Focus stacking… Empilement de mise au point… Hyperfocus…
Les anglophones ont été les premiers à trouver un nom à cette technique typiquement numérique. Les francophones ont tenté de traduire au mieux, mais plusieurs se contente de l'anglicisme…
Pour ceux qui ne sont pas familier avec le stacking on peut l'expliquer de la façon suivante : lorsque la profondeur de champ est trop mince, on peut faire plusieurs photos en changeant la mise au point pour ensuite « empiler » les images en ne gardant que la portion nette de chacune d'entre elles. L'empilement se fait avec un logiciel spécialisé qui analyse l'image à l'aide d'un algorithme spécifique. Bien évidemment, cette technique est particulièrement utile pour ceux qui œuvrent dans le domaine de la macro photographie.
Les utilisateurs de Photoshop ont déjà un logiciel permettant de faire du stacking. Par contre, le Photoshop Élément ne suffit pas, il faut au moins la version 4, 5, 6, ou CC du logiciel. Il ne faut pas ouvrir les images de façon conventionnelle mais plutôt suivre les étapes suivantes :
Fichier > Scripts > Chargement des fichiers dans une pile…
Sélection > Tous les calques
Édition > alignement automatique des calques
Édition > fusion automatique des calques (choisir l'option ”auto“)
Fusionner les calques.
Lorsque les calques sont fusionnés, il ne reste plus qu'à faire quelques retouches d'usages pour obtenir une photo dont la profondeur de champ est quasi illimitée.
Bien que Photoshop puisse faire le travail par lui-même, il est néanmoins limité dans ses capacités. Au-delà d'un certain nombre de calques il demande tant de ressources que l'ordinateur peine souvent à la tâche et peut finir par « planter »… A moins d'avoir un ordinateur à la fine pointe, avec beaucoup de Gigaoctet de mémoire vive, je dirais que la limite de Photoshop se situe à 25 ou 30 images empilées. Pour aller plus loin (certains de mes empilements ont dépassé les 200 images…), il faut faire appel à un logiciel spécialisé.
La liste de programmes dédiés au focus stacking s'allonge constamment; mon intention n'est donc pas d'en faire une liste complète. Je me limiterai donc à ceux que je connais personnellement.
Picolay (http://www.picolay.de/) : Un logiciel gratuit. Il y a quelques années je ne le recommandais pas à cause de sa lenteur et du choix limité de types de fichiers compatibles. Mais une visite récente du site indique que beaucoup d'améliorations ont été ajoutées, de sorte qu'il mérite probablement une nouvelle tentative.
COMBINE ZP (https://combinezp.software.informer.com/) : Très performant, Combine ZP demeure un de mes logiciels gratuits préféré pour faire du stacking. Il permet l'utilisation simultanée de huit algorithmes différents pour faire l'empilement des images, de sorte qu'au moins une des méthodes donnera un bon résultat.
HELICON FOCUS (https://www.heliconsoft.com/) : De $30 à $240 US. D'après mon expérience personnelle, il présente parfois des problèmes d'alignements et d'artéfacts. Il peut travailler en RAW et contrôler le Stackshot de la compagnie Cognisys. Par contre, j'ai rencontré beaucoup de photographes qui ne jurent que par lui. On peut en faire l'installation pour une période d'essai gratuite, question de se faire sa propre idée.
ZERENE STACKER (https://zerenesystems.com/cms/stacker) : $89 US édition personnelle à $289 US édition Pro (l'édition Pro est nécessaire si l'on désire utiliser le logiciel en conjonction avec le rail Stackshot relié à un ordinateur). Il s'agit de mon logiciel préféré. Sa limite théorique est de 1000 photos empilées… Il peut automatiquement sauvegarder les images en utilisant l'algorithme « Pyramidal » et le « Depth Map », qui donnent l'un et l'autre d'excellents résultats.
Ceux qui vont se mettre sérieusement au focus stacking en macro auront besoin d'un rail de mise au point. Des rails manuels existent dans plusieurs marques, comme chez Manfrotto : (https://lozeau.com/produits/fr/supports/plaques-et-accessoires/manfrotto/manfrotto/plateau-manfrotto-454-p27165c152c193c197/ ). Pour aller encore plus loin, la compagnie Cognisys propose un rail motorisé que l'on peut contrôler par ordinateur avec Helicon Focus ou Zerene Stacker : (https://www.cognisys-inc.com/products/stackshot/stackshot.php).
Le focus stacking est devenu tellement utile que plusieurs caméras offrent maintenant une option dans leur menu. Chez Olympus, le OMD EM-1 Mark II permet ainsi de stacker 8 images directement dans l'appareil, ou de réaliser jusqu'à 999 images que l'on empilera avec un logiciel de son choix. Panasonic et Nikon ont également des appareils qui font du stacking.
Finalement, le stacking ne se limite pas à la macro. On peut utiliser la technique pour augmenter la profondeur de champ dans des images de paysages où l'avant-plan sera très près de l'appareil et que l'on désire maintenir de la netteté à l'infini.
Christian Autotte
Note de chevreuil.net : Christian Autotte est photographe professionnel et conseiller chez Lozeau, rue st-Hubert à Montréal. Si vous désirez vous faire conseiller pour l'achat d'un nouvel appareil ou objectif, n'hésitez pas à le rencontrer