Les chevreuils ne sont pas tous sur les panneaux... la prudence est de mise !
Hier soir, en revenant de Québec, je pensais à la rédaction d’un article pour Chevreuil.net concernant la prévention d’accidents d’autos liés au Cerf de Virginie et je me disais que le temps n’était pas bien choisi puisqu’il est reconnu que les périodes dangereuses se situent davantage en juin et novembre. En prenant la première sortie pour Drummondville, je remarque deux silhouettes de chevreuils dans le fossé. Ma curiosité de chasseur me fait ralentir pour savoir si c’était des bucks quand un des deux décide de narguer mon véhicule. Quelques bonds lui ont suffi pour traverser la route. Sans une attention particulière, il aurait été fort possible que mon «sidekick» fraîchement peinturé depuis deux jours aurait été bon pour une nouveau «lifting».
Le Ministère du transport du Québec a instauré de nouveaux panneaux indiquant que les animaux ne sont pas toujours sur les panneaux. Après un bon café matinal, j'ai donc décidé de prendre la route pour aller photographier ce fameux panneau. Quoi de mieux que l'autoroute 55, direction Sherbrooke. Un secteur à haute densité de chevreuils et une circulation très vive.
Après quelques 40 kilomètres, aucun panneau recherché en vue bien que la Cabane à sucre à Ti-Père soit annoncée à deux reprises. Probablement que l'aspect économique l'a remporté sur la prévention ou que le Ministère des transports essaie de faire des économies, bref à vous de juger. Je voulais bien agrémenter cet article de ce fameux panneau et j'ai du me résoudre à rebrousser chemin si je voulais tout au moins y consacrer du temps au contenu. Les vacances, c'est pas juste pour travailler sur notre site web, me dis-je !
Sur le chemin du retour, quel bonheur ais-je eu en apercevant le fameux panneau. Clic et le sentiment du devoir accompli s'empara de moi. Bien qu'il soit vrai que les chevreuils ne sont pas toujours sur les pancartes, j'ai du me résoudre à comprendre qu'ils se déplaçaient plus en direction de Drummondville qu'en direction du Sud. La migration du chevreuil vers le nord est donc confirmée !
Trêve de plaisanterie, le nouveau panneau de signalisation du MTQ est très bien fait et il ne faut pas prendre cet avertissement à la légère.
Voici trois photos qui m'ont été transmises par monsieur Sylvain Richer, un internaute qui a trouvé ces photos sur le web. Ce n'est pas des photos très jolies à regarder mais la vraie vie c'est aussi ça ! C'est à faire réfléchir !
Quelques statistiques :
Voici quelques statistiques concernant la région de l’Estrie qui m'ont a été transmises par Madame Lyne Vézina, gestionnaire responsable du Service des études et stratégies en sécurité routière de la Société d’assurance automobile du Québec:
Nombre d'accidents et de victimes, 1990-2000 |
Genre d'accident : véhicule routier et animal |
Détail par région, nature des dommages et gravité des blessures |
Région administrative ESTRIE(05) |
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Société de l'assurance automobile du Québec, 2001
|
La SAAQ ne peut nous indiquer le nombre d’accidents routiers liés spécifiquement au Cerf de Virginie. Cependant, la FAPAQ indique que pour les régions de chasse 4,5, 6 et 7, la mortalité de Cerfs de Virginie par cause d’accident routier se chiffre à 659 pour la période du 1 janvier au 31 décembre 2000. (Pour plus de détails : visitez le site de la FAPAQ :
http://www.fapaq.gouv.qc.ca/fr/faune/gros_gibiers_2000/autres_causes_2000.pdf).
C’est au Ministère des transports du Québec que l’on peut obtenir plus d’informations sur les collisions avec le cerf de Virginie. En effet, selon le MTQ, l’Estrie est la région du Québec où la part des accidents impliquant un animal est la plus élevée dans l’ensemble des accidents.
Le plan de transport de l’Estrie du MTQ signale que, « La problématique des accidents impliquant un animal est sérieuse en Estrie. En 1997, 26,0% des accidents survenus sur le réseau supérieur et 6,3% des accidents sur le réseau local impliquaient des animaux, la presque totalité étant des cerfs de Virginie. De plus, lorsque on enlève du calcul les données concernant le territoire urbanisé de la grande agglomération de Sherbrooke, la part des accidents de ce type dans l’ensemble des accidents survenant sur le réseau supérieur grimpe à 30 %, soit environ un accident sur trois.» Sur le réseau routier du MTQ en Estrie, il y a eu 1019 collisions avec un cerf de Virginie sur 3923 accidents toutes catégories.
(Pour plus de détails : visitez le site de du MTQ : http://www.mtq.gouv.qc.ca/regions/estrie/diagnostic/plan_diagnostic.pdf)
L’accroissement des accidents de la route peut s’expliquer par plusieurs facteurs tels que l’accroissement du cheptel, du parc automobile, des déplacements routiers et de la population dans les régions périurbaines.
Les collisions avec les Cerfs de Virginies surviennent principalement en juin et en octobre-novembre. Ces collisions présentent un faible taux de gravité et la très grande majorité des cas, l’on peut constater des dommages matériels qui font le bonheur des entreprises de peinture-débosselage. Il ne faut surtout pas croire que les collisions doivent être prises à la légère. Des accidents mortels peuvent survenir et la prudence doit être de rigueur. (vo
La problématique de collision avec le cerf n'est pas exclusif au Québec. En suisse, des systèmes d’avertissements électroniques ont été testés et les résultats semblent prometteurs. (Pour plus de détails, voir http://www.wild.unizh.ch/winfo/winfo_pdf/finfo021.pdf
Des clôtures électrifiées contre les collisions cerfs-automobiles :
Le 11 mai 2003, Anne-Louise Champagne, journaliste au quotidien Le Soleil écrivait un article bien documenté sur les les collisions cerfs-automobiles. Elle indiquait, à juste titre, que l'on dénombrait 5 000 accidents impliquant le Cerf de Virginie. Elle faisait état également que le Ministère du transport (MTQ) implantait une nouvelle technologie pour conter ce fléau. Il s'agit de clôture électrifiée. En effet, Marius Poulin, chargé de projet au MTQ a entrepris une série d'étude sur le sujet.
En octobre 2002, cinq kilomètres de clôture électrique ont été installées près du Lac Tourangeau dans le nord de la réserve des Laurentides. Monsieur Polulin s'attend que les collisions soient réduites de 80 % avec l'installation de telles clôtures. Le courant électrique doit être au moins de 5 000 volts pour causer un choc à l'animal mais pas assez pour blesser un animal ou une personne. L'objectif étant de dissuader l'animal de sauter au dessus de la barrière qui ne mesure que 1,5 mètre de hauteur. Rappelons finalement que le coût est d'environ 18 000 $ du kilomètre comparé au coût d'une clôture traditionnelle qui coûte environ 30 000 $ du kilomètre.
Souhaitons que ce projet puisse avoir du succès et que nos routes où les collisions sont nombreuses soient plus sécuritaires dans un proche avenir. Félicitation à Monsieur Poulin et au MTQ !
Quelques conseils provenant d'un article de Joanne Labelle du MTQ paru dans le magazine Pensez-y bien de mars 2002 :
Soyez principalement attentifs dans les secteurs où la visibilité est réduite en raison de courbes, de pentes ou de végétation dense en bordure de la route.
Ralentissez immédiatement si vous devinez la présence de cervidés; ces animaux sont nerveux et imprévisibles et peuvent très rapidement surgir sur la chaussée ;
En actionnant vos freins à plusieurs reprises, signalez leur présence aux conducteurs qui vous suivent. N'effectuez jamais de manoeuvre brusque pour tenter d'éviter un cervidé au dernier moment car un accident beaucoup plus sérieux pourrait en résulter ;
Dans la plupart des cas, lorsque la collision semble imminente, ralentissez et freinez progressivement. Dans le cas du cerf de Virginie, il vaut souvent mieux heurter l'animal que de chercher désespérément à l'éviter.;
Ne vous fiez pas aux sifflets à chevreuil disponibles sur le marché pour assurer votre sécurité, votre meilleur atout demeure une conduite préventive ;
Source de l'article sur le web : http://www.msp.gouv.qc.ca/coroner/burecoro/publicat/avis_juin2002.pdf
Une internaute assidue de chevreuil.net nous a transmis une de ses expériences. Je vous prie de croire qu'effectivement, son témoignage vous fera réaliser que la prudence est de mise.
«Bonjour Pierre,
Je suis d'accord avec un bon nombre de points que j'ai lu dans ta page ... Malheureusement, les gens en général ne ralentissent pas à l'approche de zones où le chevreuil est présent à moins qu'ils aient eu la peur de leur vie. C'est ce qui m'est arrivé il y a 2 ans.
C'est dans une zone de 90 km et en descendant une côte à la sortie de Rawdon dans Lanaudière. Dans ces alentours, soit Ste-Julienne, St-Liguori et Chertsey, il y a de nombreuses zones de ravages d'hiver et, de mi-octobre à fin avril, on peut en voir un nombre incroyable de chevreuils. Bref, je descends la côte et, je me méfie toujours, c'est la troisième semaine d'octobre... Tout d'un coup, je vois une femelle qui traverse devant moi à environ 100 pieds... je la regarde, j'ai le temps de ralentir et elle ne constitue pas un danger. Je la suis des yeux un peu plus loin et, tout d'un coup, je vois une ombre qui bouge à ma gauche et qui se jette littéralement devant moi.. .je freine ''AU FOND'' et, finalement, son flag effleure le côté de ma voiture (c'est le seul coin propre de ma voiture).
Étant arrêtée, les genoux s'entrechoquant, je ne repars pas immédiatement et je le regarde s'éloigner, car, sur le coup, j'étais certaine de lui avoir cassé les pattes arrières, et bien non, ouf!!! Non mais....c'était au moins un 11 pointes que je pouvais compter... imaginez-le dans mon pare-brise... Je décide donc de repartir ... en mettant le pied sur l'accélérateur, il en sort un autre (un jeune)!!!! Étant donné que je suis dans sa ''trail'', il saute littéralement dans ma fenêtre de gauche. À la dernière minute, il fait un saut de côté vers l'arrière du véhicule, saute l'autre côté et pars rejoindre les 2 autres. C'est trop, je me range sur le côté et attends de me calmer....tout en les regardant aller en zigzagant... trois ''flag'' qui se promènent....c'est très beau et très énervant...sur la route.
Si je vous conte ceci, c'est que j'espère qu'un jour les gens vont comprendre que dans ces zones, on doit ralentir. Arrêtez de suivre la voiture qui vous précède au derrière en le poussant à aller plus vite. Je savais que c'était dangereux et moi, j'ai ralenti...sinon j'aurais sûrement frapper le 2e. De plus, pendant que c'est arrivé, il est passé deux voitures en sens inverse. Mais, étant donné que la côte est abrupte, ils ne pouvaient aller trop vite et ont passé entre les chevreuils. Heureusement que personne ne me suivait. J'y ai pensé par la suite... Prendre 3 minutes de plus pour son trajet ne peut être bien grave.
Dernière information: un ami qui est policier à la Sûreté du Québec dans ce secteur m'a dit que, dans la période de octobre et novembre, et même décembre, s'il n'y a pas encore de neige ou peu, ils avaient des appels pour chevreuils frappés par des voitures au moins 2 par jour...et ce n'est que ceux que les gens rapportaient...¨Ça diminue un cheptel....»
Michèle
Si vous habitez une région à forte population de chevreuil et que vos amis vous visitent, transmettez leurs notre page web avec un petit mot de bienvenue et un conseil de faire attention. Il vous en serons reconnaissant.
Gardez votre argent pour la chasse ou pour faire plaisir à votre blonde !
À l'automne et hiver 2002, le sondage de Chevreuil.net a donné les résultats suivants :
À la question : Connaissez-vous personnellement quelqu'un qui a été impliqué dans un accident automobile impliquant un cerf de Virginie ?
Les résultas sont :
Oui | |||
254 votes ! (67.4%) |
|
||
Non | |||
123 votes ! (32.6%) |
|
||
Autre lien à visiter : Vidéo tourné par Acadie.net
Pierre Chabot, www.Chevreuil.net
19 août 2002
Pierre Chabot