Plusieurs indices peuvent nous venir en aide, entre autres les traces laissées par les mâles (frottages, grattages, souilles, etc.), mais aussi les différences physiques qui distinguent le mâle de la femelle. Certains de ces traits physiques se reflètent dans leur manière de marcher, ce qui, lorsque l'on porte attention, nous indique clairement si nous avons affaire à un mâle ou à une femelle.
Automne 2004, nous en sommes à notre troisième journée de chasse. Accompagné de mon client, je marche en pleine forêt quand soudain j'entends au loin une femelle qui « dialogue » avec ses congénères. J'arrête et j'écoute… j'entends encore la femelle. Je prends ma boussole et je la pointe en direction des appels que je viens d'entendre. Après avoir marché plusieurs mètres sur cet azimut, j'aperçois une « masse noire » qui se trouve à environ 60 mètres de moi. Le fait d'être en pleine forêt me donne bien du mal à analyser cette tache noire. J'en suis à la regarder quand un orignal apparaît devant moi et s'arrête. Malheureusement, je ne vois pas la tête de l'animal, je ne suis donc pas en mesure de permettre à mon client de prendre un bon tir. Cependant, je doute fort bien qu'il s'agit d'une femelle car, à voir la dimension imposante de la bête, je devrais apercevoir le panache lorsque l'animal bougera la tête. Soudainement, une autre femelle trotte devant nous, s'arrête et se met à faire des cris d'alarme. L'adrénaline de mon client se met naturellement à monter lorsque la « plaque noire » du début se met à bouger en descendant vers la femelle alarmée. Pendant ses déplacements, j'entends un son de corne qui frotte contre une branche, ce qui m'indique que nous sommes bel et bien en présence d'un mâle. Peu après, l'orignal se montre à découvert et se place bien de côté, permettant à mon client de tirer l'animal et de le récolter.
Ce que j'ai volontairement omis de vous dire, c'est que j'avais repéré ces trois orignaux la veille grâce au cri du hibou. Le jour même de la chasse racontée ci-haut, j'ai constaté que ces trois orignaux avaient quitté ce secteur pendant la nuit pour marcher environ un kilomètre dans un chemin forestier. Ils l'avaient ensuite quitté pour se diriger en forêt vers un autre endroit où ils pourraient lequel les orignaux se dirigeaient, j'avais pu le localiser grâce à ma carte écoforestière qui me suit toujours lors de mes excursions. Lorsque j'ai vu les empreintes des trois orignaux dans le chemin, j'ai dit à mon client qu'il s'agissait d'un mâle et de deux femelles. C'est d'ailleurs pour cette raison que ces orignaux ont capté mon attention et que nous sommes partis à leur recherche. Le fait de prendre conscience de la présence d'un mâle dans notre secteur nous met en confiance et, de cette façon, nous n'avons plus le sentiment de perdre notre temps à chasser une ou des femelles lorsque celles-ci ne sont pas permises. La façon de reconnaître le sexe d'un orignal par l'empreinte est simple et logique. Voici comment procéder.
Certains petits détails à remarquer
Il y a des indices qui n'ont pas nécessairement rapport avec l'empreinte, mais qui sont très importants pour l'identification du sexe. Pendant le rut, les mâles ont tendance à se manifester assez souvent. Tout en suivant une empreinte, si vous remarquez la présence de jeunes arbres cassés, de frottages, de grattés, même de souilles ou encore de branches cassées venant de nulle part (branches qui se retrouvaient sur le panache et qui tombent soudainement par terre), il est évidemment facile de déduire que nous sommes en présence d'un mâle. Il reste que ces détails n'apparaissent pas automatiquement après avoir suivi la trace d'un orignal sur une distance quelconque. Pour cela, nous devons trouver une autre façon pour confirmer l'identité du gibier que nous traquons.