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Pensez autrement !

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi tout le monde ou presque chassait en utilisant une cache ou mirador? Sans contredit, le fait d’être en hauteur nous donne un avantage indéniable sur le chevreuil. Mais est-ce toujours approprié? En réfléchissant bien à la question il apparaît évident que bien souvent cette méthode de chasse est requise. Mais en certaines occasions, l’habitat ou même les circonstances ne le permettent pas .Ces dans ces temps-là, il faut penser autrement.

La hauteur.

Le positionnement en hauteur aide le chasseur à camoufler ses mouvements. Les odeurs deviennent aussi plus difficiles à détecter par le chevreuil .Votre vision sera avantagée par rapport à celle des cerfs se déplaçant la tête basse. Bien que les cerfs aient l’habitude de marcher la tête vers le sol, il n’est pas rare de voir maintenant des chevreuils « éduqués » reluquer les arbres au loin pour détecter la présence d’un chasseur en hauteur.

Lors des séances de chasse en après midi, la pression atmosphérique fait descendre les odeurs au sol. Le simple fait d’être juché à 25 pieds dans les airs sera dans ces circonstances plus un handicap qu’un avantage. Si vous avez le vent pour vous, tout sera merveilleux. Mais dans le cas contraire, vous auriez mieux fait de vous embusquer au sol et ainsi limiter votre odeur à une petite circonférence au tour de vous. Dans le cas contraire, votre cône d’odeur sera d’un diamètre très grand : avant que votre odeur touche le sol, elle aura l’espace dans l’air pour s étendre plus largement qu’étant directement au sol.

Comment bien se cacher au sol n’est pas sorcier. Souvent on s’en fait trop avec ça. Un simple arbre renversé peut servir de cachette à un chasseur. Se placer à genou dans un fossé peut aussi faire un cachette surprise. Les bords des champs de blé d inde sont des endroits de prédilection pour se cacher.

J aime bien surprendre les chevreuils. Une bonne façon de le faire est justement de les chasser de façon différente de la tangente locale. Les chevreuils connaissent tous les secrets de la forêt dans laquelle ils vivent. Chaque changement dans leur habitat est remarqué et étudié par ceux-ci. Le moins de perturbation vous ferez à l’habitat pour vous y cacher, plus grandes seront vos chances de les surprendre au sol. Les choses importantes à faire et ne pas faire en étant au sol.

La première étape

La règle d’or est de toujours dégager le sol en dessous et autour de nous. Si le besoin de bouger se fait sentir car votre corps est ankylosé par une longue attente, vous serez avantagé d’avoir bien dégagé le sol. Aussi, lorsqu’un cerf se présentera et vous donnera l’opportunité de tirer, vous serez bien heureux que vos mouvements ne causent aucun bruit au sol. Peut importe où je chasse au sol, le dépouillage du sol de toute forme de végétation pouvant être bruyante est la principale chose à faire. Inutile d’être bien caché si je suis bruyant.

Deuxième étape à respecter

Vous devez vous placer en fonction de votre interprétation de l’action à venir. Chaque fois que je chasse au sol, je fais une analyse rapide des lieux m’entourant. Exemple : si je chasse en bordure d’une source de nourriture en soirée, je vais m’assurer d’être en position de tir et de regard vers le ou les sentiers menant à ce site nourricier. Encore plus important est d être déjà en bonne posture pour prendre une position de tire favorable .Que se soit à l’arc, l’arbalète ou l’arme à feu, le moins de mouvements vous aurez à faire pour vous placer en position de tir, le plus de chances de réussite vous aurez.

Évitez de vous placer face au sentier dans lesquels vous anticipez l’arrivée des chevreuils. Mieux vaut être toujours de coté pour que leurs zones vitales soient toujours bien visibles et que vos chances d’être vus demeurent faibles.

Troisièmes étapes à respecter.

Vos odeurs.

Peut importe que vous ayez bien respecté les 2 critères précédents, il est inutile de rêver si vous ne surveillez pas votre odeur. Le vent vous trahira à plusieurs reprises si vous n’y portez pas attention. Il existe plusieurs produits et vêtements sur le marché qui ont fait leurs preuves pour camoufler ou neutraliser vos odeurs .Sans être efficace à 100%, ces mêmes produits vous donneront une marge d’erreurs légèrement plus grande.

Mais en générale, si vous surveillez la provenance du vent au moment de votre séance d’affût de façon à avoir le vent en votre faveur, vous devriez avoir des résultats supérieurs au cas contraire.

Quatrième et dernière étape.

Le camouflage

La dernière partie du travail consiste à se fondre dans l’habitat. Inutile d’avoir l’air d’un sapin dans une érablière : les cerfs vous démasqueront très rapidement .À moins bien sûr qu il y ait un bosquet de sapin justement près de l’endroit ou vous comptez vous installer.

Allez-y logiquement .Dans une forêt mélangée, le choix est large. Tout bosquet dense peut très bien faire l’affaire. N’oubliez jamais de vous dégager une ou des trouées dans votre camouflage si vous êtes dans un bosquet dense.

Ce n’est pas le temps d’ y penser quand le Buck de votre vie passe à 20 mètres de vous… En terrain plus clair, bien des chasseurs n’osent pas se placer au sol. J’ai déjà récolté un vrai trophée bien adossé à un bouquet d’érables. Ces mêmes arbres qui poussent en bouquet servent facilement de cache naturelle sans avoir aucune branche basse. L’important lorsque vous êtes moins camouflé est d’être complètement immobile. Autant que possible, placez-vous dans une dépression du sol. Gardez en tête d’avoir un profile bas en terrain découvert.

Pour terminer, laissez-moi vous raconter une de mes chasses à l’arc au sol.

La terre à bois où je chassais a été complètement rasée pour faire place à un nouveau champ agricole. Ce nouveau champ est entouré sur 3 côtés par des boisés dans lesquels je n’avais pas permission de chasse. Par contre, j’avais l’autorisation de chasser le quatrième côté boisé bornant ce champ.

Étant placé dans un treestand durant 2 séances d’affût consécutives, j’avais eu la frustration de voir sortir en 2 soirée d affilée un groupe de 7 bucks exactement à l’endroit où, les années d’avant, j’avais des arbres pour m y jucher. À la première année de ce nouveau champ, le cultivateur y avait semé sur le tard de l’avoine afin d’enrichir le sol. L’avoine était parfaite pour les chevreuils au début octobre mais j’avais un gros problème : aucun arbre ne pouvait être utilisé pour avoir accès a cette sortie au champ.

Ce champ d’avoine était bordé par un champ de blé d’inde. Les bucks sortaient justement à la jonction des deux types de cultures.

Une idée me vint à l’esprit : j’allais me cacher dans les premières rangées du champ de blé d inde.

Donc le samedi suivant, à la noirceur, je partais me cacher à cet endroit.

Un premier chevreuil sortit du boisé en longea le champ de blé d’inde, se gavant de plante d’avoine, pour passer à près de 5 mètres de moi. Trop peu camouflé, je n’eus aucune chance pour un tir d’archer.

Mais comment les déjouer?

Un pit blind

En anglais cela signifie un trou dans le sol comme cache : comme ceux utilisés pour la chasse aux oiseaux migrateurs. Je pris donc la décision de me creuser un trou dans le champ de blé d inde en prévision de ma séance d’affût du soir.

De retour vers 14 :30, j’avais pris soin d’apporter une pelle ronde. Je choisis une rangée du champ de blé d’inde qui m’offrait une vue indirecte sur la sortie du boisé. Je pris soin de reculer de 15 mètres, à l’intérieur du champ. Ensuite, je creusai le sol jusqu’à la hauteur de mes épaules, d’un diamètre me permettant de m` y assoire les jambes allongées et m’offrant une bonne position de tir à l’arc assis. Je remblayai le tour du trou avec la terre enlevée du fond du trou pour augmenter ma muraille .Par contre, je laissai un petite fente à ma gauche afin d’ y passer ma flèche. Ensuite, je coupai quelques tiges de maïs pour permettre à ma flèche de passer .Tout ce qu’un chevreuil pourrait voir de moi serait mon visage couvert d un masque.

Avant de m’y installer, je pris soin de tirer une ligne d’odeur de menthe liquide pour arrêter le ou les chevreuils qui passeraient devant ma ligne de tir très petite.

C’est vers 18 :10 que mon petit Buck fit sa sortie. En faisant ma ligne d’odeur, j’avais fait l’erreur de continuer directement vers mon trou avec de l’odeur sur les bottes.

Résultat : le Buck suivit ma ligne d’odeur mais toujours face à moi jusqu’à ce qu il se retrouve à 5 mètres devant moi .À ce moment, le chevreuil eut la surprise de découvrir un angle lui permettant de voir la silhouette d’un homme .J’aurais payé 1000 dollars pour avoir eu la chance de lui filmer les yeux ...
Les yeux sortis des orbites, il figea sur place. Tout ce temps mon arc était étirée mais impossible de le tirer .Une minute qui parut 1 heure et il décida de se retourner très doucement sur lui-même …..C ‘étais tout ce qu’il me fallait et je laissai filler ma flèche.

Qu’elle sensation de récolter un chevreuil d’aussi près et ce à l’arc. J’en étais tellement fier et j’en suis encore aussi fier que si le Buck avais eu 10 pointes.

 

Fait inusité.

Pour cette chasse, j’avais utilisé de la menthe liquide pour ma ligne d’odeur. Qu’elle ne fût pas ma surprise et ma rigolade de voir ce jeune Buck se pencher et renifler une bonne dose de menthe liquide. Le cerf se mit à tousser pendant un bon 5 minutes,pppffff ppfffff ppfffff, J’en riais aux larmes seul au fond de mon trou. Ses muqueuses avaient aspirées de la menthe.

Pensez autrement ! Les anglais appellent ça

Think out of the box

Charles-Henri Dorris
Formateur spécialisé
dans la chasse au chevreuil
 
10 mai 2009
http://www.charleshenridorris.com

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