Mon ami attendit sur le bord de la route que le jour se lève et parti en montagne. Il mit plus de deux heures de marche avant de trouver ce qu'il connaît aujourd'hui comme étant un grattage primaire « grattages de grande dimensions ». Il scruta autour de lui et vit un cap de roche à 45 mètres du grattage. Il décida d'aller s'y accoter pour quelques minutes, car il n'avait rien à perdre se disait-il et avait surtout besoin d'une pause. Il eut l'intuition d'enlever les feuilles du sol afin de pouvoir s'asseoir sans faire de bruit. Le fait de gratter le sol avec ses pieds a dû avoir eu pour effet d'imité les bruits d'un mâle effectuant un grattage, car 15 minutes plus tard un magnifique mâle de 10 pointes fit son apparition rapidement, tête baissée et complètement excité. Mon ami qui n'avait jamais vu de chevreuil mâle en personne en milieu sauvage fut extrêmement énervé et a dû tirer à trois reprises avant de foudroyer le chevreuil au sol d'une balle à la colonne vertébrale. Le mâle avait pourtant continué d'avancer vers le grattage malgré les deux premiers coups manqués.
Était-ce la chance du débutant ? Pas du tout. Je ne suis pas un homme superstitieux et je ne crois plus vraiment en la chance. Certes oui, je sais qu'il a toujours un facteur chance dans l'activité de chasse et pêche mais je crois bien plus que l'on fait sa chance. Dès ce jour, mon ami fut accroché à son nouveau loisir pour la vie.
La saison suivante il se promettait de tout préparer comme tout bon chasseur le fait. Une cache fut construite dans le flanc de montagne où il avait récolté son buck l'automne d'avant. Bien qu'il aurait aimé la construire près de l'endroit où il avait récolté son chevreuil, le VTT ne pouvant se rendre à proximité, il se contenta du flanc de montagnes à 400 mètres de l'endroit. La vue y était superbe, car une fois les feuilles tombées, il pouvait y voir jusqu' à 200 mètres autour de lui. Une saline fut aménagée. Une fois la mi-octobre arrivée, les pommes et les carottes furent déposées à trois reprises avant le samedi d'ouverture tant attendu. Le va-et-vient des chevreuils promettait une autre chasse facile. Les pommes et carottes disparaissaient à un bon rythme.
Croyez-vous que mon ami a connu beaucoup de succès durant cette saison et les saisons suivantes ? En sept saisons de chasse dans son merveilleux condo, sa récolte fut d'une biche récoltée grâce à un chanceux permis de cerfs sans bois. Par la suite, il récolta un cinq pointes à sa troisième saison. Mais pourquoi me direz-vous ? Sans le savoir, mon vieux chum était tombé dans le panneau de vouloir trop en faire, mais surtout, de mal le faire. En devenant ce que j'appelle, « maniaque », il avait mis tous les efforts connus de la majorité des autres chasseurs. Pourtant cet ami aurait dû tirer une leçon vite faite de sa première récolte. Car au fond c'était la seule fois qu'il avait chassé de la bonne façon compte tenu du territoire qu'il disposait. Commencez-vous à comprendre ?
Ce qui est le plus important selon moi, est bien plus de connaître l'animal, ses habitudes, ses mœurs et surtout, chasser aux bons endroits, aux bons moments et varier nos approches. Mon ami avait, le jour de la récolte de son « dix pointes », fait ce qu'il fallait faire pour obtenir le succès. Celui-ci n'est que très rarement rapide. Mais si vous y mettez les efforts, tôt ou tard, la loi de la moyenne vous favorisera et cela pourrait même se reproduire à chaque saison.
La prospection active.
Voilà le terme que j'utiliserai pour une des nombreuses microtechniques que j'emploie pour chasser. Vous souvenez vous de votre jeunesse ? Tous les chasseurs dans la quarantaine, comme moi, ont des souvenirs de nos oncles et parents partant pour la chasse au début des années 80. Aucun de ces chasseurs n'apportaient de pommes en forêt. Moins de 20% utilisaient des miradors. Pourtant, sans être à un niveau aussi élevé qu'aujourd'hui (dû à un cheptel beaucoup plus modeste), la récolte avait lieu quant même. Nos pères et « mononcles » récoltaient des beaux sujets.
Nos chevreuils sont rendus tellement éduqués que mêmes les mâles d'un an et demi sont souvent nocturnes et regardent dans les arbres aux sites des chasseurs. Récolté un 6 pointes d'un an et demi est devenu un exploit pour plusieurs chasseurs. Ne croyez pas que je juge le choix de récolte de tous et chacun, loin de là. Mais je veux juste vous faire comprendre que vous devez réviser votre approche de chasse. La chasse à l'appât n'est qu'une microtechnique qui, lorsque bien utilisée, peut rapporter. Mais pour espérer le succès à tous les ans, il faut varier nos approches.
Alors la voici la prospection active. Trop de chasseurs ont peur de prospecter une fois la saison débutée. Le risque de contamination du secteur par les odeurs, la peur de pousser les chevreuils chez les voisins ne sont que deux exemples revenant souvent comme prétextes pour ne pas marcher le territoire durant la chasse. Certes il peut y avoir certains risques associés aux deux éléments mentionnés précédemment. Mais quel succès obtiendrez-vous si vous n'êtes pas au bon endroit au moment de chasser ? J'insiste beaucoup sur ce fait lors mes journées de formation ou d'analyse sur le terrain de chasse de mes clients. J'ai constaté au cours des dernières années, que cette lacune était très répandue et contagieuse. Alors je vous propose maintenant une série d'approches proactives qui m'ont donné du succès. Je vous explique la microtechnique qui m'a procuré le plus de succès en période de rut. Mais d'entrée de jeu, je vous explique ma façon d'effectuer la prospection active. Dit simplement, la prospection active est une prospection immédiate. Règle générale, les chasseurs effectuent leurs prospections bien avant leurs chasses. Bien que cette prospection soit un incontournable, elle ne nous donne pas les informations nécessaires lorsque arrive le moment de chasser. J'effectue une prospection, soit la veille de ma chasse ou lors de mes journées de chasse. Une fois un endroit chaud découvert, je le chasse immédiatement et ce jusqu'à ce que je comprenne que le secteur n'est plus chaud. Que ce soit dans la période de rut ou dans une période de nutrition active des mâles je fais toujours ce type de prospection. Plusieurs chasseurs ont peur de déranger les cerfs en marchant leurs secteurs de chasse. Ce qu'il faut comprendre, c'est que les cerfs n'ont pas le choix de vivre dans le bois. Ainsi, pour éviter de les stresser trop fortement, à chaque fois que je vais marcher mon secteur, je m'annonce constamment. C'est à dire que je marche d'un pas rapide et je fais du bruit. Avec cette façon de marcher les cerfs m'entendent arriver de loin et ne font que se tasser de quelques dizaines de mètres pour, à l'occasion, me regarder passer. Souvent leur curiosité les ramènera à venir sentir ce que j'ai fait. Un cerf sait comment faire la différence en l'attitude d'un promeneur et celle d'un chasseur. Le chasseur essaie de ne pas faire de bruit et passe de long moment à analyser chacun des détails de la forêt. Mais le promeneur ne s'attarde pas. Je ne suis pas le premier à écrire cela, mais j'insiste toujours sur la force de cet énoncé. N'avez-vous jamais aperçu un cerf incrédule à moins de 30 mètres de vous lors d'une balade bruyante en forêt ? Alors, marchez votre secteur et chassez les endroits chauds immédiatement après votre découverte. Sinon, vous risquez fort de chasser des points morts pendant que ça brasse quelque part sur votre terrain de chasse.