Qui n’éprouve pas un brin d’excitation lors de la découverte d'un bois de chevreuil, ou encore mieux, de la paire ? Eh bien, laissez-moi vous dire que malgré des centaines de ces trouvailles à travers les années, je me retrouve de nouveau en enfance à la vue d’une. Chaque bois trouvé fait virer les rouages de l’imagination. Malgré ce fait, les panaches récoltés ont une histoire réelle…celle d’un buck sur votre territoire de chasse. Malgré la panoplie de techniques et d’outils utilisés aujourd’hui dans le but d’observer des bucks matures sur vos territoires de chasse, rien n’est aussi excitant, à mon avis, que la chasse aux panaches. Vous me direz sans doute que les caméras de type de surveillance sont indispensables. Eh bien, je suis d’accord que ce type d’appareil est utile mais il l'est davantage lorsqu'il est utilisé en complément aux autres techniques d’aujourd’hui.
L’envergure d’un grattage, le diamètre des arbres sur lesquels le buck s’est frotté le panache pour délimiter son territoire, la grosseur des pistes, tout ça ne sont que des indications potentielles de la présence d’un buck mature sur votre territoire. À mon avis, il n’y a que quatre façons d'avoir la certitude de la présence d’un buck mature sur votre territoire, soit :
de l’avoir vu en automne lors du pré-rut ;
de l’avoir photographié à l’aide d’une caméra de surveillance ;
pour ceux qui nourrissent dans la cour arrière, de l’avoir observé après la saison de chasse ;
et finalement, d’avoir trouvé son panache au printemps.
Malgré que le gros du rut se termine aux alentours de décembre, il m’est arrivé à plusieurs reprises de trouver des panaches sur des sites d’appâtage délaissés à la fin du même mois. Il serait donc avantageux de revisiter vos sites, ou même de continuer d’appâter légèrement durant la saison hivernale. Les bucks après le rut se nourrissent à plein afin de se réapprovisionner de l’énergie perdue durant la période amoureuse. Maintenir un site d’appâtage permettra de tenir les bucks occupés sur votre site, vous donnant ainsi une opportunité de trouver des panaches.
Personnellement, j’aime mieux pratiquer la chasse aux panaches le printemps quand il ne reste que quelques centimètres de neige au sol, c’est à dire entre le mois de mars et mai. De plus, la température est un peu plus agréable, ce qui me permet de demeurer plus longtemps à faire mes recherches sans avoir trop chaud ou froid. Les panaches sont très visibles dans la neige, le soleil reflète sur leur couleur plus foncée les rendant ainsi plus visibles. Les panaches des cervidés sont une bonne source de calcium et ils font la convoitise des rongeurs, alors n’attendez pas trop longtemps avant d’entamer votre prospection.
Les sentiers de transitions
Tout comme nous, les chevreuils ont une chambre à coucher et un garde-manger, il suffit donc de trouver ces deux éléments et de découvrir l’allée et venue des chevreuils entre ces deux points. À titre d'exemple, les ravages offrent cette opportunité et il serait bien d'explorer ces mines d’or. Mais soyez courtois, abstenez-vous de déranger le chevreuil durant cette période et y retourner le printemps serait une bonne idée. Les hivers à température clémente avec peu de neige, ça se voit de plus en plus. Les ravages sont donc moins utilisés à ce moment-là. Il serait donc avantageux de découvrir les sentiers menant aux garde-manger et les jeunes bûchers offrent ce genre d’opportunités. Dans mon coin de pays, les chevreuils ne ravagent pas puisque l’ouest Canadien n’offre que très peu de neige avec température très froide sur des périodes de 2-3 mois. Ainsi les garde-mangers sont très faciles à localiser. L'on peut penser, à titre d'exemple, aux secteurs de transition entre la forêt et les terres agricoles contenant de la luzerne ou du grain.
Les clôtures
Je ne peux m’empêcher de discerner chez vous un brin de scepticisme. Eh bien oui, les clôtures offrent la chance de récolter des panaches puisque les chevreuils aiment bien se frotter les bois sur les piquets lorsqu’elles sont prêtes à tomber. Il ne faut pas oublier que le panache est un item quand même assez encombrant sur la tête d’un chevreuil. J’ai découvert plusieurs panaches longeant des clôtures et lorsque les bucks les franchissent et que le panache est sur le point de céder, le choc du saut suffit parfois à les faire tomber. Alors ne négligez pas ces endroits productifs.
En d'autres mots : “transition du garde-manger”. L’abords des champs offrent des opportunités incroyables de trouver des panaches puisque 35% de mes récoltes se font dans ces secteurs. Je concentre alors mes efforts tôt le printemps dans ces endroits où le soleil fait fondre la neige plus rapidement.
Les balles de foinJe ne laisse rien au hasard dans ma quête. Après m’être concentré sur les abords des champs, je me retrouve sur mon VTT pour faire de la prospection dans le champ même. Il m'arrive fréquemment de trouver des panaches en plein milieu. Les fermiers ont parfois l’habitude de laisser leurs balles de foin dans les champs jusqu’au printemps. Lors d’une occasion toute particulière, j’ai trouvé un côté de panache logé dans une balle de foin ronde. J’ai trouvé ça hors de l’ordinaire, mais parfois les places les plus inusitées offrent des opportunités.
Les lignes de coupe fraîches donnent l’opportunité aux chevreuils de se créer de nouveaux sentiers et les jeunes repousses qu’elles contiennent offrent un choix alimentaire des plus variés à la survie de tout buck en voie de rétablissement du rut. Alors ne négligez pas ces endroits
potentiels
Les parcelles de bois sale
Ce n’est pas toutes les parcelles de bois sale qui contiennent la chambre à coucher d’un buck
mature. Mais si ces parcelles font partie intégrante de votre territoire de chasse, il serait à
votre avantage de les visiter. Cela vous permettrait d’ailleurs de confirmer la présence ou non d’un buck en plus de vous donner la chance de, peut-être, trouver des panaches.
Les jeunes bûchers
Pour ceux qui ne chassent qu’exclusivement dans les forêts à essence mixte entrelacées de bûchers relativement jeunes, et bien quelle belle opportunité que vous avez. À mon avis, ce sont les meilleurs endroits pour découvrir de beaux panaches trophées. Ce genre d’environnement offre, selon moi, les meilleurs garde-mangers disponibles pour le chevreuil.
Techniques de recherche
Lorsque vous trouvez juste un côté de panache, le but est de retrouver l’autre côté. Alors voici les techniques que je pratique à cette fin. Ordinairement, quand un coté du panache tombe, l’autre partie est sur le point de tomber aussi. Alors, il ne suffit que de suivre le sentier dans lequel vous avez trouvez le bois. Généralement il ne sera pas bien loin et personnellement, je les retrouve à une distance de 30 à 150 mètres. Il arrive à l’occasion que l’un d’entre eux semble introuvable. Retournez à votre point de départ et faites un parcours en spirale en agrandissant votre champ de prospection. Si vous avez un copain qui vous accompagne, cherchez à deux, ça rend la vie un peu plus facile.
La couleur du panache trouvé est importante afin de déterminer si c’est un bois frais ou un bois âgé de plusieurs années. Les bois récents auront une couleur foncée et garderont, même parfois à leur base, des débris causés par l’habitude du buck à frotter les arbres. Les bois âgés auront une apparence délavée et blanchâtre causée par la pluie et le soleil. Dans les endroits humides, ils auront une apparence délavée accompagnée de vert de gris.
Conclusion
La chasse aux panaches n’est pas une science exacte. Trouver des panaches sur votre territoire de chasse ne garantit en rien que vous allez voir ou récolter ce même buck lors de votre prochaine saison de chasse, mais c’est une très bonne indication que ce buck parcoure votre secteur. Comme vous le savez bien, il y a un certain nombre de bucks matures qui ne survivent pas à l’hiver. La saison du rut rend la vie bien difficile aux bucks maîtres de leur territoire. Mais si vous récoltez leur panache au printemps, il y a de bonnes chances que votre buck soit encore en vie.
Faire la récolte des panaches est une technique que je dirais, assez méconnue. À mon avis, elle devrait faire partie intégrante de vos techniques de prospection. De plus, ça vous donnerait l’occasion de renouer votre amitié avec la nature et de vous garder en santé. Si vous pratiquez le rattling, il n’y a rien de mieux qu’une vraie paire de bois. Les bois âgés seront d'une couleur délavée et souvent accompagnés de vert de gris.
La chasse aux panaches n'est pas une science exacte, mais elle complémente parfaitement les autres techniques de "scouting" que l'on retrouve dans le monde de la chasse d'aujourd'hui. De plus, quelle belle façon que de se tenir en santé.
Dominic Imbeau