difficile à compter.... on doit alors pouvoir compter sur d'autres moyens (comme les accidents routiers) pour valider ce qu'on observe du haut des airs.
Les stats d'accidents routiers sont un indice d'abondance. Plus il y en a et plus il devrait y avoir de chevreuil. Mais il faut pondérer en fonction de l'augmentation du nombre d'auto sur les routes. En 1980 et en 2008, il n'y avait pas le même nombre d'auto sur la route... si on avait la même population de chevreuil, le nombre d'accident serait quand même supérieur maintenant qu'il y a 28 ans. C'est donc un indicateur comme un autre.
Les enquêtes auprès des chasseurs, j'en ai entendu parlé mais je n'ai pas souvenir que ça se soit fait récemment... mais comme tout bon sondage d'opinion, le nombre de personnes interrogées est très faible et on peut parfaitement ne pas avoir connaissance que ça se fait, ça passe inaperçu.
Pour la question du changement de méthode si les jeunes mâles sont protégés, je ne crois pas à un changement majeur, probablement une modification des multiplicateurs utilisés pour extrapoler le nombre de chevreuils à partir des accidents.... de toute manière, ils doivent périodiquement les modifier à mesure que le parc automobile augmente.
Pour bien évaluer la population de chevreuil, il faudrait pouvoir compter sur les trois méthodes: l'inventaire aérien pour compter, les accidents routiers et les enquêtes postales pour valider. C'est la conjonction de tout ça qui fait que les "moyennes" sont fiables.
Tout ça, c'est ce que j'ai entendu de la part de fonctionnaires impliqués dans la gestion du chevreuil, soit par mes cours de gestion de la faune ou par mes lectures... pas par expérience donc je peux me tromper.
Dans le fond, on voit de temps en temps sur le Forum que des chasseurs trouvent que l'évaluation du cheptel laisse à désirer... mais il faudrait avant tout se demander ce qu'on a besoin comme précision de données pour gérer le chevreuil à l'échelle d'une zone... ex: 25000 chevreuil plus ou moins 5000? ou 24581 plus ou moins 954??? Qu,est-ce que la précision supplémentaire viendrait nous donner comme gain dans la gestion du chevreuil par rapport au coût pas mal plus élevé pour obtenir le gain? De plus, on associe l'émission de permis de femelle trop élevée à notre goût à une mauvaise évaluation du cheptel... mais peut-être justement que le cheptel est bien évalué et que c'est simplement le "pouquoi" que les permis sont émis qui n'est pas bien expliqué. Une chose que je souhaites pour le prochain plan est que celui-ci soit bien expliqué et que les décisions de gestion prises dans le futur (nbr permis de femelle, ect.) soient expliqués et mis en lien avec le plan de gestion... encore faut-il qu'on se donne la peine, comme chasseur, d'aller consulter cette information et nos plans de gestion.
C'est mon petit grain de sel (j'espère pas "grain de sable..
) sur la question. Si vous avez des opinions différentes, faut pas vous gêner, je suis très ouvert! .... et intéressé par la question!!!