Deux parties s'opposent sur la question du registre. Une partie, composé de militants en faveur d'un registre qui défend sa position sur le fait que celui-ci permettra essentiellement de diminuer la violence faite aux femmes, d'améliorer la sécurité publique et devenir un instrument utile pour la prévention du suicide. Parmi ces militants, mentionnons notamment la Coalition pour le contrôle des armes à feu. Cet organisme milite activement pour qu'un registre des armes à feu s'implante au Québec. Parmi les arguments cités par la coalition, citons en quelques-uns :
« Les armes à feu ne sont pas uniquement utilisées pour tuer, elles sont aussi utilisées comme un outil coercitif, pour intimider, blesser et soumettre des femmes victimes de violence. Un coup de feu ne doit pas nécessairement être tiré pour infliger des dommages psychologiques et les armes à feu occupent une position importante dans le cycle de violence envers les femmes et les enfants. Les tendances concernant l'utilisation des armes à feu dans des situations de violence conjugale ont été bien documentées et incluent souvent des comportements tels que tirer sur l'animal domestique comme avertissement ou nettoyer une arme durant une dispute. »
Autre élément cité par la Coalition,
« Une étude canadienne réalisée au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince-Édouard sur la violence familiale en milieu rural a révélé que deux tiers des femmes disent qu'il y a des armes à feu à la maison et que, de ce fait, elles sentent leur sécurité et leur bien-être menacés. Cette étude a également révélé qu'il existe une corrélation entre la peur des femmes victimes de violence conjugale et la présence d'armes à feu au domicile surtout si les propriétaires n'ont pas de permis, si les armes à feu sont chargées en tout temps et si elles ne sont pas entreposées de façon sécuritaire. »
L'intention de la Coalition bien que louable ne nous persuade nullement de l'efficacité d'un registre pour contrer la violence et l'intimidation faite aux femmes ou personnes en situation de vulnérabilité. La personne qui a une arme d'épaule enregistrée ou non peut avoir des comportements inappropriés et non sécuritaires pouvant compromettre la sécurité de sa famille et de lui-même. Le registre n'a aucun pouvoir sur la sécurité du maniement et de l'entreposage des armes à feu. Le registre n'a pas non plus, le pouvoir de contrer la violence faite aux femmes ou aux personnes en situation de vulnérabilité. Un registre n'est pas une potion magique pour contrer les maladies mentales. Et en ce qui a trait à la prévention du suicide, le registre ne peut pas y faire grand-chose également. Que l'arme soit enregistrée ou non, cela ne changera pas les options d'un criminel ou d'un suicidaire. La condamnation du Dr.Turcotte qui a tué ses enfants à l'aide d'un couteau et qui a tenté à sa vie à l'aide d'un antigel met bien en perspective qu'une personne mal intentionnée utilisera les moyens nécessaires pour réaliser ses méfaits avec ou sans registre d'armes d'épaules. C'est tout comme si lors d'un accident d'auto, on blâmerait le véhicule plutôt que le conducteur.
On pourrait penser à la mise en place d'un registre accompagné d'un renouvellement périodique à court terme et accompagné d'une prescription médicale pour en autoriser la possession et l'utilisation d'un arme d'épaule pourrait peut-être avoir un effet sur le taux de suicide. Même un tel système aurait ses failles notamment quant à la prédiction du passage à l'acte. D'autre part, peut-on imaginer les coûts d'un tel système et l'engorgement que cela provoquerait au niveau du système de santé ?
Autre argument invoqué par les tenants d'un registre :
« Quand ils ont le nom de la personne ou l'adresse, les policiers peuvent déjà savoir si elle a un permis d'armes à feu. Donc, ils savent que la personne peut être en possession d'armes »
Au Québec, pour être un chasseur à arme d'épaule, vous devez suivre obligatoirement certains cours et avoir des permis vous autorisant à la chasse. Lors de l'achat annuel des permis pour le cerf de Virginie, l'orignal, le petit gibier ou le canard, nos données sont encore fichées.
Réf. : http://www.fedecp.com/securite-nature/trouver-un-cours http://www.mffp.gouv.qc.ca/faune/chasse-peche-piegeage/certificats.jsp
Conséquemment, les chasseurs sont déjà fichés dans des banques de données provinciales et fédérales. Nous avons déjà une forme de registre qui pourrait être considérée comme suffisante pour rencontrer les objectifs visés de prévention. De plus, élément non négligeable, l'intention de mettre sur pied un registre stigmatise les chasseurs comme étant des personnes potentiellement criminelles.
Nous croyons que l'ensemble des chasseurs du Québec compatissent avec les familles des victimes du Collège Dawson et de la Polytechnique. Même avec un registre québécois, les personnes mal intentionnées désirant se procurer une arme non enregistrée auront toujours de la facilité à se dénicher une arme au Québec ou dans les provinces voisines. Ne serait-il pas mieux de dépenser ces millions de façon à améliorer les centres d'aides en matière de violence conjugale, en mesures favorisant la prévention du suicide et en campagne d'information à l'égard de la sécurité de l'entreposage et du maniement des armes d'épaules, à l'amélioration de la lutte aux gangs de rues et des bandes criminalisées.
Le lobby est puissant pour la mise en place d'un registre des armes à feu au Québec et s'y opposer est devenue risqué puisqu'Il vient à l'encontre d'un consensus politique qui ne tient que sur un point de vue émotif. C'est devenu une forme de religion où la contestation du registre est vu comme une forme d'hérésie. Heureusement, certains députés du Québec osent s'opposer au registre malgré les lignes des partis politiques. Espérons que la commission parlementaire qui se tiendra sur le projet de loi pour la mise en place d'un registre québécois permettra de démêler les éléments rationnels des éléments émotifs et que la raison prendra le dessus.
Chacun a droit à son opinion mais dans un contexte où l'expérience du registre fédéral des armes à feu a été un gouffre économique, un échec au niveau des résultats visés et où l'austérité étouffe bon nombre de québécois, ne serait-il pas plus sage de ne pas répéter l'expérience malheureuse du registre fédéral ?
Demandons à nos représentants politiques d'avoir le courage d'aller à l'encontre d'opinions qui se veulent, pour le moment, populaires et demandons leurs de ne pas céder à de telles pressions.
Nous invitons les lecteurs de chevreuil.net à signer la pétition contre le registre.
https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-5715/index.html
Pierre Chabot et Patrick Veilleux
Chasseurs et propriétaires du site chevreuil.net