J'avoue que j'étais septique, mais après plusieurs heures de lecture d'articles dans diverses revues, livres, le site chevreuil.net, ainsi que visionnement de DVD et soirées de formation, grâce à des gars comme Louis Gagnon et Luc Brodeur qui m'ont fait connaitre cette gestion et cette mentalité aujourd'hui je ne peux que les remercier d'avoir partagé avec nous cette philosophie.
Si on recule de quelques décennies, les cheptels de chevreuil étaient à un niveau très bas au Québec et au États-Unis. Pour aider à accroître le nombre de chevreuils, la Loi du mâle fut instaurée. Aucun prélèvement de Cerf sans bois et un minimum de 7 cm pour les bois du mâle constituaient les règles de la récolte. Après plusieurs années à appliquer cette gestion, ici et aux États-Unis, les cheptels de chevreuil se sont mis à augmenter de façon graduelle et cela fut accueilli avec joie par les chasseurs qui, quelques années auparavant, réussissait difficilement à prélever leur chevreuil.
Après plusieurs années à appliquer ce même règlement un problème commençait à jaillir soit une explosion des cheptels. On continuait de prélever que des mâles ce qui amena comme résultat un débalancement du ratio mâle femelle presque partout au Québec. Par contre, dans certains états, nos voisins du sud ont vu venir le problème et on agit avant que les cheptels soient trop débalancés. Ils ont autorisé le prélèvement de femelles et ont éduqué leurs chasseurs à mieux gérer leur territoire de façon à ce que le ratio mâle femelle soit plus équilibré, c'est-à-dire, environ un mâle pour une ou deux femelles dans un habitat qui n'aurait jamais connu une pression de chasse. Rappelez-vous ici au Québec, lors de l'ouverture d'une nouvelle zone qui n'a jamais été chassée à l'arme à feu (ex : zone 7 et la zone 8 EST) les mâles matures étaient présents en quantité et de beaux bucks y étaient récoltés lors des premières années.
Un cheptel débalancé en faveur des femelles est un cheptel que je qualifierais de « malade ». Je m'explique. S'il est débalancé, plusieurs anomalies apparaissent. Des mâles d'un an et demi qui s'accouplent, des femelles qui tombent en chaleur une deuxième fois puisqu'il n'y a pas assez de mâles pour les féconder lors du premier rut ce qui cause des naissances de faons tardives. Ces faons que l'on voit en septembre, tout petit avec encore leurs picots blancs. Ces faons qui sont nés plus tard n'ont pas eu la meilleure qualité de nourriture disponible en juin et il resteront plus petit, plus faible et souvent, ce sont eux que nous trouverons morts à l'hiver, trop faibles pour passer au travers de leur premier hiver. Et ce, c'est sans compter le nombre de femelles qui n'auront pas été fécondées dû au manque de mâle disponible sur leur territoire. D'ailleurs, des femelles matures refusent souvent d'être accouplées par de jeunes mâles. La nature est ainsi faite pour assurer une bonne génétique. On entend souvent l'expression de « femelles stériles » depuis quelques années. Il faudrait plutôt envisager l'idée du manque de mâles pour servir ces dames.