J’ai commencé à prospecter, en juillet, pour voir vraiment la variété de mâles que j’avais sur mon territoire. Mes salines étant déjà préparées, il était venu le temps de la prospection de mes secteurs de chasse.
J’ai plusieurs endroits et la plupart de ceux-ci sont très fréquentés. La pression de chasse est forte et même très forte.
Ma prospection me fait découvrir des mâles matures et plusieurs femelles. Sur un de mes territoires, mes salines étaient toutes visitées et surtout une en particulier que j’avais testée en versant un gallon de sauce soya. Je peux vous assurer que c’était pas des «chinois» qui venaient la visiter. C’était hallucinant de voir le nombre de traces.
J’avais mon vieux 13 pointes que je n’ai pas revu. Il est probablement devenu le fantôme des lieux. Même en faisant le plus attention, il ne suffit que d’une seule petite erreur. Je me souviens, après m’être posé la question des milliers de fois, que j’avais oublié de neutraliser une seule fois mes bottes et d'avoir visité un peu trop souvent ma saline.
L’erreur est humaine et c’est sur le terrain que l’on apprend. À l’ouverture de la saison de la chasse à l’arc, deux magnifiques mâles de 13 et 10 pointes se tenaient dans mon secteur. Le premier matin, je me dirige à mon mirador une heure à l’avance. Je savais qu’ils étaient dans le secteur car je les avais filmés.
L’adrénaline était au rendez-vous. J’avais pris toutes mes précautions. J’avais lavé mes vêtements avec un savon ultra violet, mon corps et mes cheveux avec un savon contre les odeurs. J’avais mis aussi du désodorisant knight&hale. Sur mes vêtements, de la senteur de conifère naturel de mon secteur et de l’urine de chevreuils de mon secteur que j’avais prélevé sur la neige en laissant évaporer l’eau avant de la mettre dans les bouteilles que je vaporise ensuite sur mes bottes et sur des tampons que je place de chaque cotés de moi pour cacher les odeurs.
Une fois rendu, en marchant le plus silencieusement et en leur faisant croire avec mon appeau, que j’étais un veau rendu à mon mirador. La lueur du ciel était encore présente. J’entendais l’un d’eux se frotter le panache contre un arbre. J’essayais de le voir. Quelques minutes plus tard, je l'entrevois qui marchait dans ma direction. C’était bien lui, par sa démarche et son coffre que je voyais à peine. Il était à 25 mètres de moi. Je me positionne en regardant dans mon œilleton. Il faisait sombre, je n’ai pas pris de risque. Je ne suis pas sûr de mon tir, je décide de relâcher mon arc et je le regarde partir tout doucement. Les jours suivants, avec les chaleurs et les déplacements des chasseurs du coin, les mâles ont commencés à se disperser. Je voyais régulièrement des femelles, des petits mâles et ma petite femelle albinos.
Le temps a passé et j’ai attendu l’ouverture de la nouvelle saison de chasse à la poudre noire dans la zone 7. L’ouverture débute et on se croyait à la chasse au canard. Les jours suivants, je ne voyais que des femelles. J’ai décidé, avec mon chum, d’aller prospecter un secteur très sale où l’on pouvait soupçonné la présence de mâles.
Une ligne de grattage longeait le bord du boisé. Les mâles sortaient seulement lorsqu’ils voyaient les femelles sortir dans le champs. J’avais eu le temps de les observer de loin pour assurer notre succès. Le temps venu, un après-midi, j’ai fait deux lignes de grattages. Mon procédé consiste à prendre de l’urine de femelle avec hormones en gel que j’applique sur un tampon que je laisse traîner sur le sol. Ensuite, avec le contenant de la bouteille, j’en dépose sur les branches en accentuant la dose jusqu’à ma cache. Je dépose ensuite le tampon que je j’imbibe de nouveau d’urine sur une branche à 25 pieds de ma cache. La stratégie a réussie. La première femelle est sortie pour aller dans le champs. Quelques instants après, un mâle est sorti et a capté la ligne d’odeur que j’avais préparée pour ensuite finir sa course sur mon tampon. J’étais fier de ma chasse, ce n’était pas un gros sept pointes mais je ne l’avais pas volé.
Dans ce même secteur, on a réussi à récolter quatre mâles au fusil à la poudre noir et une femelle à l’arc. Je peux vous dire que peux importe la grosseur du chevreuil que je récolte, ça va demeurer pour moi un trophée.
Richard Thibault