Depuis quelques temps déjà, M Pierre Chabot nous a demandé de présenter un article sur les champs nourriciers. Ce fut un honneur pour nous deux de participer à la rédaction de cette chronique et d’en voir la parution sur le site de chevreuil.net.
Avant d’aborder le sujet nous allons nous présenter brièvement; nous sommes simplement des passionnés autant de la chasse au cerf que de l’aménagement avec tous deux soit une formation en agriculture ou en agro-environnement. De plus, nous avons l’opportunité de posséder chacun notre propre terrain ainsi qu’un réseau d’ami, également propriétaire de terrain qui nous permet d’expérimenter et de récolter différentes données et informations en liens avec les champs nourriciers tels qu’appliquer ici en contexte Québécois.
Dans cette chronique nous allons donc traiter des grandes lignes importantes pour la réalisation d’un champ nourricier en portant attention sur les principaux points fréquemment questionnés. De plus, des tableaux sont présentés en annexe afin de regrouper les caractéristiques des principales plantes appréciées du cerf de Virginie.
1-Choix du site
Idéalement, le choix du site se fera en fonction des capacités d’égouttement du sol ainsi que la durée d’ensoleillement qui devrait se situer au minimum à 4 heures par jour. Pour le futur site, il faut éviter les endroits marécageux ou les points bas. Un sol saturé en eau ne facilite pas le travail et l’accès au site au début de l’été. De plus, un sol gorgé d’eau ne favorise pas le développement des plantes fortement appréciées par les cerfs. Pour les plantes de types légumineuses (trèfle, luzerne, soya, pois etc.), l’accumulation d’eau dans le sol pendant de longues périodes, perturbe le développement des microorganismes qui vivent en symbioses avec le système racinaire de ces plantes. Pour les plantes du genre Brassica, les coins fortement humides nuisent à l’assimilation des nutriments tel que le phosphore et génère souvent des plants à caractères chétifs de couleur pourpre/rosée.
Si vous en êtes à vos premières expériences avec les champs nourriciers, il est fortement suggéré de démarrer avec 2000-4000 pieds carrés pour la première fois. Cette approche permettra de vous familiariser avec les différentes étapes des préparatifs tout en ayant limité les efforts en terme de temps et investissements.
Les champs abandonnés, anciens chemins, éclaircis naturels, bordure des champs agricoles etc. se prêtent très bien pour ce type d’aménagement. Il est à noter qu’idéalement il faut avoir un accès minimal en VTT afin de concrétiser le projet. Si vous avez des cours d’eau à modifier, il est préférable de vérifier auprès de votre municipalité les règlements locaux en vigueur.
Pour le choix final du site, il est donc préférable de choisir un endroit qui assurera une croissance des plantes, donc bien drainés et bien ensoleillé. Même si les pistes de cerfs semblent rares dans le coin, vous verrez ils auront tôt fait de trouver le secteur et ils modifieront leurs habitudes pour s’y rendre et y faire leurs propres sentiers d’accès.
2 Préparation de la surface
Avant de mesurer les quantités de semences, chaux et fertilisants, il est important de connaître la surface du futur champ. Pour ce faire, il faut estimer votre surface de terrain en mesurant la longueur et la largeur en pieds. Ensuite, le calcul s’effectue selon l’équation (1) suivante pour un carré ou un rectangle.
ÉQUATION NO. 1:
Surface (pieds carrés) = largeur (pieds) x longueur (pieds)
Ex. : 250 pieds de long par 10 pieds de large, donc la surface est de:
250 pieds x 10 pieds=2 500 pieds carrés.
Si la surface est couverte de végétation, une application d’herbicide non sélectif à base de glyphosate de type Roundup® est conseillée. Toutefois, il est impératif de suivre attentivement les consignes d’application et garder une distance sécuritaire avec les cours d’eau.
Suite à l’application, attendre 7-10 jours minimum avant d’herser ou de labourer la surface et de poursuivre les travaux. Une autre façon de limiter la croissance des mauvaises herbes est de labourer la surface du sol et de répéter l’opération 2-4 semaines plus tard. Avec cette approche, il faut s’attendre tout de même à une croissance significative des mauvaises herbes l’année suivante. Si le chiendent est omniprésent, il faut éviter une telle approche qui favorisera plutôt une surmultiplication de cette mauvaise herbe.
Photo d’un pulvérisateur artisanal construit par les auteurs, à partir de certains items récupérés (Photos de M. Couture).
L’étape de désherbage a pour objectif de limiter la compétition pour l’espace et les nutriments (fertilisant) entre les mauvaises herbes et les plantes désirées. De plus, si la surface est déjà bien couverte de végétation, le travail du sol sera plus difficile voire presque impraticable avec des outils légers comme ceux adaptés pour les VTT ou un rotoculteur manuel. Le travail du sol a pour but d’amener le sol à nu pour favoriser l’incorporation de la chaux, des fertilisants et améliorer le contact entre les semences et le sol ce qui facilitera la germination.
3-Ajustement du pH (Chaulage)
Le chaulage consiste à neutraliser l’acidité du sol. La majorité des sols forestiers au Québec ont un pH acide (5,0- 5,5) et l’ajout de chaux vient rétablir cette acidité à un pH voisin de la neutralité (6,5-7,0). Un pH près de la neutralité favorise la croissance des plantes et permet un bien meilleur rendement d’assimilation des nutriments (fertilisants). Par exemple, selon Cook et Gray (2005) pour un pH de 5,5, une fraction de 77% de l’azote, 48% du phosphore et 77% du potassium ajoutés sont assimilés pour la croissance de la plante. Ces valeurs assimilées se situent aux alentours de 100% pour les 3 éléments à un pH de 7,0 (neutralité). Il ressort donc qu’un pH voisin de la neutralité limite l’ajout en surplus de fertilisant pour répondre aux besoins des plantes et ça favorise la prise en charge des fertilisants par les plantes limitant ainsi les pertes à l’environnement.
La chaux est un composé à base de carbonate d’origine minérale récoltée dans des carrières spécifiques. Il s’agit donc d’un produit que l’on retrouve dans la nature, dont la composition est similaire à la coquille d’œuf, les coquillages ou la pierre d’eau.
Il existe plusieurs types de chaux et chacune ont leur particularité.
Si vous possédez une grande surface de champ nourricier, nous vous suggérons d’effectuer une analyse de sol dans une COOP agricole afin d’établir les besoins en chaux et en fertilisant. Si vous n’avez pas d’analyse de sol en main, vous pouvez estimer une dose d’environ 500 livres de chaux granulaire par acre de terrain (43 560 pieds carrés) que vous devez prévoir sur une base annuelle. Pour adapter ce taux à votre surface, utilisez l’équation (2) suivante.
ÉQUATION NO. 2:
Nombres de livres de chaux nécessaire pour votre surface = 500 x (votre surface pieds carrés) / 43 560
Ex. : Pour une surface de 5000 pieds carrés la quantité de chaux granulaire nécessaire est de:
500 x 5000/43560 = 57 livres de chaux granulaire .
Une fois la chaux granulaire épandue, il est important de l’incorporer dans le sol en y passant une herse ou autres outils agraires léger. Ensuite, vous pouvez passer à l’étape de fertilisation.
4-Fertilisation
Durant leur croissance, les plantes ont besoin de nutriments pour se développer. Ces besoins sont variables selon les types de plantes et selon leur stade de croissance. Selon des études sur l’effet de la fertilisation des arbres en milieu forestier, ils sembleraient que les cerfs ont une nette préférence pour les arbres ayant reçu une fertilisation riche en azote (Gill 1992). Ces observations viendraient confirmer que pour une plante fourragère quelconque, le degré de fertilisation a un effet sur l’appétence de la plante et par le fait même sur son pouvoir attractif. Ceci dit, il ne faut pas utiliser à outrance les fertilisants et dépasser les besoins de la plante car des effets inhibiteur sur la croissance pourraient alors être observés et qu’en plus, les conséquences sur l’environnement seraient néfastes. Il est à noter, que la fertilisation a pour objectif de limiter l’appauvrissement du sol par la croissance des plantes car pour leur croissance, les plantes puisent leurs nutriments à même le sol.
En raison de l’aspect pratique pour les « chasseurs-aménageurs » qui possèdent pour la plupart de l’équipement léger (VTT, petit tracteur, camionnette) seuls les fertilisants de type granulaire (engrais chimiques) seront abordés dans cette section. En effet, en comparaison avec les engrais organiques (fumier, lisier etc.), les engrais chimiques sont plus faciles à manipuler, à mesurer et à appliquer.
L’annexe 1 de ce document présente les caractéristiques des principales plantes pour les champs nourriciers ainsi que leur besoins en fertilisants estimés de façon approximative pour les petites surfaces.
Pour des surfaces plus grandes (1 acre et plus), l’analyse de sol dictera les quantités d’engrais à ajouter en s’inspirant des données fournies dans le Guide de Référence en Fertilisation (CRAAQ 2003). Des exemples de résultats d’analyses avec la fertilisation correspondante seront présentés dans des articles à venir.
Avant d’évaluer les besoins en fertilisants pour les plantes spécifiques, il est primordial de présenter les généralités pour ce qui touche les engrais. Commençons d’abord par l’explication des chiffres indiqués sur les sacs d'engrais. Dans l’ordre, ces chiffres correspondent à :
1 er Azote sous forme de N
2 e Phosphore sous forme de P 2O 5
3 e Potassium sous forme de K 2O
Ces chiffres sont en pourcentages de poids des granules.
Ex : Un engrais général exprimé sous forme de 6-24-24 signifie que pour 100 livres de ce produit, il y a 6 livres de N; 24 livres de P 2O 5 et 24 livres de K 2O. Le restant du poids est constitué de remplissage.
Si vous appliqué 50 livres de l’engrais 6-24-24, vous appliquez donc :
50x(6/100)=3 livres de N
50x(24/100)=12 livres de P 2O 5
50x(24/100)=12 livres de K 2O
Vous comprendrez alors que si vous manipulez des engrais avec des chiffres faibles, vous devez alors transporter beaucoup plus d’engrais pour satisfaire les besoins des plantes. Dans ce cas, les engrais avec des chiffres élevés sont à privilégier surtout si du transport manuel est à prévoir.
Pour répondre à tous les besoins, il existe de nombreuses formulations d’engrais. Consultez votre COOP locale pour connaître les types existants. À titre indicatif, une liste est dressée ici afin de présenter les principaux mélanges utilisés qui répondent amplement à tous les besoins des plantes appréciés par le cerf de Virginie.
18-46-0 (DAP)
11-52-0 (MAP)
27-0-0 (CAN)
0-0-60 (Potasse)
8-16-16
6-12-12
6-24-24
10-15-10
20-10-10
10-30-10
46-0-0 (urée)
Règle générale, le besoin en azote des plantes est relié au cultivar de la plante et cette quantité d’azote est à répéter à tous les ans. Cette quantité est indépendante de la qualité du sol. Pour les nutriments tels le P et K, ceux-ci sont dépendant de la qualité du sol et son évolutif au fil du temps suite aux résultats de chaque analyses de sol (à ré évaluer aux 3-5 ans).
Les plantes légumineuses comme le trèfle, luzerne, soya, Lablab, fève etc nécessite très peu d’azote car ce nutriment est fourni par les microorganismes qui vivent en symbiose avec le système racinaire et qui fixe l’azote atmosphérique gazeuse (N 2) pour le transformer sous une forme assimilable pour la plante un peu comme l’engrais. Les semences spécialisées pour chevreuil sont déjà pré inoculées par ces microorganismes alors que les semences agricoles ne le sont pas systématiquement. L’aspect poussiéreux de la semence indique normalement que l’inoculation a été faite. Donc, pour les légumineuses, un engrais avec un premier chiffre faible est à privilégier.
Si vous avez une petite surface, vous pouvez vous contenter d’estimer la dose de fertilisant tel que suggéré au tableau de l’annexe 1. Pour les calculs des quantités de fertilisant, l’équation 3 suivante, présente la démarche à suivre
La quantité d’engrais (livres) pour votre surface = masse d’engrais suggérée x (la surface en pieds carrés)/43560
ÉQUATION NO. 3:
Pour un trèfle ladino (tableau annexe 1) indique une quantité de 300 livres d’engrais 6-24-24 / acre.
Ex. : Pour une surface de 5000 pieds carrés la quantité de 6-24-24 nécessaire est de:
300 x 5000/43560 = 34 livres de 6-24-24 .
Notez que cette dose moyenne est suggérée pour obtenir un rendement moyen à la hauteur des efforts mis lors des préparations du site; il ne permet pas d’obtenir une croissance optimale tel que recherchée en agriculture.
Pour les plantes comme le Brassica ou les mélanges contenant celui-ci, les besoins en azote pour ces plantes sont d’environ 60-100 livres de N/acre
La quantité de fertilisant pour les mélanges de Brassica pourrait ressembler à la recette suivante selon le tableau de l’annexe 1 pour le Brassica napus:
300 livres/acre 19-19-19 + 100 livres /acre de 27-0-0 en post levé. N’ayez crainte de circuler en VTT au travers les plants de 5-6 pouces pour ré-appliquer l’engrais en post-levé, les dommages ne seront plus visibles après quelques semaines.
Comme mentionné, précédemment ces doses sont adaptées pour de petites superficie de terrain. Pour des surfaces plus importantes, une analyse spécifique donnera plus de précision sur les doses réelles de fertilisant à apporter.
Photo d’un distributeur d’engrais ou à semence pour VTT (Photos de M. Couture)
Utiliser un épandeur à engrais ou autres outils adaptés (VTT, tracteur). Faire une incorporation légère de l’engrais dans le sol (hersage rapide) suite à l’épandage.
Des observations de croissance tels q’un feuillage jauni indique un manque d’azote il est possible d’en ajouter au besoin pendant la croissance. Évitez toutefois les périodes de sècheresses où les risques de brûlures des plantes sont élevés.
5-Semences
Le type de plantes à semer dépend des besoins et des périodes de chasse. Certaines plantes ont un attrait pour le cerf, en période estivale jusqu’au début de l’automne (Lablab, Soya, Sarrazin), d’autres ont un pouvoir attractif tôt au printemps jusqu’à l’automne (trèfle, chicoré, luzerne), certaines ont un pouvoir attractif en automne (céréale, maïs). Finalement quelques plantes sont attrayantes de l’automne jusqu’à l’hiver tant que le couvert neigeux permet l’accès au site (Brassica et maïs).
Selon les régions au Québec, les semis peuvent être réalisés au mois de mai et juin lorsque l’accès au champ est possible ou au mois d’août pour le Brassica. Éviter les périodes de sécheresse et chaude de juillet; il est préférable de semer les jours précédant une pluie. Semer les graines au taux suggéré adapté pour votre surface. Pour les petites semences tel que le trèfle et les mélanges de Brassica compter environ 9 livres de semences par acre de champs. Pour la chicoré pure, 6-8 livres à l’acre sont suffisants. Pour le Brassica, ne pas tenter de semer à des concentrations plus élevées, une compétition pour l’espace serait alors observée générant ainsi des plantes chétives et peu garnies.
L’annexe 1 de ce document présente des informations pertinentes sur les taux de semis et la façon de faire pour les principales plantes appréciées du cerf.
Pour les mélanges de trèfle ou les mélanges de Brassica, le poids de semences pour votre surface s’estime selon l’équation 4 suivante:
ÉQUATION NO.4:
Poids de graines pour votre surface (livres)= poids suggéré à l’acre x votre surface /43560
Ex. : Pour du Brassica sur une surface de 5000 pieds carrés, la dose de semence est de:
9 x 5000 / 43560= environ 1 livre de graines seront nécessaires.
Les semences de trèfles-chicoré et de Brassica sont appliquées sur le sol et doivent être recouvertes très légèrement (1/4 pouce). Un simple passage de rouleau ou un VTT est amplement suffisant pour établir un bon contact entre la graine et le sol.
Si vous avez peu de semences à épandre, un épandeur manuel disponible dans les quincailleries fera amplement l’affaire. L’ouverture du distributeur doit être maintenue au minimum pour permettre un écoulement lent des graines lors de l’épandage; maintenez une démarche constante lors de vos semis et n’hésitez pas à repasser une seconde fois en perpendiculaire sur votre tracé déjà effectué. Pour des quantités élevées de semences à épandre (15-25 livres), un épandeur adapté pour VTT ou pour tracteur serait plus adéquat. Pour les mélanges de semences contenant différentes grosseur de graines, un brassage préalable est fortement suggéré afin de rendre le mélange homogène pour éviter ainsi de créer des irrégularités de distribution lors des semis.
Pour les semences de types soya et Lablab il faut compter respectivement sur des quantités de semence de 75 et 20 livres/acre. La quantité de semence à épandre selon la surface s’estime également selon l’équation 4. Une fois distribuée au sol, ces graines doivent être recouvertes d’environ ½ à 1½ pouces de sol. Pour ce faire, un hersage léger est suffisant pour cette incorporation. Une fois l’incorporation des graines terminée, passer un rouleau ou rouler avec un VTT à 1 ou 2 reprises sur le lit de semence pour bien mettre en contact les graines avec le sol ce qui facilitera leur germination.
Au niveau de la persistance des plantes les mélanges de trèfles et de chicoré peut durer de 3 à 5 ans. Le Brassica, le Lablab et le soya sont des plantes annuelles donc qui nécessitent d’être semées à tous les ans.
Pour éviter la propagation des maladies racinaires dans le Brassica, il est préférable d’éviter de semer plus de 2 années consécutives aux mêmes endroits. Le Lablab est une excellente plante pour faire cette rotation avec le Brassica.
Maintenant, que tout est terminé, priez pour la pluie et regardez pousser votre bar à salade. Notez également que la présence d’une accumulation d’eau à la surface de votre champs lors des semis va générer, dans la majorité des cas, une zone dénudée sans croissance. Dans ce cas, n’hésitez pas à ressemer de façon légère ces zones une fois asséchée.
Trèfle typique des mélanges spécialisés
Germination du Brassica
Aspect de la chicoré
Plants typiques de Brassica
Références bibliographiques.
CRAAQ, 2003, Guide de référence en fertilisation (1 er édition), Centre de Recherche en Agriculture et Agroalimentaire du Québec. 294pp.
Cook C., Gray B. 2005, Effective Food Plots for Whitetail Deer in Alabama,
Alabama Department of Conservation and Natural Resources Division of Wildlife and Freshwater Fisheries. 48pp.
Gill R.M.A.,1992, A Review of Damage by Mammals in North Temperate Forests: 1. Deer, Forestry, Vol. 65, No. 2,1992, p145-169
Annexe 1 : Tableau résumé des principales caractéristiques de plantes à semer pour les champs nourriciers
19 février 2008
Pour chevreuil.net
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