Les amateurs de macro sont souvent avantagés par rapport aux autres photographes. La faible taille de leur sujet permet souvent de modifier la lumière sur le terrain pour tirer meilleur parti de leurs découvertes; j'en ai fait la démonstration dans plusieurs blogues. Mais les petits sujets peuvent également avoir un autre avantage, celui d'être manipulés, capturés, déplacés, et même confinés le temps d'une ou deux photographies…
J'ai déjà eu à filmer une mouche à chevreuil pour un documentaire. La demande du directeur : filmer un gros plan de la tête, et particulièrement des yeux qui sont si colorés. Pour un autre film, je devais filmer la naissance d'un moustique, la mue finale ou la bête qui pique sort finalement de l'eau. Pour réaliser de telles séquences il est impensable de travailler avec des insectes en liberté. Impossible en effet de s'approcher assez près d'une mouche qui peut s'envoler à tout moment et espérer la regarder droit dans les yeux… Ces séquences ont été réalisées avec des insectes captifs gardés dans des mini-vivariums de quelques pouces de long. Dans le cas du moustique, l'aquarium a été fabriqué en collant deux lames de microscopes séparés de l'épaisseur d'une autre vitre coupée à la dimension voulue. J'ai ainsi fabriqué plusieurs aquariums dont les dimensions varient de la lame de microscope à un aquarium d'une douzaine de pouces de long pour 4 de large et 10 de haut. L'aquarium choisi dépendra du sujet à photographier et du temps qu'il y passera.
On peut penser que photographier dans un aquarium présente des difficultés quasi insurmontables lorsque vient le temps d'éclairer le sujet. En fait, l'éclairage est très simple. Il suffit de positionner la source de lumière à un angle de 45° d'un côté ou de l'autre de la vitre avant (ou même des deux côtés à la fois). Il m'est également arrivé de placer l'éclairage directement au-dessus de l'aquarium. A l'occasion, généralement avec les plus gros aquariums et les plus gros sujets, on peut voir une réflexion de l'appareil ou de l'objectif dans la vitre. Dans de tels cas il suffit d'utiliser un carton noir percé d'un trou pour passer l'objectif; j'ai même déjà noirci le lettrage du devant d'un objectif avec un marqueur pour éviter d'en voir les reflets.
Dans bien des cas l'utilité de l'aquarium se limite à contenir le sujet pendant une période très courte, le temps de faire la photo. Très souvent, il suffira de remplir l'aquarium d'une quantité d'eau suffisante, tout en s'assurant que les vitres sont parfaitement propres. Par contre, certains sujets nécessiteront de reconstituer un environnement, ce qui peut se limiter à un peu de gravier au fond de l'aquarium ou un brin d'algue ou une brindille qui servira de support ou de perche à ce que l'on veut photographier.
Les aquariums ne sont pas l'apanage des seuls amateurs. Les aquariums publics abondent et contiennent souvent des écosystèmes élaborés et entièrement reconstitués. J'en ai photographié à Montréal (le défunt aquarium sur l'Ile Ste-Hélène et au Biodôme), à Granby (au Zoo), à Ste-Anne-Des Monts (Exploramer), à Shippagan (Aquarium et Centre Marin du Nouveau-Brunswick), sans oublier le New England Aquarium de Boston et son aquarium central de trois étages de haut (ou de profond…). Ceux qui n'auront jamais la chance de faire de la photo sous-marine peuvent alors s'en donner à cœur joie. On peut photographier des espèces de tout acabit, Nord-Américaine ou tropicales : des poissons bien sûr, mais aussi des crustacés, du corail ou des étoiles de mer, des méduses, des anémones, etc….
Dans ces aquariums publics il est généralement interdit d'utiliser un flash pour éviter de stresser les pensionnaires de l'institution. De toute façon, dans des aquariums aussi volumineux la lumière d'un flash se perd très rapidement; dès lors, soit le sujet est mal éclairé, ou encore il reçoit suffisamment de lumière mais le fond est parfaitement noir, donnant l'impression d'une photo faite de nuit. On travaille donc avec l'éclairage fourni par l'aquarium, qui souvent sera assez faible. Il faudra alors se résoudre à monter l'ISO et peut-être à maintenir l'ouverture la plus grande (f/2.8 ou f/3.5) pour capter le plus de lumière possible. Tenez-vous le plus près possible de la vitre de l'aquarium pour éviter de voir des reflets, non seulement le vôtre mais aussi une réflexion de tout ce qui peut se trouver derrière vous.
Le couple de photographes et cinéastes Claude Nuridsany et Marie Perennou relatent dans un de leurs ouvrages que certaines personnes les imaginaient équipés pour la plongée sous-marine avec des caméras bien spéciales pour pouvoir réaliser leurs prises de vues aquatiques dans les mares et rivières. En fait, le tout était réalisé en aquarium dans un studio attenant à leur maison dans le midi de la France. Si vous avez la chance de mettre la main sur leur film Genesis en version DVD vous pourrez y voir un « making of » qui montre leur studio. Ce même studio a par ailleurs été fortement utilisé durant le tournage de leur film précédent, Microcosmos. Je recommande fortement les deux films.
Un mot concernant les sujets photographiés en captivité. Ils vous ont bien servi, ont permis quelques bonnes photos (on espère!), ils méritent d'être retournés là où on les a capturés. J'ai toutefois quelques exceptions : pour les moustiques et mouches à chevreuil… je vous laisse deviner…
Christian Autotte
Note de chevreuil.net : M Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Royal Photo à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
LES PHOTOS