Vous savez, le Canada est le plus beau pays au monde, non seulement par sa beauté, mais par sa diversité faunique. Chaque province offre une opportunité quelconque pour plaire à la majorité des citoyens Canadiens. Je ne m’étendrai pas sur ce que chaque province a à offrir, mais je peux vous dire que la Saskatchewan offre les meilleures opportunités de récolter un chevreuil mature d’envergure impressionnante. Bref, la Saskatchewan est le paradis du chevreuil…mon paradis.
À chaque année, j’ai l’opportunité d’accueillir quelques-uns de mes amis Québécois. Il sont tous des maniaques de chevreuil, au début, pour eux, la grosseur du panache leur importait peu, la viande étant la raison principale de leur visite. Il y a maintenant 6 ans que je m’efforce de leur faire réaliser l’importance d’un aménagement sein au niveau du cheptel. Avec le temps, je réalise que mes conseils n’ont pas été en vain. Étant moi-même un supporteur du QDM depuis nombreuses années, je m’aperçois que leur mentalité a complètement changer et ce, pour le mieux. Ils sont maintenant devenu sélectif quant à leur prise. Je peux le constater par la qualité des chevreuils récoltés dans notre zone de chasse. Maintenant, je crois que nos rencontres annuelles sont principalement devenues une raison de se côtoyer et la chasse nous donne cette belle occasion. Les moments que nous chérissons le plus ensemble sont ceux que nous passons autour du truck à déguster notre lunch. Les conversations sont, bien entendues, reliées à nos observations du matin.
Contrairement à bien des résidents de la Saskatchewan, nous, nous chassons les bucks de bois. La majorité des chasseurs chassent les champs entrecoupés de lisières de bois et de boisés. Les champs produisent de gros bucks à chaque année. On ne peut pas en dire autant des bucks de bois, mais, dans notre zone de chasse, les clients des pourvoyeurs en récoltent quand même des gros à faire rêver. En novembre 2002, Yves Bécotte, le père de mon partenaire de chasse Stéphane, a manqué le deuxième plus gros buck au monde, celui juste en arrière du Hanson buck. Malheureusement, ce buck à été récolté sous notre nez par un des clients de « Dunham Outfitting », voir l’histoire de « Big Buck » Magazine VOL. 15, NO. 4, Spring 2002. Ce buck s’appelle maintenant « The Adams Buck ». Le nom du chasseur est Dennis Adams et il demeure à Brewton, Alabama…maudit chanceux.
Je ne suis pas un fervent de l’appâtage, mais dans notre secteur il est nécessaire de faire de la sorte, sinon, les pourvoyeurs s’approprient nos territoires. Voyez vous, en Saskatchewan, si vous érigez un site d’appâtage, c’est la loi d’identifier votre site avec une pancarte ayant vos coordonnées, tel que: nom, adresse et numéro de téléphone. Dès que votre site est appâté et identifié, vous êtes la seule personne ayant droit de chasser sur votre site. Ordinairement, les gens respectent cette loi, même les pourvoyeurs. Par contre, si vous attrapez quelqu’un sur votre site, il est passible d’une amende sévère. Contrairement au Québec, les pourvoyeurs ici n’ont pas de droits exclusifs aux territoires qui leur sont assignés. Ces territoires demeurent toujours des terres de la couronne, donc, premier arrivé, premier servi.
La Saskatchewan offre non seulement d’excellentes opportunités de chasse au chevreuil, la province a une politique de porte ouverte pour tout chasseur non-résident canadien. Contrairement à l’Alberta, il est très facile d’y venir pour chasser. Le prix du permis est très raisonnable, soit $140. Il ne vous reste qu’à suivre les lois à la lettre et de demander la permission aux propriétaires terriens. Les fermiers sont très sympathiques et sont ordinairement très heureux de vous laissez l’accès. Dépendemment des zones, bien souvent vous ne verrez aucun chasseur lors de votre séjour.
Alors notre chasse débuta le 15 novembre, comme d’habitude, nous étions en retard. Il nous fallais rafraîchir nos sites d’appâtage (balle de luzerne avec moulé) et nous étions tous installés dès 08 :30. Moi, de mon côté, je ne suis jamais pressé de me rendre à mon site, il me semble que ça ne bouge pas beaucoup le matin dans mon secteur. Pour vous situez un peu, je chasse près d’une rivière. J’ai un site d’appâtage moins fréquenté que mes compagnons, mais je sais que l’action ne tardera pas. Dès 10 :00, un buck se présente à mon site, un jeune 10 pointes. Je le regarde et c’est tout. Lui de son côté, il n’est pas intéressé par mon appât. Il se dirige dans ma direction et s’arrête pour sentir un gratter à peine 5 mètres de moi. Il me regarde et je lui envoi la main en lui disant bonjour, j’ai maintenant son attention, j’ai le vent dans la face, alors il ne peut pas me sentir mais il passe à peine à 3 mètres de moi pour essayer de me renifler, mais sans succès. Il fait un bond, s’arrête et me regarde quelques instants et il repart à la marche dans la même direction qu’il est arrivé. Quelques minutes plus tard, à ma droite, j’entend un grunt, un autre buck. Celui-ci me fait le même manège que le premier, mais lui c’est un buck mature, un 10 pointes plus que raisonnable, mais trop petit pour moi. Je le surnomme « Red le Chinois » parce qu’il a le «toupette» roux et les yeux en amende. Alors je lui envoi la main et lui dit bonjour, au lieu de déguerpir, il demeure figé et me regarde avec ses drôle de yeux. Il renifle l’air mais comme l’autre sans succès. Ce beau buck s’est approché de moi à moins de 4 mètres. Il est finalement reparti dans la même direction qu’il est apparu. Après avoir vécu ces émotions. Je me suis levé et je suis allé prendre une marche dans un sentier très fréquenté par le chevreuil. Contrairement à bien des chasseurs, je n’ai pas de patience à demeurer au même endroit pour longtemps, j’adore la chasse fine. En revenant dans le sentier, il se faisait tard et je devais aller rejoindre mes compagnons pour la bouffe, c’est à ce moment que j’ai entendu du bruit tout prêt d’un bûché, des chevreuils qui courent dans ma direction, je me suis arrêté et j’ai attendu figé dans le sentier. Une femelle sort dans le sentier et se fige à ma vue, elle fait tout les manèges habituelles des chevreuils pour me faire réagir, mais j’étais comme une statue, le doigt sur la gâchette. J’entends un autre bruit tout prêt du bûché et je peux voire une silhouette assez impressionnante s’approcher entre les arbres. Le chevreuil ne veux pas sortir dans le sentier, c’est alors que j’ai entendu pour la première fois un drôle de son sortir de ce monsieur, un grunt suivi de plusieurs sifflements, la femelle le rejoint mais elle tient à tout prix à traverser de l’autre côté du sentier. Finalement elle sort et traverse en m'ignorant totalement, le buck suit et lorsqu'il passe devant un arbre, j’épaule nerveusement. Après plusieurs longues secondes, le buck est juste en avant de moi à moins de 15 mètres… « tabarnouche, c’est Red le Chinois ! ». Je replace mon cran de sûreté et je dirige dans sa direction, il s’est poussé à 10 mètre dans les arbres et m’a regardé passé. Je me suis arrêté et je l’ai regardé pour quelques secondes et je suis reparti.
Vers 09 :30, je croit entendre un coup de feu dans la direction de mes copains, quand j'arrive pour dîner, il manque du monde, je me dirige alors vers les autres sites pour investiguer. Yves a récolté un beau 14 pointes qui a scoré 161 7/8 (voir photo). Moi et mon copain Stéphane, nous avons déjà passé prêt de heurter ce même chevreuil en VTT la fin de semaine précédente en allant rafraîchir nos sites d’appâtage. Yves était fou comme un balais de son buck. Alors pour Yves, ça lui a donné l’occasion de passer le restant de la semaine avec ses petits enfants.
Yves avec son buck qui score 161 7/8. Le Adams Buck a été récolté 400 mètres en avant de Yves il y a deux ans. Ce site est l’un des plus fructueux du secteur. Ce buck s’est acharné à faire des grattés impressionnants et des frottages en quantité industrielle autour du site d’appâtage à Yves. C’est son plus gros à vie. Lorsque Pierre Chabot est venu appâter avec moi, c’est dans ce site qu’il a prit des photos du gros 8 pointes que vous voyez sur un de ses vidéos dans sa chronique ‘’Ma chasse en Alberta’’.
Notre territoire de chasse à une superficie de 32km carré et est constitué principalement d’essence de bois mou. À travers ce bois, il y a des transitions constantes de peuplier au pin gris et épinette rouge et noir. Plusieurs coupes intégrales ont été effectuées au cours des années. Il y a alors un potentiel énorme de sites nourriciers que nous exploitons, bien sur !
Notre deuxième journée de chasse à été ordinaire. Nous avons vu les jeunes bucks habituels. Au retour à la maison ce soir là, ma femme me dit sur mon cellulaire qu’Alain Jr. Madore est venu me payer une visite. Je lui ai offert de nous accompagner pour quelques jours et il accepta. Il a passé une journée avec moi, armé de sa caméra vidéo et de sa caméra numérique. Nous avons parlé bien entendu de chevreuil.net, mais surtout de techniques de chasse. Alain est un connaisseur de chevreuil. J’aime bien son approche vis-à-vis les odeurs. Il m’a fait voir plusieurs de ses techniques sur le terrain et il m’a expliqué sans retenue sa façon de procéder. Je crois qu’Alain est un pro et il va aller loin dans le domaine du chevreuil au Québec. Au cours de la troisième journée, mon frère Christian désirait récolter le gros 8 pointes qui se promène dans son coin. Alain décida de l’accompagner pour mettre le tout sur vidéo, mais malheureusement le 8 pointes a traversé la ligne de coupe à une telle vitesse que personne n’a eu le temps de faire quoi que ce soit.
Ce même matin, Bernard Môme, une autre membre de notre groupe fit feu sur un 10 pointes, mais il le manqua. Comme tout bon chasseur, il vérifia attentivement qu’il n’y avait pas de sang sur place. À ce moment il regarda du côté où le chevreuil était reparti et il était là à moins de 20 mètres. Ce fut un tir facile pour Bernard et le chevreuil n’a fait que quelques mètres.
Bernard Môme et son premier buck en 3 ans de chasse ici en Saskatchewan. Bernard est un chasseur émérite, il parcours l’Europe (la France, Belgique et les Alsaces) en quête de sanglier, dain rouge et le chamois. Bernard est un fervent de l’ile d’Anticosti. Nous n’avons pas mesuré ce 10 pointes, mais nous suspectons qu’il mesure dans les 140 Boone & Crockett.
La quatrième journée, Alain et moi-même avons passé la journée ensemble. Nous avions planifié de faire des sessions de rattlings dans différents secteurs. Ce matin, nous nous sommes retrouvé tout près d’un gros frottage que j’avais découvert au début de la semaine. Après quelques séances, l’endroit s’avère infructueux. Nous avons donc décidé de trouver un secteur plus propice. Après plusieurs minutes de marche, nous nous sommes retrouvé à l’endroit où Yves a récolté son buck. Nous nous sommes éloigné l’un de l’autre et Alain a débuté sa session de call ; grunt de buck, grunt de femelle, call de femelle en chaleur avec breeding bellows. Par la suite, nous entendons le grunt de 2 bucks différents avec sifflement de challenge et finalement l'entrechoquement des panaches se fait entendre. L’action ne se fait pas attendre. Un jeune buck à ma gauche et un jeune buck du côté d'Alain. Les deux ont finalement pris la fuite, queue entre les pattes, après avoir satisfaient leur curiosité.
En après-midi, nous nous sommes retrouvé près de la rivière. Alain aimait bien cet endroit. Nous avons fait plusieurs séances de rattling mais il y a des jours ou rien ne fonctionne. Nous avons alors prit une marche en direction d’un bûché lorsque le cri plaintif de quelques coyotes se fait entendre non loin. Étant un fervent du coyote, je sort mon call à coyote et montre à Alain quelques techniques de call. Alain m’aide avec un call de chevreuil en détresse. J’avais une bonne idée de l’endroit où le coyote sortirait, alors je me suis placé au sol carabine sur mon snatchel pour me stabiliser parce que mon tir serait de longue distance. Le coyote n’est jamais venu, mais un jeune buck se présenta à près de 100 mètres et traversa le chemin, quel beau spectacle. Quelques minute plus tard, nous avons attendu un coup de feu en direction de mes copains. Nous sommes retourné au truck, mais il n’y avait personne. Nous avons concentré nos efforts dans les bûchers jusqu'à la noirceur et rien. De retour au truck, mon frère était là et il nous attendait, il nous apprend que c’est lui qui à récolté un buck. Sans plus attendre, nous sommes allé le chercher.
Un jeune buck récolté par mon frère Christian. Christian chasse avec moi à tous les ans en Saskatchewan depuis 4 ans. Un douze pointes avait été vu à cet endroit par mon Partenaire de chasse Stéphane la journée précédente, alors Christian voulait tenté sa chance, mais il ne l’a pas vu. La semaine avance vite et celui-ci s’est présenté. Christian à plusieurs beaux bucks à son actif, celui-ci est un des plus petits.
Alain est reparti vendredi matin en route vers son territoire de chasse en Saskatchewan. J'ai eu vraiment du plaisir de rencontrer ce monsieur. Il est très sympathique et très professionnel dans son approche. Si vous avez la chance de le rencontrer, il est très ouvert aux questions et il s’empresse de répondre sans retenue.
Le restant de la semaine s’est avéré infructueux pour moi et mon copain Stéphane. Nous n’avons donc pas récolté. Par contre, nous avons vécu de belles expériences en compagnie de bons copains. Voyez vous, il est très peu important pour moi de récolter, ce qui compte, c’est de passer un bon moment en bonne compagnie et d’étudier sur le terrain, le chevreuil. Il pourrait paraître invraisemblable pour plusieurs d’entre vous la façon dont le chevreuil réagit ici, mais il faut comprendre que la crainte de l’homme est presque inexsistante. Notre territoire de chasse fait l’envie de plusieurs, il est grand et à très basse pression de chasse.
La Saskatchewan est ouverte pour tous, un bon chasseur québecois n’aurait pas trop de difficultés à récolter s'il s’y prend de la même façon qu’au Québec. Plusieurs régions sont à basse pression, surtout au nord de la Saskatchewan. Alors préparez vous et venez visiter le paradis de la chasse au chevreuil…mon paradis.
Dominic Imbeau