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QUAND TOMBE LA FOUDRE par Christian Autotte

La foudre fascine et impressionne depuis la nuit des temps et les photographes ne font pas exception à la règle. Il existe une foule de gadgets qui permettent de photographier la foudre dans toutes les conditions. Pour en trouver cherchez sur le Web avec les mots clés « Lightning Photography Trigger ». Leur principe est simple : ils déclenchent l'appareil lorsque le niveau de lumière augmente subitement. Avec les bons réglages il sera possible de photographier les éclairs même en plein jour. J'ai déjà expérimenté avec de tels appareils, mais les résultats ont été plutôt mitigés, en ce qui me concerne.

J'ai toutefois eu beaucoup de succès avec mes appareils Olympus dotés du mode « Livecomp » ou « live composite ». Une fois le mode sélectionné, on commence par faire une photo de base pour enregistrer le paysage dans la lumière ambiante; en appuyant à nouveau sur le déclencheur l'appareil n'enregistre que les ajouts de lumière sans affecter l'image initiale. Autrement dit, la première image expose le paysage et durant les minutes qui suivent les éclairs qui tombent s'enregistrent les uns après les autres.

Il est rare que de multiples éclairs frappent le sol en même temps. Un seul éclair peut avoir un certain impact, mais l'accumulation de plusieurs éclairs garantie une image qui aura plus d'impact. En mode Livecomp on voit l'image qui se construit au fur et à mesure de l'ajout d'expositions. Lors de la prise de vue le vent poussait les nuages orageux de l'ouest vers l'est. Bien installé dans une porte-patio, je jetais un coup d'œil sur l'écran LCD plus ou moins à toutes les minutes. Heureusement, la pluie n'est pas venue pour ruiner la prise de vue. Il n'y a pas de façon de connaitre la durée totale de l'exposition à moins de l'enregistrer manuellement. Selon la lumière ambiante initiale, Livecomp accumule des expositions pouvant aller jusqu'à 60 secondes. Ces expositions sont traitées comme Photoshop peut le faire en empilant des couches sous le mode « luminosité ».

Accumuler des expositions est une autre façon de capturer un éclair avec tout appareil à objectif interchangeable. On commence par choisir l'exposition, quitte à faire quelques tests au préalable; bien évidemment, les expositions seront plus courtes si on travaille en plein jour. On met ensuite l'appareil en mode rafale. Idéalement on utilise un déclencheur à fil que l'on peut bloquer en mode « on ». Une fois le déclencheur activé et bloqué, l'appareil se met à faire des photos en rafale. Avec un peu de chance, une de ces images enregistre un éclair frappant le sol. Cette approche fonctionne mieux avec une lumière plus faible, de nuit ou en fin de journée.

Un problème inhérent à ce type de photographie est de deviner où tombera le prochain éclair. Our cette raison on travaille généralement avec un grand angle pour augmenter les changes de capturer le bon sujet, quitte à recadrer l'image en post-production.

Les réglages d'exposition sont généralement fonction de la lumière ambiante. L'ISO de base (100 ou 200) est suffisant dans toutes les conditions; les éclairs que l'on veut enregistrer sont plus lumineux que l'éclair d'un flash électronique. L'ouverture peut être variable; de nuit, une ouverture entre f/8 et f/11 donne généralement de bons résultats. De jour, je ferme souvent l'objectif à f/22 pour pouvoir diminuer la vitesse d'exposition. De nuit, la vitesse peut également varier en fonction de la lumière ambiante. Par exemple, une nuit de pleine lune avec un orage qui approche ne permet pas de garder l'obturateur ouvert trop longtemps au risque de brûler l'image. Une situation similaire se présente lorsque l'on photographie en ville.

La photographie d'éclairs peut donner des résultats spectaculaires, mais il ne faut pas risquer sa vie pour autant. La foudre tue environ 2000 personnes par an à travers le monde. A l'approche de l'orage, on évite les arbres. Un champ complètement dégagé sera tout aussi dangereux, surtout si un utilise un trépied qui servira alors de paratonnerre… Photographier de l'intérieure d'une habitation ou d'une bâtisse comme une grange reste ma façon idéale. Beaucoup de  « chasseurs de tempêtes » travaillent également à partir de leur auto, ce qui leur permet d'être mobile et de suivre le front orageux si nécessaire.


Christian Autotte

Note de chevreuil.net : M Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Royal Photo à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
 

LES PHOTOS :
 

Cet éclair a été enregistré à l'extrême droite du cadre. Pour obtenir une image plus intéressante j'ai recadrée, passant également de l'horizontal au vertical.
Olympus E-M1 Mark II, 40-150 à 67mm, ISO 200 f/22, une série de photos en rafale à ½ seconde
 

Les éclairs passent souvent d'un nuage à l'autre sans toucher le sol. La plupart du temps on ne voit qu'une vague lueur, un éclaircissement des nuages sans le zig-zag d'un bel éclair. Mais celui-ci a trouvé une percée au milieu des nuages pour produire une belle image.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 13mm, ISO 200 f/10, 15 secondes en Livecomp
 


Les deux images précédentes ont toutes été réalisées de mon balcon, à Montréal. Même si le paysage n'est pas idéal, un peu de post-production permet d'éliminer les fils électriques, les avions qui passent, et même de donner plus d'expansion aux arbres pour ainsi éliminer les habitations et les lumières de la rue.
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 27mm, ISO 400 f/8, 10 secondes en Livecomp
 




Dans un autre choix de recadrage j'ai passé du format 4/3 au panoramique 16/9 que je trouvais plus approprié au sujet. Le vent poussait les nuages de droite à gauche et les éclairs tombaient régulièrement. L'orage idéal!
Olympus E-M1 Mark II, 12-40 à 24mm, ISO 400 f/11, 10 secondes en Livecomp
 


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