Plusieurs choses peuvent affecter la netteté d'une image et certaines d'entre elles pourraient en surprendre plus d'un…
Item numéro un : la mise au point. Il ne faut pas s'imaginer que la mise au point automatique des appareils modernes est une solution absolue pour obtenir une mise au point sur le sujet. Il y a de prime abord le choix des points de focus utilisés. Si tous les points de focus sont actifs, beaucoup d'appareils font la mise au point sur le sujet le plus près : la branche d'un arbre plutôt que l'oiseau ou le feuillage devant le chevreuil. Il faut alors s'assurer de sélectionner un seul point de focus et le placer directement sur le sujet que l'on veut photographier. Mais même ça pourrais être insuffisant pour assurer le succès de l'image.
Lorsque le diaphragme est complètement ouvert, la profondeur de champ peut être réduite à quelques centimètres, voir, quelques millimètres lorsque l'on travaille en macro. Le placement du point de focus devient alors critique si on désire travailler en focus automatique. C'est pour cette raison que je préfère travailler en focus manuel lorsque je fais de la macro. En focus manuel, c'est le photographe qui décide du focus de façon visuelle. Plusieurs appareils sans miroir auront alors la possibilité de travailler en mode « intensification de la mise au point » qui permet de mettre un « halo » coloré autour de la partie du sujet qui est en focus.
La profondeur de champ que l'on vient d'évoquer est la deuxième chose à surveiller pour obtenir une image nette. Un paysage photographié avec une ouverture de f/2.8 ne sera peut-être pas assez nette, surtout si on désire avoir une profondeur de champ s'étalant de l'avant-plan à un arrière-plan éloigné. Curieusement, fermer au maximum possible offert par l'objectif (souvent f/45 ou même f/54), n'est pas la solution idéale. À de telles ouvertures des phénomènes de diffractions réduisent la résolution, la netteté, de l'image. Pour la plupart des objectifs, l'ouverture donnant la meilleure résolution tourne autour de f/8 ou f/11. Pour décider de la meilleure ouverture il faut faire des tests et bien connaitre son équipement.
Un autre réglage à surveiller pour obtenir la netteté souhaitée demeure la vitesse d'exposition. Une vitesse trop lente pour un sujet actif résulte en un flou de bougé. Quelle est alors la bonne vitesse? Tout dépend du sujet. Un oiseau en vol demande régulièrement une vitesse au-dessus de 1/1000 de seconde, alors que le même oiseau au sol sera net à 1/60. Par contre, il faut également faire attention aux mouvements de celui qui tient l'appareil. Il fut un temps où on avait une formule simple pour connaitre la vitesse minimum à utiliser : 1/focale, autrement dit, pour une longueur focale de 300mm, la vitesse minimale devait être de 1/300 de seconde, ou la valeur la plus proche (1/320). De nos jours, les appareils ou les objectifs sont pour la plupart dotés de stabilisateurs, un mécanisme qui contrebalance les petits mouvements du photographe. La plupart de ces mécanismes permettent de baisser la vitesse de trois crans par rapport à la vitesse que l'on devrait normalement utiliser. Dans notre exemple, un 300mm pourrais être maintenu stable à une vitesse de 1/40ème, en assumant que celui qui tiens l'appareil est assez stable. Dans ce cas-ci, il est bon de faire des tests en photographiant un sujet immobile à différente vitesse. En analysant l'image (de préférence sur l'écran de l'ordinateur), on peut établir la vitesse minimale acceptable pour chaque photographe en fonction de ses capacités personnelles. Le test devrait être fait avec toutes les longueurs focales susceptibles d'être utilisées à mainlevée. Il ne faut pas non plus oublier le facteur de conversion des appareils APS-C et Micro 4/3; on multiplie alors la longueur focale par 1.5 ou 1.6 pour les APS-C et par 2 pour mes micro 4/3. Un 300mm sur un Nikon APS-C équivaut donc à un 450mm et c'est cette valeur qu'il faut utiliser dans nos calculs.
Vient un temps où même un stabilisateur ne sera plus suffisant pour garantir une image nette. Longueur focale trop longue, vitesse trop basse, désir de garder l'ISO le plus bas possible, il faudra alors monter l'appareil sur un solide trépied.
Parlant d'ISO, on a ici un autre élément qui peut diminuer grandement la netteté d'une image. Lorsque l'ISO augmente le bruit numérique augmente d'autant. Celui-ci diminue grandement la résolution de l'image, ou sa capacité à montrer les détails les plus fins. Pour obtenir la meilleure image, l'image la plus nette, il est donc conseillé de garder l'ISO dans les valeurs les plus basses. Dans certains cas, il faudra néanmoins faire un compromis : un sujet rapide dans une mauvaise lumière nécessite d'augmenter l'ISO pour permettre l'utilisation d'une vitesse assez rapide pour arrêter le mouvement du sujet. Jusqu'où on peut monter l'ISO varie en fonction de l'appareil et des goûts personnels de chaque photographe.
Dans certaines conditions, même un trépied n'est pas une garantie absolue de netteté. La combinaison d'un vent fort et d'un trépied faible donnera à tout coup des images légèrement embrouillées. Une anecdote personnelle. Ce printemps, je faisais des photos de paysage à partir d'un pont. Le débit de l'eau était rapide et important, et les pieds du pont trempaient dans le lit de la rivière. Cherchant un effet, je travaillais avec un filtre neutre de 10 stops pour obtenir une vitesse lente. Mais lorsque j'ai examiné les images, les rochers paraissent légèrement embrouillés. Après quelques tentatives infructueuses, j'ai finalement réalisé que les vibrations transmises par l'eau courante au pont étaient suffisantes pour causer le léger flou de mes images. Une vitesse plus rapide a donné des images de roches plus nettes. La solution fut alors de photographier de la berge et non du pont…
Christian Autotte
Note de chevreuil.net : Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Lozeau, rue st-Hubert à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer.
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