Lorsque j'ai étudié la photo (en anglais et il y a quelques années….) les profs nous martelaient une vieille règle : « f/8 and be there », autrement dit, f/8 et soyez prêt. Pourquoi f/8? Parce que la profondeur de champ obtenue à cette ouverture est généralement suffisante pour la plupart des situations. Les appareils de l'époque étaient soit semi-automatiques ou entièrement manuels. On choisissait alors un film de sensibilité appropriée (souvent 400 ISO), pour ensuite choisir f/8 en mode auto-ouverture ou on sélectionnait la vitesse en mode manuel selon la lumière ambiante. On était alors prêt à déclencher dès que le sujet se présentait.
Lorsque je donne mes cours de photos et que j'explique comment utiliser les ouvertures, vitesses, et ISO pour obtenir une bonne exposition, la réplique habituelle que j'entends le plus souvent demeure «on ne pourra jamais tout régler à temps lorsqu'un sujet se présente »… Précisément… Le vieil aphorisme « f/8 and be there » est toujours valide de nos jours, mais avec quelques variations.
Si le f/8 est toujours valable, l'ISO des appareils modernes permet de pousser facilement à 800, 1600, ou même 3200 ISO sans perte de qualité. Un ISO plus sensible permet ainsi d'utiliser des vitesses d'expositions plus rapides ce qui permet de figer les mouvements du sujet ou d'avoir des vitesses acceptables en situations de pénombre.
Au début d'une randonnée où les chances sont bonnes de rencontrer du gibier à plume ou à poil, je commence par monter un téléphoto de longueur acceptable; je favorise les zooms qui offrent la possibilité de recomposer l'image sans bouger. Avec mes Olympus micro 4/3 je préfère le 40-150 f/2.8 couplé à un multiplicateur 1.4x. Cette combinaison me donne 150 x 1.4 = 210mm; le micro 4/3 ayant un facteur de conversion de 2x ma longueur focale finale est donc de 420mm, acceptable pour la plupart des sujets. Un micro 4/3 augmente également la profondeur de champ par environ un stop, mon ouverture de base sera donc f/5.6. J'ajuste ensuite l'ISO pour obtenir une vitesse autour de 1/60 ou 1/125 de sec. A l'époque de l'argentique ces vitesses auraient été trop lentes pour éliminer les risques de bouger, mais les appareils modernes sont équipés de stabilisateurs qui viennent compenser pour les vitesses plus lentes. Pour valider mes réglages, je fais parfois quelques photos test pour vérifier l'exposition. Il sera toujours possible de faire de légers ajustements selon le besoin ou la situation.
Durant la randonnée si une opportunité se présente pour faire un paysage ou de la macro de fleurs ou de champignons, j'aurai tout le temps de changer d'objectifs et de refaire les réglages; les paysages ou champignons ne risquent pas de se sauver. Il faut toutefois penser à remettre les bons réglages lorsque l'on reprend la marche. Si l'appareil offre la possibilité de programmer des fonctions « Custom » on pourrait alors sauvegarder deux jeux de réglages. Par exemple, l'ISO à 1600, mode Ouverture à f/5.6, compensation d'exposition à -0.7 le tout sur C1 pour les photos de gibier. Un autre réglage avec ISO à 400, mode Manuel à 1/60 sec, f/11 sur C2 pour les paysages. Un de mes appareils permet même de programmer un troisième réglage. Il ne reste plus qu'à sélectionner C1 ou C2 selon le besoin. Tous les réglages peuvent être ajustés selon le mode programmé; un C1 programmé en mode Auto Ouverture devient lui-même Auto Ouverture avec tous les réglages disponibles dans ce mode.
Une autre option reste évidemment celle du deuxième boitier; on peut alors faire tous les réglages appropriés et monter le téléphoto sur un appareil et le grand angle sur l'autre.
N'oubliez jamais de vérifier tous les réglages au début d'une session de photo. J'ai déjà eu la mauvaise surprise de tomber sur un huard paradant à quelques pieds de mon kayak pour réaliser ensuite que mon appareil était toujours en mode HDR pour des paysages photographiés la veille…
D'une manière ou d'une autre, f/8 and be there… ou comme le disent les scouts : Toujours Prêts!
Christian Autotte
Note de chevreuil.net : Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Lozeau, rue st-Hubert à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
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