Selon leur taille et leur localisation géo graphique, les friches sont susceptibles d'abriter une faune et une flore diver sifiées et uniques, qui comportent parfois des espèces légalement protégées, et de remplir d'importantes fonctions écologiques. À titre d'exemple, le goglu des prés (Dolichonyx oryzivorus), une espèce d'oiseau champêtre, est désigné menacé selon la Loi canadienne sur les espèces en péril. Il niche notamment dans les champs abandonnés composés d'herbes hautes1. La rainette faux-grillon de l'Ouest (Pseudacris triseriata) apparaît, quant à elle, sur la liste des espèces fauniques menacées ou vulnérables au Québec. À l'automne 2015, Catherine McKenna, ministre fédérale de l'Environ nement, a de plus recommandé une ordonnance de protection d'urgence pour la population de rainette fauxgrillon de l'Ouest du Québec et son habitat à La Prairie, en Montérégie2. Son habitat estival et automnal est notam ment composé de friches, de fourrés et de bois humides situés à proximité des étangs de reproduction3.
Les friches se développent, entre autres, sur des terres agricoles. Au Québec, la superficie des terres agricoles en friche est appréciable. Selon certaines estima tions, dans les années 2000, plus de 100 000 ha de terres agricoles étaient abandonnés, dont 45 000 ha dans le Bas-du-Fleuve, 23 500 ha en Montérégie et 17 600 ha en Estrie4.
Les sites commerciaux ou industriels laissés à l'abandon constituent également une grande part des friches présentes au Québec. Les friches isolées, situées en milieu urbain, sont moins susceptibles d'abriter une diversité biologique importante, mais sont néan moins des écosystèmes contribuant à maintenir une certaine biodiversité dans les milieux fortement développés. Une friche contiguë à une forêt, à un plan d'eau ou à un milieu humide accroît également la diversité des écosystèmes présents localement et contribue, de ce fait, à augmenter la valeur écologique des milieux naturels. À l'instar de la rainette faux-grillon, un grand nombre d'espèces animales nécessitent plus d'un habitat pour compléter leur cycle vital. À titre d'exemple complémentaire, certaines espèces d'oiseaux de proie nichent en milieu forestier, mais chas sent en milieu ouvert. Dans un souci de maintien de conditions propices à la biodiversité, il importe donc de maintenir en place des écosystèmes de tous âges, incluant les friches, afin de permettre la présence d'une mosaïque d'habitats. En effet, « […] lorsque la superficie des habitats diminue ou lorsque certains types de milieux disparaissent d'une mosaïque (comme les friches, par exemple), la diversité biologique peut s'en trouver affaiblie5. »
À cet égard, notons que les friches constituent des écosystèmes jeunes, généralement colonisés par des espèces de plantes herbacées pionnières. À mesure que l'écosystème évolue, et selon les conditions de sites, on peut observer une succession végétale, faisant évoluer le milieu de friche herbacée à friche arbustive, puis à friche arborescente, et finalement, au stade de forêt. Les forêts connaissent également divers stades de succession les faisant évoluer de jeunes forêts dominées par des espèces arborescentes de pleine lumière telles que le peuplier faux-tremble (Populus tremu loides) à des espèces tolérantes à l'ombre telles que l'érable à sucre (Acer saccha rum). L'évolution des écosystèmes se déroule jusqu'à l'atteinte du stade climacique, c'est-à-dire le stade terminal de la succession des peuplements, et par conséquent, l'état d'équilibre avec les conditions écologiques qui prévalent sur un site donné.